Cannes : « Occupied City », documentaire fleuve sur les fantômes juifs d’Amsterdam
Dans "Occupied City", le réalisateur britannique évoque, cas par cas, l'histoire funeste d'une partie des membres de la communauté juive d'Amsterdam
« Démolis » : comme la communauté juive d’Amsterdam et comme les lieux et les quartiers où elle a vécu avant d’être exterminée par l’occupant nazi et que le réalisateur Steve McQueen fait revivre dans « Occupied City », documentaire de quatre heures présenté à Cannes.
« Je vis à Amsterdam depuis 27 ans. En tant que réalisateur et artiste, les choses sont souvent à portée de main sans avoir besoin de voyager très loin », dit l’auteur, Caméra d’or en 2008 avec « Hunger », sur une grève de la faim d’un célèbre prisonnier en Irlande du Nord.
Dans « Occupied City », le Britannique évoque, cas par cas, l’histoire funeste d’une partie des membres de la communauté juive d’Amsterdam.
L’auteur oscarisé de « Twelve years a slave » retourne avec sa caméra dans des maisons ou à des immeubles aujourd’hui détruits (« Demolished », prononcé comme un leimotiv) où ces femmes, hommes et enfants, ont vécu avant d’être arrêtés puis internés dans les camps néerlandais, avant d’être déportés puis tués à Auschwitz ou Theresienstadt.
Ayant tourné pendant l’épidémie de COVID, l’artiste britannique, grâce notamment à de prodigieuses images tournées de nuit avec un drone, montre des rues vides en raison du confinement et établit un étrange parallèle avec le couvre-feu imposé durant la Seconde Guerre mondiale.
Accumulation de destins tragiques évoqués en quelques phrases, documentaire long et répétitif mais indispensable au regard de l’Histoire, « Occupied City » est inspiré de « Atlas of an occupied city (Amsterdam 1940-1945) », un ouvrage de la compagne de Steve McQueen, l’historienne néerlandaise Bianca Stigter.
« Ce film parle autant du présent que du passé », a expliqué McQueen au magazine Variety. « Malheureusement, on ne semble jamais apprendre du passé, comme si les choses nous dépassaient », a-t-il ajouté, en référence à la montée de l’extrême droite.
La communauté juive des Pays-Bas et plus particulièrement celle d’Amsterdam, qui comptait alors un peu plus de 100 000 membres, dont la jeune Anne Frank, a été, en proportion, l’une de celles qui a le plus souffert de la Shoah en Europe.