Cette styliste culinaire dresse la table selon la personnalité de ses clients
Travaillant avec des artisans pour créer des céramiques et du linge de table pour ses clients, Nurit Kariv a lancé Nu, sa propre marque
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Nurit Kariv, styliste culinaire, qui a joué un rôle moteur dans le dernier livre de l’autrice Adeena Sussman, « Shabbat », et dans de nombreux autres livres de cuisine, travaillant pour de nombreux sites internet culinaires et pour des firmes de design, pourrait manger des gâteaux toute la journée.
Tant qu’ils sont servis sur l’assiette qui convient.
Avec Kariv, c’est toujours le cas. La styliste culinaire a dorénavant sa propre marque, Nu, et elle travaille avec des artisans locaux – céramistes, verriers et artistes du textile.
C’est ensemble qu’ils créent de la vaisselle haut de gamme, faites à la main – avec, par exemple, les ensembles de bols et de plats aux tons pastel d’Avi Ben Shoshan ou les plateaux en bois de cendre délicatement arrondis de Bar Gantz, ou avec encore les pichets à eau en porcelaine de Gur Inbar.
Certaines pièces sont mises en vente au musée juif de New York ainsi que lors des événements portes ouvertes que Kariv organise deux fois par an, pendant la période des fêtes où les Israéliens ont tendance à accueillir davantage chez eux.
Cette collection est aussi l’opportunité pour Kariv de revenir à ses premières amours : la création textile.
Elle crée ainsi des modèles et des dessins d’aquarelle uniques – notamment un modèle inspiré par les fêtes, avec des fruits et légumes aux couleurs de l’automne qui ont été peints par le céramiste Gur Inbar. Il y a aussi des fleurs fantaisistes, des imprimés, des créations géométriques, tous reproduits sur un textile fin, doux, en de multiples tailles.
Savoir quelle sera la meilleure nappe, la meilleure vaisselle pour mettre en valeur un plat est un talent qui, pour Kariv, a été presque génétique.
Tout remonte à son enfance avec son père, designer d’intérieur élégant, né à Berlin et avec sa mère, qui organisait régulièrement des dîners au domicile familial de Tel Aviv – Kariv et sa jeune sœur faisaient souvent office de sous-cheffes à cette occasion.
Nurit a grandi à Afeka, le quartier de Tel Aviv souvent connu sous le nom de Ramat Aviv Gimel. Si sa famille n’était pas la plus aisée du quartier, c’est elle qui occupait la plus belle maison – et de loin, raconte Kariv.
Kariv a fait des études de design à l’Académie Bezalel de Jérusalem avant de travailler dans la création textile pour Kitan au début des années 1990 – rejoignant rapidement le département de stylisme de la compagnie, qui fabrique du linge de lit.
C’était le début des arts de la table et des arts culinaires, alors que des chefs comme Erez Komorovsky lançaient des entreprises telles que Lechem Erez, l’une des premières boulangeries artisanales qui avait mis l’accent sur le style et sur la beauté des produits.
Kariv aimait les textiles – mais elle aimait encore davantage la cuisine.
« Ma sœur et moi adorons cuisiner », explique-t-elle, notant qu’elle et sa sœur préparaient des repas pour de petits événements dans le passé, notamment pour les notables de l’époque.
Son licenciement de Kitan devait être le déclic dont Kariv avait besoin – la déterminant à travailler dans le stylisme culinaire, dans le design d’intérieur et dans la cosmétique, en proche collaboration avec plusieurs photographes.
Aujourd’hui, cela fait 25 ans qu’elle est styliste. Elle travaille étroitement depuis douze ans avec Dan Perez, qui a fait les photographies des deux derniers livres de Sussman.
« Cela a été un long parcours et il a fallu du temps pour que tout cela se réalise », s’exclame Kariv. « Cela représente une tonne de travail, mais j’adore ça ».
Trouver le cadre idéal pour des recettes présentées dans des livres de cuisine, comme cela a été le cas pour les salades ou la challah de Shabbat, d’Adeena Sussman ou pour A Book about Food d’Heddai Offaime nécessite, affirme-t-elle, de comprendre l’énergie et les intentions du cuisinier.
C’est à Sussman que pense Kariv actuellement, alors que son livre, Shabbat, est sorti la semaine dernière à New York City.
« J’ai voulu exprimer la personnalité et l’identité d’Adeena dans ‘Shabbat’, » dit Kariv. « Elle a grandi dans un foyer religieux aux États-Unis mais elle vit dorénavant une vie très dans le genre de Tel Aviv, et elle aime des choses qui sont modernes ou également vintage. Elle est Ashkénaze mais aussi Israélienne et Américaine, et c’était important pour moi d’exprimer tout cela. »
Par exemple, le premier ouvrage de Sussman, Sabaha, était plus Israélien, note Kariv, tandis que Shabbat parle davantage de repas familiaux, d’accueil, et elle a utilisé un plus grand nombre de nappes pour retranscrire ce sentiment d’intimité.
« Ce sentiment d’être assis à la table familiale », explique-t-elle, « c’est ce que le lecteur doit pouvoir ressentir. C’est du bon stylisme culinaire ».