Israël en guerre - Jour 537

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Interview

Cette Juive téméraire qui avait survécu aux nazis et épousé un soldat allemand

Dans son livre "Hedy's War", Jenny Lecoat raconte l'histoire, pendant la Seconde Guerre mondiale, de Hedwig Bercu, qui avait simulé sa mort et s'était cachée 18 mois à Jersey

De gauche à droite : La couverture de "Hedy's War" de Jenny Lecoat (Autorisation), Dorothea Weber et la Juive qu'elle avait sauvée, Hedwig Bercu (Crédit : Collection des Justes parmi les nations de Yad Vashem)
De gauche à droite : La couverture de "Hedy's War" de Jenny Lecoat (Autorisation), Dorothea Weber et la Juive qu'elle avait sauvée, Hedwig Bercu (Crédit : Collection des Justes parmi les nations de Yad Vashem)

LONDRES — Au mois de novembre 1943, Hedwig Bercu, une Juive qui vivait dans l’île de Jersey, alors occupée par les nazis, avait simulé sa mort et était partie vivre dans la clandestinité.

Cette fuite presque miraculeuse de la jeune femme de 24 ans avait été rendue possible par une habitante de l’île, Dorothea Weber, qui avait ensuite accueilli Bercu chez elle, dans le plus grand secret, pendant dix-huit mois. Elle avait aussi été aidée par l’homme qu’elle aimait, le lieutenant Kurt Rümmele, un officier allemand qui avait fourni, sous le manteau, des produits alimentaires aux deux femmes pendant toute la période que Bercu avait passée dans la clandestinité.

Autre rebondissement de l’intrigue : Weber entretenait une relation amoureuse avec un homme qui combattait aux côtés des nazis – son mari autrichien, Anton, avait été recruté par l’armée allemande l’année précédente.

C’est l’histoire vraie de Bercu – quelque peu romancée toutefois – qui est racontée par Jenny Lecoat dans son nouveau roman historique « Hedy’s War ». C’est le deuxième opus de cette autrice, née à Jersey, consacré au traumatisme et à la controverse nés de l’occupation nazie de cette île de la Manche, après son film « Another Mother’s Son » sorti au Royaume-Uni en 2017.

Jersey est la plus grande des îles anglo-normandes – un archipel qui comprend Alderney, Guernesey et Sark – au large de la côte de Normandie. Semi-indépendante, elle a néanmoins été la seule partie de la Grande-Bretagne à être occupée par l’Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale.

Des soldats allemands à un carrefour de Jersey durant l’occupation des îles anglo-normandes pendant la seconde guerre mondiale (Crédit : Domaine public)

Le roman de Lecoat s’appuie en grande partie sur des recherches réalisées par la professeure Gilly Carr, de l’université de Cambridge. Cette experte de l’occupation des îles de la Manche avait mené une étude réussie qui, en 2016, avait conduit le mémorial de la Shoah israélien et le musée de Yad Vashem à accorder à Weber l’honorable statut de Juste parmi les nations.

L’histoire de Bercu et de Weber (née Le Brocq) pendant la guerre avait été d’abord révélée par Frederick Cohen, ancien président de la congrégation juive de Jersey, dans un ouvrage paru en l’an 2000 et intitulé The Jews in the Channel Islands During the German Occupation. Cohen était parvenu à entrer en contact avec Bercu, qui est décédée en 2009.

Tandis que « Hedy’s War », qui sera publié l’année prochaine en Amérique du Nord, se base sur une histoire vraie, Lecoat reconnaît avoir romancé le récit.

« Même s’il y avait beaucoup d’éléments qu’on ignorait encore – parce qu’il n’y a personne d’encore vivant qui sache de manière exacte comment tous ces gens se sont rencontrés, comment leurs relations se sont formées et comment elles se sont développées – j’ai pensé que je disposais de suffisamment d’éléments pour pouvoir raconter une histoire qui soit largement fidèle aux événements tout en conservant la place nécessaire à la fiction qui donne un côté dramatique efficace à l’histoire », explique Lecoat au Times of Israel.

