Ces soldats d’élite dont les parents sont refusés en Israël
Le service des anciens combattants Falash Mura ne suffisent pas pour convaincre l'Etat de laisser émigrer leurs proches
Chalachew Mekonen est membre des Falash Mura, descendants des tribus juives éthiopiennes, dont beaucoup ont rejoint la vague d’immigration juive éthiopienne au cours des dernières années et sont devenus des citoyens israéliens.
Mekonen est également un vétéran décoré de Tsahal ayant reçu l’un des grades de bravoure les plus élevés pour son service dans la guerre de l’été dernier à Gaza.
Mekonen a été chargé de chasser les commandos du Hamas dans l’un de leurs tunnels pour récupérer le corps du lieutenant Hadar Goldin, 23 ans, tué dans un raid qui a donné lieu à un cessez-le-feu temporaire entre les parties.
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Mais le service de Mekonnen dans l’unité de reconnaissance d’élite de la brigade Givati, et ses décorations, n’ont pas suffi pour faire venir son propre frère à la cérémonie de décoration il y a quelques semaines. Dans une interview avec la Dixième chaîne samedi, Mekonen raconte une histoire parmi tant d’autres dans la saga des efforts des Falash Mura d’immigrer en Israël.
Son frère, dont le nom n’est pas révélé dans l’article, n’a pas été approuvé pour immigration lorsque les autorités israéliennes ont scellé le programme d’immigration spécial des Falash Mura il y a deux ans.
Mekonen n’avait pas vu son frère depuis 10 ans, jusqu’à ce que ses camarades de peloton récoltent des fonds pour son billet en direction de l’Ethiopie plus tôt cette année.
«Je ne le connaissais qu’à travers des photos et des conversations téléphoniques, » confie Mekonen. « Nous lui répétons de ne pas s’inquiéter et que tout va bien, mais l’Etat nous empêche de le faire venir [en Israël]. »
Mekonen n’est pas le seul ancien combattant de la communauté Falash Mura dont la famille attend en Ethiopie d’avoir la chance d’émigrer en Israël.
Argaw Tesfaye, un ancien des forces spéciales parachutistes qui ont participé aux deux dernières guerres entre Israël et le Hamas à Gaza, affirme que l’Etat promet à sa famille de laisser sa sœur immigrer d’Ethiopie depuis plus d’une décennie.
« Le ministère de l’Intérieur a déclaré que [ma sœur] arriverait après nous. Une semaine s’est transformée en deux semaines, qui se sont transformées en un mois, qui s’est transformé en 11 années », raconte Tesfaye.
L’ancien parachutiste devait s’adresser aux médias sur la question il y a quelques mois, quand il était encore un soldat en service, mais, dit-il, l’armée israélienne lui a ordonné de s’abstenir.
« Une porte-parole de l’armée m’a appelé et m’a dit qu’ils ne veulent pas que mon histoire soit divulguée et qu’ils allaient aider ma famille à faire venir ma sœur en Israël [par des canaux clandestins] », déclare Tesfaye.
« Je n’ai pas entendu parler d’eux depuis. »
Le ministère de l’Intérieur a reçu quelque 4 000 demandes de la communauté Falash Mura pour autoriser 20 000 à 40 000 membres restés en Ethiopie à immigrer en Israël.
En réaction au reportage de la Dixième chaîne, le ministère a publié une déclaration samedi soir, disant que les cas des proches de Mekonen et de Tesfaye seraient examinés dans l’heure. « Nous valorisons le service et la contribution des deux soldats à la défense de la nation, qui ne peuvent être ignorés, et nous ferons tout notre possible pour les aider », disait la déclaration.
« À cette fin, le ministre de l’Intérieur Gilad Erdan a ordonné que leurs demandes soient traitées de toute urgence, et soumises lundi devant le Comité des Exceptions [du ministère]. Les membres du comité prendront en compte les contributions des soldats et jugeront les demandes favorablement. Le ministre Erdan a précisé que ceux qui servent dans l’armée israélienne et risquent leur vie pour le pays et ses habitants sont en droit, selon lui, d’être réunis avec leurs familles. »
Dans le reportage télévisé, Mekonen rappelle qu’il avait trois buts avant d’être enrôlé dans l’armée : « Obtenir le permis de conduire, être admis dans une unité d’élite et trouver une petite amie. » Il a réalisé les trois, fait-il remarquer.
« Maintenant, je dois seulement faire venir mon frère en Israël. Ce n’est toujours pas gagné. »
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