Charlie/Hyper Cacher : Richard Malka pourfend une « vision de l’islam rigoriste »
L'avocat du journal satirique s'est exprimé alors que le verdict du procès en appel des attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher est attendu jeudi soir
« Mon accusé s’appelle religion ». Au procès en appel des attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, l’avocat de l’hebdomadaire satirique s’est posé lundi soir en héritier des Lumières, pourfendant les « fanatismes » religieux et l’islam « rigoriste » des frères Kouachi.
Quand il se lève face à la cour d’assises spéciale de Paris qui rejuge depuis le 12 septembre deux accusés pour leur rôle présumé dans ces attaques jihadistes, Me Richard Malka explique d’emblée que sa plaidoirie ne ressemblera à aucune autre.
Avocat de la société éditrice de Charlie Hebdo, il a plaidé à « d’innombrables occasions », « depuis quinze ans » et le procès des « caricatures », sur la liberté d’expression, le droit au blasphème. « Quel sens ça aurait aujourd’hui d’y revenir ? », lance Me Malka devant un auditoire fourni.
Dans cette salle nommée Voltaire, au sein du palais de justice historique de Paris, l’avocat reprend les mots du philosophe des Lumières, ce « pourfendeur des religions », cet « esprit libre » qui disait du christianisme qu’elle était « ‘la plus ridicule, la plus absurde et la plus sanguinaire des religions ayant jamais infecté le monde' ».
« Voilà comment on osait parler des religions au XVIIIe siècle ! », s’exclame Me Malka.
« Trois siècles plus tard », il ne veut plus « plaider les conséquences de la terreur », mais sa « cause » pour poser « le diagnostic d’une maladie » et que cessent les massacres commis au nom de l’islam.
Car cet « accusé » dont « il faudrait ne jamais prononcer » le nom en a un, poursuit Me Malka d’un débit ultra-rapide : « Il faut le regarder en face. Il s’appelle religion ».
« Mobile du crime »
« Ce n’est pas moi qui m’invente un combat », souligne encore l’avocat qui invite à se rappeler les propos des frères Saïd et Chérif Kouachi, répétés à « trois reprises » après leur massacre à Charlie Hebdo : « ‘On a vengé le prophète Mahomet' ».
« C’est le mobile du crime et il est explicite », appuie Richard Malka. Les crimes des Kouachi sont « motivés par l’islam ». « Je parle d’une vision de l’islam, pas des musulmans. Une vision dogmatique dont les principales victimes sont les musulmans », souligne-t-il.
Et dire que cette vision est « anecdotique », « marginale » pour ne pas « s’y attarder » est « faux », s’insurge Me Malka qui appelle à la « dénoncer » et à la « combattre ».
L’avocat de Charlie Hebdo replonge dans les origines d’une « controverse » qui a opposé il y a 1 400 ans deux courants de l’islam et qui n’a « jamais cessé ».
Si ce « débat millénaire » se retrouve au cœur du procès, c’est parce que la « vision de l’islam à laquelle les frères Kouachi ont adhéré, c’est le blasphème », une « vision qui tue sur toute la surface de la Terre », du Nigéria au Pakistan, estime Me Malka.
En citant des versets du Coran, il affirme : « il n’existe aucun fondement coranique à la mise à mort pour des caricatures ». « Tout cela n’est que pure démence nourrie par l’ignorance, là où l’autre vision de l’islam prônait la raison nourrie par la connaissance ».
Pour l’avocat de l’hebdomadaire satirique, « l’accusation de blasphème, d’islamophobie » est devenue une « arme de censure massive (…) pour interdire toute critique de la religion au prétexte d’un hypocrite respect dont le vrai nom est peur ».
Questionner cette religion, c’est pourtant, assure Richard Malka, « le seul moyen pour que l’islam de la spiritualité qui enrichit, pacifie, respecte l’altérité et la liberté, l’islam du courageux policier Ahmed Merabet (tué par les frères Kouachi après le massacre à Charlie Hebdo, ndlr), triomphe de celui des Kouachi qui instrumentalise, terrifie et fanatise ».
« Il y a un islam des lumières et un islam des ténèbres dont le principal ennemi est l’islam des lumières. Il y a un islam des philosophes et un islam des prédicateurs (…). On ne trouvera pas un refuge en dehors de l’espace et du temps, alors exprimons nous », conclut Me Malka.
Le verdict est attendu jeudi soir.