L’intérêt qu’elle porte à l’occupation émane de sa propre histoire familiale. La famille de sa mère avait aidé à cacher un Russe qui s’était échappé des travaux forcés – ce qu’on lui a fait tragiquement payer. Louisa Gould, la grand-tante de Lecoat et personnage principal de Another Mother’s Son, a péri à Ravensbruck après la découverte, chez elle, de Feodor Burriy, ce prisonnier russe en fuite qui était alors âgé d’une vingtaine d’années. Le grand-oncle de l’autrice, Harold, avait été le seul survivant britannique du camp de concentration de Bergen-Belsen lors de sa libération.

Jenny Lecoat, autrice de « Hedy’s War ». (Crédit : Mark Allsop)

« Une histoire vraiment tragique », commente Lecoat. « C’est l’histoire de personnes qui étaient incroyablement courageuses, mais aussi très naïves en ce qui concernait les conséquences ». Le couple, dit-elle, « doit avoir vécu dans une atmosphère de terreur et d’anxiété la plus grande partie du temps ».

Et ce sont en partie les réactions à Another Mother’s son qui ont encouragé Lecoat à écrire Hedy’s War.

« J’ai toujours voulu raconter l’histoire de ma famille, mais je n’ai jamais réalisé que cette période de l’histoire était si peu connue, même en Grande-Bretagne », indique-t-elle.

Au vu du manque énorme d’informations sur l’histoire vraie de Bercu, Lecoat compare l’écriture du livre à « l’assemblage d’un puzzle, en tentant ensuite d’en déduire d’autres fragments qui puissent sembler réalistes ».

Ce qu’on sait de Bercu

Née en 1919, Bercu et ses quatre frères et sœurs avaient réussi à fuir Vienne peu après l’Anschluss, laissant derrière elle ses parents qu’elle ne devait jamais revoir. Trois semaines après la Nuit de Cristal, au mois de novembre 1938, elle était arrivée à St. Helier, la capitale de Jersey, et avait trouvé un emploi de domestique pour une famille locale.

Mais à peine six mois plus tard, le cabinet de guerre de Winston Churchill avait décidé que les îles de la Manche étaient à la fois indéfendables et sans importance au niveau stratégique.

Elles avaient été démilitarisées et une évacuation volontaire avait eu lieu quinze jours avant que les premiers avions de la Luftwaffe n’atterrissent sur l’île, le 30 juin 1940. « Étrangère ennemie », sans permis de résidence britannique, Bercu avait toutefois été dans l’incapacité de quitter les lieux pour rejoindre la Grande-Bretagne.

Hedwig Bercu s’était cachée pendant 18 mois à Jersey avant d’épouser le soldat allemand qui l’avait aidée à vivre dans la clandestinité. (Crédit :Collection des Justes parmi les nations de Yad Vashem)

Peu après, les nazis avaient demandé aux autorités locales de mettre en œuvre une première série de mesures antisémites, avec notamment la nécessité, pour tous les Juifs, de se faire enregistrer.

Bercu avait fait partie, sur l’île, des quelques Juifs à s’exécuter. La plus grande partie de la modeste population juive avait été évacuée vers la Grande-Bretagne, mais au moins trente Juifs étaient encore présents à Jersey au début de l’invasion allemande. Bercu avait néanmoins tenté de mentir à l’officier principal en charge des étrangers, Clifford Orange, tentant de le persuader qu’elle ne savait pas qui était son père et que sa mère était une protestante qui s’était convertie au judaïsme après avoir épousé un Juif de Roumanie. Orange l’avait finalement répertoriée comme Juive tout en inscrivant méticuleusement son histoire, comme l’ont indiqué des documents révélés en 1995.

Malgré son statut officiel de Juive, elle avait trouvé du travail comme interprète au sein d’une unité de transport allemande en 1942 – l’année où devait commencer sa relation amoureuse avec Rümmele.

« Comment Hedwig est parvenue à se faire recruter par les Allemands alors qu’elle était enregistrée comme étant juive reste indéterminé, » écrit Carr dans un article publié récemment. « On peut présumer que personne n’a vérifié ses papiers. Comme elle était blonde et grande, son apparence ne correspondait pas aux stéréotypes des Juifs, selon les nazis, et elle n’a donc éveillé aucun soupçon ».

« Il y a une bonne part de mystère », confie Carr au Times of Israel. « Il y a beaucoup de choses que nous ne savons simplement pas ».

