Bretagne : Des lycéens retracent l’histoire des déportés juifs de Saint-Malo
Les élèves mènent un travail d’enquête sur des archives, rencontreront des historiens et partiront en voyage scolaire au ghetto de Varsovie et à Auschwitz
Des élèves de deux classes de Terminale générale (68 élèves) du lycée public Jacques-Cartier à Saint-Malo (Bretagne) se sont lancés dans un grand travail de mémoire, visant à retracer l’histoire et le parcours des 63 hommes, femmes et enfants déportés de la ville, a rapporté le journal local Le Pays Malouin. Le projet, intitulé « Parcours de déportés de Saint-Malo », va durer toute l’année scolaire.
Parmi ces déportés juifs : Daniel Albohair, 3 ans, né à Saint-Malo, et sa mère Rajla, tous deux gazés à leur arrivée à Auschwitz à l’été 1944 – le mémorial de la Shoah de Paris possèdent les deux seules photos connues de la mère et son fils.
« On part de la micro-histoire pour comprendre l’Histoire », ont expliqué les deux professeurs, Stéphane Autret et Fabienne Massard-Wimez, à l’origine du projet, interrogés par Le Pays Malouin. « On part de ce petit bonhomme [Daniel Albohair] qui n’a pas d’histoire pour faire revivre son histoire et celles d’autres déportés malouins. »
Ils expliquent que le fait que ces déportés soient liés ou même nés à Saint-Malo, comme les élèves, « les touche, les concerne » particulièrement. « Cela renforce leur engagement, car cela leur montre et leur font ressentir que l’antisémitisme a été et peut encore être proche de nous. »
Ainsi, un travail d’enquête, sur des archives, est mené. Certaines familles de survivants sont contactées et des conférences avec des historiens sont organisées (notamment Claire Zalc, directrice de recherches au CNRS ; Tal Bruttmann, spécialiste de la Shoah et de l’antisémitisme en France au XXe siècle et pendant Vichy ; et Marc Jean, directeur des archives municipales de Saint-Malo). En avril, un voyage scolaire sera aussi organisé en Pologne, au ghetto de Varsovie, au musée Schindler à Cracovie et au camp d’Auschwitz-Birkenau.
S’ils ont déjà réussi à bénéficier de financements pour ce voyage (de la part du ministère des Armées, de la Région Bretagne, de la Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public, de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et d’entreprises publiques telles la Menuiserie du pays de Saint-Malo et Thermi Froid), les élèves et leurs professeurs ont aussi lancé une cagnotte en ligne afin de mener à bien leur projet.
« Nous avons besoin de vous pour nous aider à boucler ce budget le plus rapidement possible et pour faire en sorte que les familles de nos élèves aient un reste à charge acceptable (autour de 200 €) et que surtout tous nos élèves puissent avoir la chance de pouvoir participer à ce voyage pédagogique riche en émotions », expliquent les professeurs.
La cagnotte est disponible pendant encore 11 jours sur le site « La trousse aux projets ».
À l’issue de leur voyage et pendant les derniers mois du projet, les élèves monteront un site Internet dédié aux déportés de la ville. Aussi, ils espèrent faire poser par la mairie de Saint-Malo une Stolpersteine devant l’endroit où est né Daniel Albohair. Il s’agit d’un bloc de béton de dix centimètres portant une plaque de laiton sur laquelle sont inscrits le nom et les dates de vie des victimes de l’extermination ou de la persécution nazie.