Ces Russes héroïques de la Seconde Guerre mondiale en avant sur Instagram
Les créateurs du mini-film "Histoires en voie de disparition", pour aider les personnes âgées, ont été partiellement inspirés par la série israélienne "Eva.Stories" sur Instagram
Au cours des attaques aériennes de l’Allemagne nazie sur la Russie, Galina Makeeva devait survivre à plus de 100 000 bombes larguées sur Moscou par la Luftwaffe.
Dans une Story sur Instagram qui est consacrée à la vie de Makeeva pendant la guerre, l’actrice qui interprète la jeune femme éteint désespérément un incendie qui a été déclenché par un raid aérien allemand. Et à la fin du mini-film, intitulé « Bombe incendiaire », Makeeva, la vraie, apparaît à l’écran et elle chante une comptine en russe.
« C’est l’histoire réelle de Galina Makeeva », est-il écrit sur l’écran, au début du générique de fin. « Si on ne leur prête pas attention, ces gens disparaîtront – comme leurs histoires sur Instagram ».
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Cette série intitulée « Histoires en voie de disparition » a été produite par Enjoyable Aging, une ONG russe qui cherche à améliorer la vie des personnes âgées dans le pays. Selon les créateurs, c’est « Eva.Stories », une série israélienne sur Instagram dont l’histoire se déroule pendant la Shoah, qui les a inspirés, leur donnant l’envie de dépeindre les moments les plus essentiels et les plus forts vécus par les Seniors russes sur ce réseau social très prisé par les jeunes.
Depuis son lancement, le 22 juin – la date-anniversaire de l’invasion de la Russie par l’Allemagne en 1941 – plus de 12,5 millions de personnes ont regardé au moins une histoire, disent ses créateurs. Chacun de ces récits évoque une personne âgée russe qui aura réussi à sauver sa propre vie ou celle de membres de sa famille pendant l’occupation nazie.
« C’est une idée de concept forte, elle attire l’attention des plus jeunes vers les Seniors qui se trouvent aujourd’hui en maison de retraite elle a un sens au niveau social », explique Oleg Ageichev, réalisateur de la série et chef de la création au sein du Studio de création Mozga.
Seulement trois mois après sa sortie, la série internet a d’ores et déjà remporté des prix à Berlin et en Sicile. La correction des couleurs et l’art cinématographique transparaissant dans les images ont été particulièrement salués.
« Initialement, on s’était donné pour objectif de créer une image aussi proche que possible de l’art du cinéma mais en format vertical », continue Ageichev, réalisateur du film fantastique « Dominika », réalisé en 2018, consacré à une jeune fille qui grandit à chaque fois que l’homme qui s’en occupe se met en colère.
Selon Ageichev, le nombre de bénévoles, à « Enjoyable Aging », a été multiplié par sept depuis le lancement de la série. Ce qui est conforme à l’objectif poursuivi par l’ONG, qui veut pouvoir enrichir l’existence des personnes âgées par le biais des interactions sociales.
« Dans les maisons de retraite, les gens partent aussi rapidement que leurs Stories sur Instagram disparaissent », explique Ageichev.
« Nous l’avons présenté avec émotion »
Le système de soins, en Russie, est gratuit pour tous mais il se distinguerait par des équipements archaïques, un sous-financement et un personnel médiocrement rémunéré. Les dépenses par tête, dans le pays, sont significativement plus basses que celle de la majorité des pays développés en ce qui concerne la santé.
« Des recherches montrent que les interactions humaines, dans la vie réelle, améliorent grandement la qualité de vie des personnes âgées qui se retrouvent toutes seules », dit Ageichev. « Bien sûr, nous voulons vraiment que les jeunes s’intéressent à tous ces gens », insiste ce réalisateur de 36 ans.
Selon Ageichev, la série a été en partie inspirée par « Eva.Stories », un compte populaire sur Instagram qui était consacré à une victime de la Shoah âgée de 13 ans.
Il y a néanmoins des différences essentielles entre les deux projets, continue-t-il.
« Eva existe dans un environnement où les téléphones mobiles et Instagram sont déjà présents, à l’époque de la Shoah », dit Ageichev, qui vit à Moscou.
« Notre histoire, quant à elle, se déroule dans ce qui est la vraie réalité des années 1940. De plus, nous utilisons plus que l’interface des Stories pour la création : Nous utilisons ainsi le facteur d’évanouissement des Stories comme un élément important de communication », note Ageichev.
Dans une vidéo à l’humour très noir, qui est consacrée à la vie, pendant la guerre, de Maria Matveeva, une unité de l’armée allemande entre dans le village de la jeune femme. Au même moment, cette dernière se précipite dans la forêt, une hache à la main, et commence à découper un arbre.
Soudainement, les images se déplacent dans la maison de Matveena, où le plafond et les murs sont bizarrement entrelacés de troncs d’arbres. Les officiers allemands arrivent et jugent que l’habitation est en trop mauvais état pour être confisquée.
Même si la grande majorité de ces « Histoires en voie de disparition » évoquent les soldats nazis, difficile de trouver une croix gammée sur les images. Ce qui contraste fortement avec les portraits habituels de la guerre au cinéma, où les croix gammées sont omniprésentes.
Le choix de se consacrer à des survivants de la Seconde Guerre mondiale vise à instiller un sentiment de patriotisme chez les jeunes adultes, explique Ageichev. La série présente ainsi son lot de batailles rangées et de soldats mortellement blessés.
« Nous ne voulions pas que notre contenu, très anti-militariste, ressemble à ce que les gens sont habitués à voir sur Instagram : Photos glamour et autres du même acabit », précise Ageicher.
« On voulait obtenir une qualité cinématographique de haut-niveau qui nous distinguerait même en ce qui concerne l’image, qui nous renverrait à l’histoire, à son côté à la fois sensoriel et sensuel », ajoute Ageichev.
Avec « Histoires en voie de disparition », l’équipe du mini-film s’est fixée comme objectif d’immerger les utilisateurs d’Instagram dans des moments de vie déterminants. Ces histoires sont livrées sous la forme de brefs instantanés personnels, sans se focaliser sur de grandes batailles ou sur des hommes réunis dans des salles de conférence, explique le réalisateur.
« Les histoires sont tellement spécifiques et factuelles que, d’un côté, elles n’ont aucune valeur historique », dit Ageichev. « Mais, de l’autre, ce sont ces micro-fragments qui expriment le mieux l’horreur entière de ces événements. Nous ne nous contentons pas de faire un récit factuel – nous le présentons avec émotion ».
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