Israël en guerre - Jour 341

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Budget 2025 : vers des coupes de l’ordre de 25 milliards de NIS ?

Le gouvernement pourrait tarder à s'accorder sur le prochain budget, mais le ministère des Finances anticipe hausses d'impôts et baisse des dépenses pour éviter une nouvelle dégradation de la note d'Israël

Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

Les membres du cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d'une réunion pour approuver le budget 2024 amendé, le 15 janvier 2024. (Crédit : Haim Zach, GPO)
Les membres du cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d'une réunion pour approuver le budget 2024 amendé, le 15 janvier 2024. (Crédit : Haim Zach, GPO)

A un moment où le dialogue avec le gouvernement sur le projet de loi de finances 2025 est au point mort, le ministère des Finances se prépare à des baisses de dépenses et des hausses d’impôts de façon à financer les 25 milliards de shekels d’ajustements budgétaires requis au titre du budget de l’an prochain du fait de la guerre.

Confronté à l’abaissement de la note de crédit de Fitch et à un déficit qui n’a cessé de se creuser, cette année, en raison de l’augmentation des dépenses civiles et militaires liées à la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza, qui en est à son 11e mois, le gouvernement doit impérativement préserver responsabilité budgétaire et crédibilité.

Tard dans la journée de lundi, Fitch a abaissé d’un cran la note de crédit israélienne, passée de A+ à A, signe de sa crainte que « le conflit à Gaza dure jusqu’en 2025 » et d’une perspective négative pour l’économie israélienne, en raison de risques géopolitiques accrus et de l’impact sur les finances publiques de combats sur plusieurs fronts.

Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a entamé en juin un « marathon de réunions », deux jours durant, pour esquisser les grandes lignes du budget 2025, et en juillet, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, aidé de hauts responsables de la vie économique, comme le gouverneur de la Banque d’Israël, Amir Yaron, ou Smotrich, ont tenu leur première réunion de haut niveau sur les finances israéliennes pour 2025.

Pour l’heure, le gouvernement ne s’est pas réuni pour annoncer le plafond de déficit pour 2025, pas plus qu’il n’a avancé dans l’adoption d’un projet de loi de finances, comme il le devrait.

Il est possible que le gouvernement actuel – coalition de partis de la droite israélienne – s’enfonce dans des désaccords liés à l’approbation de coupes budgétaires et de hausses d’impôts politiquement sensibles, mais rendus nécessaires pour faire face à un trou budgétaire en 2025 de quelque 30 milliards de shekels.

En réaction à l’abaissement de la note d’Israël, la comptable générale du ministère des Finances, Yali Rothenberg, a demandé au gouvernement de rétablir la confiance et la prévisibilité de l’économie israélienne auprès des investisseurs et agences de notation en agissant rapidement pour proposer un projet de budget à l’équilibre pour 2025.

Des voisins accourant pour porter secours aux enfants blessés par une roquette tirée sur un terrain de football de Majdal Shams, ville druze du nord du pays située sur le plateau du Golan, le 27 juillet 2024. (Crédit : Hassan Shams/AP)

« Nous adopterons un budget [2025] responsable, à même de soutenir les besoins militaires, dans le respect des cadres budgétaires et en appui aux moteurs de la croissance », a déclaré le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, en réaction à la décision de Fitch.

Le ministère des Finances travaille de son côté, indépendamment des cercles politiques, à un programme de baisses des dépenses et de mesures fiscales pour remédier au déficit budgétaire.

Selon un premier projet interne consulté par le Times of Israel, ce plan d’urgence prévoit la fusion des deux tranches d’imposition sur le revenu les plus basses – celles de 10 % et 14 %. Cette mesure concernerait la population active à faible revenu, à laquelle s’applique actuellement le taux minimum de 10 %, et qui serait imposée à hauteur de 14 %.

Le Trésor propose par ailleurs d’aligner les allocations familiales majorées, versées pour un sixième et un septième enfant, sur le montant de celles versées pour les cinq premiers enfants.

En outre, le ministère des Finances voudrait surseoir à l’entrée en vigueur de mesures et prestations fiscales prévues pour 2025 dans le but d’éviter une augmentation automatique des dépenses publiques dès le 1er janvier prochain. Il s’agit notamment des taux d’imposition foncière, des prestations d’assurance nationale et de l’ajustement du salaire minimum au salaire moyen.

Il existe d’autres mesures, déjà proposées sans pour l’heure avoir été adoptées, comme l’annulation d’une exonération fiscale sur les importations correspondant à des achats en ligne depuis l’étranger d’une valeur maximale de 75 dollars, la suppression de l’exonération de TVA sur les activités touristiques locales et le prélèvement de la TVA sur les services numériques étrangers, plus connu sous le nom de « taxe Netflix ».

Idéalement, le budget israélien 2025 doit être voté par la Knesset avant la fin de l’année afin que les mesures d’austérité destinées à réduire le déficit et financer les dépenses de guerre puissent entrer en vigueur dès le mois de janvier. Faute de voter le budget avant le 31 mars prochain, le gouvernement sera dissous et des élections anticipées seront organisées.

Depuis quelques semaines, les économistes mettent en gardent contre les risques que le report ou les retards répétés dans la préparation et l’adoption du budget 2025 feraient peser sur la crédibilité budgétaire d’Israël et qui pourraient de nouveau entraîner un abaissement de sa note et alimenter les doutes des investisseurs, le tout sur fond de craintes d’une escalade sur le front nord susceptible de déboucher sur une guerre totale contre le Hezbollah et l’Iran.

Une corvette de la marine israélienne patrouille le long de la côte dans la ville portuaire de Haïfa, le 3 août 2024. (Crédit : Oren ZIV / AFP)

En avril dernier, S&P s’est joint à Moody’s Investors Service pour abaisser d’un cran la note de crédit d’Israël, en raison des tensions régionales avec l’Iran et des prévisions d’un enlisement de la guerre contre le Hamas, déclarée le 7 octobre, jour du pogrom perpétré par l’organisation terroriste contre les communautés du sud d’Israël.

S&P a confirmé ses perspectives négatives en ce qui concerne l’économie israélienne, ce qui pourrait donner lieu à d’autres baisses de la note souveraine israélienne en raison de la hausse des dépenses civiles et militaires et d’un retournement du marché mondial.

En juillet dernier, le déficit budgétaire a augmenté pour se fixer à 8,1 %, soit pour le quatrième mois d’affilée supérieur au plafond budgétaire annuel de 6,6 %, avec des dépenses militaires induites par la guerre déclarée par le Hamas, le 7 octobre dernier, qui ont culminé à 88,4 milliards de shekels. Pour mémoire, le déficit budgétaire israélien se montait en 2023 à 4,2 %.

Les économistes tablent sur un déficit de fin d’année de l’ordre de 7% à 7,5% du PIB, sous réserve que la situation sécuritaire ne se dégrade pas. Fitch table sur un déficit autour des 7,8 % du PIB en 2024.

« Pour le marché, le plus important n’est pas que le déficit atteigne 6,6% cette année, voire un peu plus (7%-7,2%) », explique Jonathan Katz, économiste en chef de Leader Capital Markets.

« La grande inconnue demeure le budget 2025, qui suppose d’importants ajustements budgétaires pour ramener le déficit à un niveau « raisonnable » (la Banque d’Israël recommande un taux de 4 %), ce qui s’annonce d’ores et déjà difficile pour des raisons politiques.

« Et pour l’heure, le gouvernement ne s’est toujours pas réuni pour discuter du cadre budgétaire », conclut M. Katz.

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