Ce que nous ignorons encore

L’enregistrement de Bercu aurait pu entraîner une condamnation à mort. Trois autres Juives nées à l’étranger, Marianne Grunfeld, Therese Steiner et Auguste Spitz avaient été déportées de Guernesey en 1942, puis assassinées à Auschwitz.

L’experte sur l’occupation des îles du Channel, la docteure Gillian Carr. (Autorisation)

Bercu, pour sa part, avait échappé aux déportations menées en 1942 et en 1943. Pourquoi ? C’est un autre mystère, pour Carr.

« En fin de compte, il paraît probable qu’elle ait été protégée par quelqu’un qui occupait un poste d’autorité ou d’influence », écrit l’experte dans son article. « Rümmele ayant apparemment amorcé sa relation avec Hedwig au milieu de l’année 1942, on ne peut pas nécessairement le considérer comme l’ange gardien qui lui aurait épargné la première déportation (à moins qu’il ne se soit déjà intéressé à elle avant le début de leur romance). Son influence est probablement ce qui explique qu’elle ait échappé à la deuxième série de déportations, même si les risques qu’il a courus étaient, eux aussi, énormes ».

Son travail pour les Allemands avait permis à Bercu de bénéficier de coupons de carburant, qui étaient très recherchés. Elle avait commencé à en dérober et à les offrir aux médecins qui avaient désespérément besoin de faire leur travail.

« C’est le rachat de ma faute, qui est d’obtenir un salaire des Allemands. C’est ma mitzvah personnelle », dit Bercu à un Rümmele sidéré dans « Hedy’s War. »

Il est difficile de dire si Bercu a dû partir vivre dans la clandestinité parce que les Allemands avaient découvert ses vols, ou parce qu’elle craignait une nouvelle déportation.

Une possibilité est qu’elle ait été menacée par un employé anglophone au sein de l’Organisation Todt dans laquelle elle travaillait également – et qui était peut-être, suggère Lecoat dans son ouvrage, un mercenaire irlandais – et qui avait connaissance du vol des coupons, dans lequel il avait lui-même été probablement impliqué.

« Il y a différents récits mais celui que j’ai adopté, c’est qu’il aurait menacé de tout révéler si elle ne lui venait pas en aide », raconte Lecoat. « Mais indépendamment de ce qui a pu être dit au cours de cette conversation, je pense que Hedy a réalisé que la partie était terminée et qu’elle se trouvait dans une situation dangereuse, et que c’est là qu’elle a décidé de vivre dans la clandestinité ».

Un décès médiocrement mis en scène

La maison où Dorothea Weber avait accueilli Hedwig Bercu. (Autorisation : Dr. Gillian Carr)

Après un bref séjour chez un ami tchécoslovaque, Bercu s’était installée au domicile de Weber à St. Helier, au 7 West Park Avenue.

Mais sa tentative de faire croire aux Allemands qu’elle était décédée en mettant en scène son propre suicide – elle avait laissé une lettre et une pile de vêtements sur la plage de Saint-Aubin – n’avait pas réussi.

À la fin du mois de novembre, une annonce avait été publiée dans un journal local, sous sa photographie, faisant savoir que les Allemands étaient à sa recherche. Toute information, disait l’annonce, serait traitée par la Feldkommandantur avec la « plus stricte confidentialité ». « Toute personne cachant Bercu ou l’aidant d’une manière ou d’une autre sera passible de sanction », concluait l’annonce de manière sinistre.

Au mois d’août 1944, les Allemands avaient transmis la liste de 18 personnes portées disparues, sur laquelle figurait le nom de Bercu, à la police locale, exigeant « des recherches plus énergiques » de la part des forces de l’ordre pour les retrouver.

Une recherche de Bercu à St-Helier est l’un des moments les plus forts en tension du livre de Lecoat. Rümmele l’habille alors d’un uniforme allemand et le couple erre dans les rues jusqu’à disparition du danger.

« Se cacher au vu et au su de tous, c’est quelque chose que les Allemands n’envisageront jamais », dit Rümmele dans l’ouvrage.

Ce récit est présent dans des mémoires écrites par le frère de Bercu, qui n’ont jamais été publiées et dont Carr a obtenu des extraits. « Il est difficile de savoir si cette anecdote remarquable est vraie », écrit l’enseignante, qui suggère que la seule certitude est que « cette escapade aurait été extraordinairement risquée pour eux deux ».

