Cellebrite enquête sur le détournement de son logiciel par la Serbie
Le logiciel israélien aurait été utilisé pour pirater les téléphones de dizaines de journalistes et de militants afin d'installer des logiciels espions sur leurs appareils
La société de surveillance israélienne Cellebrite DI Ltd a déclaré enquêter sur les allégations selon lesquelles son logiciel a été utilisé par des fonctionnaires serbes pour pirater les téléphones de dizaines de journalistes et de militants afin d’installer des logiciels espions sur leurs appareils.
Un rapport d’Amnesty International publié lundi accuse les autorités serbes d’avoir recours à des logiciels espions pour infiltrer les téléphones et « cibler illégalement des journalistes, des militant.e.s écologistes et d’autres individus dans le cadre d’une campagne de surveillance secrète ».
Les produits Cellebrite sont fréquemment utilisés par les forces de l’ordre, notamment le FBI, pour déverrouiller les smartphones et y rechercher des preuves. David Gee, directeur marketing de Cellebrite, a confirmé que l’entreprise enquêtait sur les allégations d’Amnesty.
« Si ces accusations s’avèrent exactes, il pourrait s’agir d’une violation de notre contrat de licence d’utilisateur final », a déclaré Gee à Reuters. Si c’est le cas, Cellebrite pourrait suspendre l’utilisation de sa technologie par les autorités serbes, a précisé Gee.
La mise en place de logiciels de surveillance sur des appareils « n’est absolument pas ce que nous faisons », a souligné Gee.
Il a ajouté que Cellebrite avait commencé à contacter les autorités serbes, mais n’a pas voulu donner plus de détails.
Selon le rapport intitulé « ‘Une prison numérique’, Surveillance et répression de la société civile en Serbie« , des outils de l’entreprise israélienne Cellebrite sont utilisés pour extraire des données privées de téléphones appartenant à des militants.
Avec les outils développés par Cellebrite, il est possible de « déverrouiller un téléphone », de « l’infecter avec un logiciel espion » et d’extraire « des données disponibles sur un appareil ».
Les services de renseignement serbes utiliseraient aussi un logiciel espion Android, NoviSpy, « pour infecter secrètement des appareils appartenant à des personnes pendant qu’elles sont détenues ou interrogées par la police ».
Ce logiciel « peut récupérer des données personnelles sensibles à partir d’un téléphone ciblé et permet d’allumer à distance le microphone ou la caméra du téléphone », selon Amnesty.
Pour la directrice générale adjointe pour l’Europe d’Amnesty International, Dinushika Dissanayake, cette enquête « met en évidence le fait que les outils de criminalistique mobile de Cellebrite […] représente un risque énorme pour celles et ceux qui défendent les droits humains, l’environnement et la liberté d’expression, lorsqu’ils sont utilisés en dehors d’un contrôle et d’une surveillance juridiques stricts ».