Chute du shekel face au dollar et à l’euro après l’adoption du budget
Cette baisse survient également au lendemain de l'avertissement lancé par le chef d'état-major de Tsahal, qui a mis en garde contre un potentiel conflit avec l'Iran
Le shekel est tombé à son niveau le plus bas jamais enregistré depuis des années contre le dollar, mercredi, alors que les marchés réagissaient aux propos tenus par Herzi Halevi, le chef d’état-major de Tsahal, qui a mis en garde mardi contre une guerre en suspens contre l’Iran.
La barre de 3,73 shekels contre un dollar n’avait pas été atteinte depuis la mi-mars 2020, lorsque les restrictions imposées dans le cadre de la pandémie de coronavirus avaient brièvement fait dégringoler les marchés.
Mardi, Halevi avait mis en garde « contre des développements négatifs possibles, à l’horizon, qui pourraient précipiter » une action militaire contre l’Iran.
« L’Iran a fait plus de progrès que jamais en matière d’enrichissement de l’uranium. Nous suivons également de près d’autres éléments du processus de développement de la capacité nucléaire [des Iraniens] », avait déclaré le chef d’état-major de Tsahal lors d’une conférence organisée par le Institute for Policy and Strategy de l’université Reichman, à Herzliya.
Ce saut de 1,6% a accéléré la tendance générale à la baisse du shekel, qui s’est affaibli depuis l’arrivée au pouvoir, en janvier, d’un gouvernement radical, dont le programme législatif a suscité des inquiétudes de la part des investisseurs quant à la capacité du pays à rester une démocratie libérale.
Mardi soir, le gouvernement a adopté son premier budget pour 2023 et 2024, malgré les objections des économistes qui estiment que les milliards de shekels d’affectations sectorielles pourraient nuire à l’économie. L’adoption du budget de l’État signifie que le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu devrait reprendre ses efforts pour réformer le système judiciaire.
Le shekel est également tombé à 4,02 shekels pour un euro, contre 3,99 shekels la veille.
Ces dernières années, le taux de change entre le shekel et le dollar a oscillé autour de 3,3 et 3,5 shekels, tombant jusqu’à 3,08 shekels en novembre 2021. Mercredi, c’était seulement la troisième fois depuis début 2017 que le taux atteignait 3,7 shekels ou plus. Dans les deux cas, les taux sont retombés dans des fourchettes moyennes après plusieurs jours ou semaines.
Le chef de l’opposition, le député Yaïr Lapid a noté que le shekel s’est apprécié par rapport au dollar lorsque le gouvernement précédent, qu’il dirigeait avec Naftali Bennet, a adopté son budget il y a un an.
« Ce matin, le shekel s’est effondré de 1,6 % », a-t-il écrit sur Twitter. « Le marché des citoyens israéliens ne croit pas le gouvernement et sait qu’il s’agit d’un terrible et préjudiciable budget. »
Il est difficile de savoir dans quelle mesure la baisse du marché a été une réaction à l’adoption du budget, qui était largement attendue et probablement déjà largement intégrée dans le taux de change.
Un shekel plus faible devrait faire augmenter le prix des biens importés et des voyages à l’étranger, tout en faisant grimper les prix de l’essence.
Au début du mois, le Fonds monétaire international (FMI) avait déclaré que l’incertitude prolongée concernant la réforme du système judiciaire israélien présentait un « risque de détérioration notable ».
L’agence de notation Moody’s Investors Service avait déclaré en avril que le principal élément déclencheur de l’abaissement de la perspective de la cote de crédit d’Israël de « positive » à « stable » était la crainte que les changements prévus dans le système judiciaire du pays ne menacent l’indépendance du pouvoir judiciaire, qui est cruciale en particulier en Israël. L’agence a maintenu la note de crédit actuelle du pays intacte à A1, citant « la forte croissance économique et l’amélioration de la solidité fiscale ».
Des cadres supérieurs et des entrepreneurs du monde des affaires et de la technologie en Israël sont descendus dans la rue ces derniers mois pour exprimer publiquement leur inquiétude face à la réforme judiciaire, et des experts en économie ont averti à plusieurs reprises que les mesures prévues par le gouvernement auraient pour effet de neutraliser le système démocratique israélien d’équilibre des pouvoirs et d’affaiblir l’État de droit.