Ce qui est clair, estime Lecoat, c’est que « Bercu « n’aurait probablement pas survécu à la guerre sans l’aide de Kurt – et c’est aussi probablement vrai en ce qui concerne Dorothea. »

Dorothea Weber a caché Hedwig Bercu dans son domicile pendant 18 mois, partageant ses maigres rations pour la maintenir en vie (Crédit : Collection des Justes parmi les nations de Yad Vashem)

Il y a une atmosphère délibérée de claustrophobie qui imprègne les pages du roman de Lecoat.

« On est littéralement piégé dans ces espaces minuscules… Il était impossible d’aller sur l’île ou d’en sortir, il n’y avait nulle part où se cacher, il n’y a pas de forêts là-bas », explique-t-elle. « Les prisonniers livrés aux travaux forcés qui parvenaient à s’échapper étaient cachés dans les maisons individuelles, parce que c’était le seul endroit où ils pouvaient aller. La situation, là-bas, n’avait pas son pareil ; l’occupation y a eu un caractère unique ».

Lecoat indique que le personnage de Bercu dont elle fait le portrait dans le livre s’est construit à partir des éléments de son existence qui ont été reconnus comme vrais : une jeune femme ayant voyagé seule à travers l’Europe, qui s’était construit une vie à Jersey et qui avait travaillé pour les Allemands – et qui les avait volés.

« C’est une femme incroyablement forte sous de nombreux aspects », note Lecoat. « Je me suis entretenu avec quelqu’un qui la connaissait – qui était enfant à ce moment-là sur l’île de Jersey – et qui m’a dit qu’il avait eu le sentiment qu’elle avait un caractère très affirmé, qu’elle distinguait parfaitement le bien du mal. J’ai pensé que c’était crédible, et nous savons qu’elle a pu être dure à certains moments ».

Les romances

Les circonstances de la rencontre entre Rümmele et Bercu restent inconnues – même s’il est possible qu’elle ait eu lieu lorsqu’elle travaillait comme interprète. De la même façon, il est difficile de déterminer quand l’officier allemand a découvert qu’elle était juive. Dans son ouvrage, Lecoat décrit les débuts de cette relation amoureuse avec Rümmele comme « un balancier psychotique entre joie et haine de soi ».

« Je ne sais pas comment est née cette relation, mais il m’est impossible d’imaginer qu’elle ne l’a pas commencée sans ressentir beaucoup de culpabilité et sans vivre un fort conflit intérieur », dit l’autrice. « Elle était suffisamment inquiète face aux nazis, elle avait suffisamment peur d’eux pour avoir pris la fuite et avoir trouvé un refuge de l’autre côté du continent dans le seul but de leur échapper ».

Néanmoins, continue-t-elle, « il devait y avoir quelque chose en Kurt qui lui a fait réaliser qu’il était différent : elle a dû simplement le sentir ».

‘Hedy’s War,’ écrit par Jenny Lecoat. (Autorisation)

Mais c’est Weber – la femme qui accueille Bercu chez elle, partageant pendant 18 mois ses maigres rations avec elle – qui, selon Lecoat, détient « l’autorité morale du livre tout entier ».

« Elle agit de manière totalement altruiste, sans prendre en considération sa propre sécurité, en sachant très exactement les risques qu’elle prenait », explique Lecoat. Même si elle est indubitablement courageuse, le roman la dépeint initialement comme un personnage quelque peu détaché du monde – un reflet de la « vie insulaire très isolée » menée par les habitants de Jersey, même pendant les décennies qui ont immédiatement suivi la guerre.

Mais comme Bercu, Weber présente une force de caractère singulière dans le livre. Son mariage avec Anton Weber, un boulanger qui avait quitté l’Autriche trois semaines avant l’Anschluss, mais qui avait été recruté dans l’armée du Reich en 1942, avait entraîné sa mise à l’écart de sa famille. Les recherches effectuées par Carr dans les registres indiquent qu’aucun parent n’avait assisté à son mariage, en 1941 – une indication de ce qu’elle ait pu être considérée comme une « Jerrybag », le terme anglais utilisé pour désigner les femmes soupçonnées de vivre une relation amoureuse avec des Allemands.

Les motivations qui ont amené Weber à cacher Bercu sont impossibles à déterminer avec certitude, comme c’est le cas aussi des circonstances de leur première rencontre

Carr pense que les motivations qui ont amené Weber à cacher Bercu sont impossibles à déterminer avec certitude, comme c’est le cas aussi des circonstances de leur première rencontre. Ayant elle-même subi l’opprobre et la stigmatisation de ses pairs, il est possible qu’elle ait ressenti une affinité particulière pour une femme qui était selon elle « injustement persécutée », suppose Carr. Il est aussi possible, écrit-elle, que Rümmele ait approché Weber, qui était l’épouse d’un soldat allemand comme il l’était lui-même, voire que les origines autrichiennes communes d’Anton Weber et de Bercu aient joué un rôle.

Bien sûr, affirme Carr, « Dorothea peut avoir accueilli Hedwig simplement par sens d’obligation morale, par compassion » ou « par désir de défier les occupants ».

Anton Weber savait, lui aussi, que sa femme hébergeait Bercu, étant retourné sur l’île pendant une permission dans la période où la jeune Juive se trouvait au 7 West Park Avenue. L’experte est néanmoins convaincue que Weber n’a pas été motivée par l’argent, dans la mesure où Bercu en manquait même pour payer sa chambre ou les frais de son hébergement.

La foule accueille les soldats britanniques à Guernesey, au mois de mai 1945. (Crédit : Wikimedia Commons)

Au moment de la libération des îles de la Manche, au mois de mai 1945, Weber avait été informée par les autorités allemandes que son mari – dont elle n’avait plus eu de nouvelles depuis le printemps précédent – était présumé mort. Trois mois plus tard, elle avait épousé un soldat britannique, Francis Flanagan, et elle était partie vivre à Londres.

Toutefois, Anton Weber n’avait pas péri sur le front oriental, mais il avait été fait prisonnier. En 1949, apprenant que son épouse s’était remariée, il était revenu à Jersey, amenant Weber et son nouveau mari à être traduits en justice pour bigamie. Weber avait écopé d’une période de probation d’un an et peu de choses de sa vie d’après sont connues. Elle est morte en 1993.

Rümmele, lui aussi, était devenu un prisonnier de guerre et avait été interné en Angleterre. Après sa libération, lui et Bercu – qui s’était convertie au protestantisme – se sont mariés en 1949 et se sont installés dans son Allemagne natale. Une union qui, malheureusement, avait été de courte durée : Rümmele est mort à l’âge de 38 ans, en 1956, après une intervention chirurgicale. Sa fille, Marion Oberer-Rümmele, avait déclaré au micro de la BBC, en 2016, que Bercu n’avait jamais révélé à ses enfants ce qu’il s’était passé à Jersey.

Photo d’illustration : Un officier allemand de la Luftwaffe; à gauche, parle à un policier britannique à St. Helier, capitale de Jersey, pendant l’occupation allemande des îles du Channel. (Crédit : PA Images via Getty Images, JTA)

« C’est une histoire étonnante ; je ressens parfois de la colère en pensant qu’elle ne nous en a jamais parlé. Ce que mes parents ont traversé est absolument incroyable, ils ont montré tellement de courage », avait commenté Oberer-Rümmele.

En 1960, Bercu avait retrouvé son frère, Josef Goldenberg, qui s’était échappé depuis l’Autriche vers la Palestine. Toutefois, comme l’a découvert Carr, elle aura toujours tenté de se montrer secrète sur ses origines.

« Josef et sa famille venaient régulièrement la voir et elle et les enfants allaient parfois en Israël pour rencontrer les autres membres de la famille », écrit-elle. « Hedwig avait interdit à sa famille israélienne de parler aux enfants de leurs origines juives, mais, avec le temps, les enfants ont commencé à poser des questions. Josef leur avait finalement dit la vérité, mais il leur avait fait jurer de ne jamais dire à Hedwig qu’ils connaissaient son secret ».

Mais, aussi douloureux qu’ait été son passé, Bercu n’avait jamais oublié sa dette à l’égard de Weber.

« Nous ne l’oublierons jamais et nous n’oublierons jamais les risques qu’elle a pris pour nous », avait dit Bercu dans un message lu lors d’un service de commémoration des Juifs de Jersey, en 1998. « Nous nous souvenons avec gratitude de son sacrifice et nous lui disons merci, Dorothy – merci du fond du cœur. Ce sont ton aide et ton courage qui nous ont permis de survivre ».

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