Cinq jeunes créateurs qui ont de la suite dans les idées
D’imprimés de haute couture en 3D à des jeux à la barrière de sécurité, en passant par des pingouins procréateurs, ces jeunes artistes ont trouvé leur propre moyen de s’exprimer

Qu’ont en commun une Palestinienne qui négocie quotidiennement à la barrière de sécurité et une Israélienne qui a connu le désengagement du Gush Katif en 2005 ? Ou un homosexuel qui désapprouve l’accent mis par la société sur les bébés, et une femme qui a inventé une application de haute technologie pour aider les enfants à surmonter leurs difficultés à s’exprimer ? Et puis cette designer de vêtements qui a créé une ligne de mode entière avec une imprimante 3D.
Le dénominateur commun : les cinq créateurs, dans leur vingtaine, sont de récents diplômés des arts et d’universités de design d’Israël qui ont récemment montré leurs talents et leurs produits variés dans leurs établissements.
Les shows cet été à Bezalel Academy, à l’institut de technologie de Holon (HIT), et au collège Shenkar d’ingénierie et de Design, des événements d’envergure, fournissent aux artistes en herbe et aux concepteurs un large éventail de perspectives.
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Maintenant, quelques semaines après la fin des festivités, le Times of Israel a rencontré les cinq artistes talentueux.
Salam Qasem
Une série de vidéos de la diplômée de Bezalel Salam Qasem traitent de la réalité actuelle de l’artiste de femme palestinienne vivant derrière la barrière de sécurité de Jérusalem.

Ses vidéos montrent des Palestiniens de tous âges interagissant avec la barrière de diverses manières. Dans « Des sirènes dansant », une femme danse devant le mur ; dans « Super Man, » un homme la pousse de toutes ses forces.
Deux des vidéos, « Salah o Saba », montrent les neveux de Qasem inventant une sorte de jeu, dans lequel un garçon joue un Palestinien qui essaie de franchir le mur vers Israël et un autre joue un soldat israélien qui rejette la « Carte verte » de l’autre.
Qasem explique qu’il était facile pour ses neveux de mettre en scène ce jeu, car eux-mêmes essaient de franchir le mur régulièrement.
« C’est ma vie », dit-elle, « ce que je suis au jour le jour. »
Qasem, qui travaille aussi comme photographe pour des événements privés, exprime sa gratitude à Bezalel, qui dit-elle, « permet toujours d’exprimer ses opinions » et de partager son point de vue.
Danit Peleg

Danit Peleg, diplômée de Shenkar en design de mode, fait déjà des vagues dans le monde international de la mode avec sa collection de cinq articles de vêtements et de chaussures imprimés en 3D.
Si d’autres élèves travaillent avec des imprimantes 3D pour créer des accessoires ou des textiles, Peleg est la première à Shenkar – ou ailleurs – à avoir conçu une collection entière en utilisant des imprimantes maison, plutôt que de taille industrielle.
« J’ignorais tout sur l’impression en 3D avant de commencer ce projet », a admis Peleg.
Mais elle était déterminée à travailler avec la technologie pour créer un modèle d’impression-de-votre-propre-mode – et prouver à ses professeurs qu’ils avaient tort.
Ne pas avoir d’héritage en la matière « m’a poussée à poursuivre mes recherches », dit Peleg.
Donc, Peleg a fait ses recherches, et a découvert le matériau FilaFlex – qu’elle décrit comme « beaucoup plus doux et plus souple » que les matériaux précédemment utilisés pour imprimer des vêtements. La société espagnole a parrainé son projet en envoyant des bobines de tissu. Et Peleg a obtenu l’aide de laboratoires 3D à Tel Aviv et à Givatayim avant d’apporter sa propre imprimante à son studio de Tel-Aviv.
Si Peleg n’a pas gagné le prix de Shenkar du meilleur projet de fin d’année, une vidéo sur sa collection de cinq pièces a recueilli plus d’un million de vues sur YouTube.
Peleg dit que, si elle ne s’attendait pas à toute cette attention de la part des médias, elle est heureuse – parce qu’elle espère que diffuser son travail encouragera d’autres designers à l’imiter.
Yocheved Frimer
Le projet final de Yocheved Frimer au HIT, « Sand of Time » – qui lui a valu un prix d’excellence du département de design d’intérieur – traite de ses souvenirs de l’implantation de Netzarim, au Gush Katif avant le désengagement de 2005.
L’installation de Frimer est composée d’une pièce dont le sol est bordé de sable. Les visiteurs sont invités à retirer leurs chaussures et à se promener dans les petites sections pieds nus.
Deux des sections présentent des vidéos de Frimer, projetées sur le sol couvert de sable. La première vidéo est un loop de Frimer rassemblant un monticule de sable, puis le détruisant rapidement.
Dans la deuxième vidéo, Frimer construit une carte entière à partir de sable et d’autres matériaux, en commençant par le même monticule, qui se trouve au centre de la ville. Après avoir passé cinq minutes à construire la carte détaillée, l’artiste la ratisse lentement et de façon répétée, détruisant la ville.

Frimer, qui ne vient pas du Gush Katif, mais qui a passé une quantité considérable de temps avec des amis de Netzarim dans les semaines pécédant le désengagement, s’est inspirée de ses souvenirs pour former la carte de l’implantation.
Beaucoup d’évacués du Gush Katif gardent une bouteille de sable de leur ancienne maison dans leurs domiciles actuels, explique Frimer à l’exposition, ce qui est la raison pour laquelle elle a réservé au sable une place si importante dans son travail. La deuxième raison est qu’il est difficile à saisir.
Pour l’installation, Frimer a utilisé du sable de Holon – qu’elle admire pour sa luminosité – à défaut du sable de la bande de Gaza.
Noi Navve
« Looproduction » de Noi Navve est une maquette animée pour les personnes qui ne veulent pas d’enfants qui lui a valu le Prix d’excellence du doyen du HIT.
Le film de quatre minutes commence avec un pingouin qui engendre et élève un pingouin enfant, que le pingouin nourrit tandis que l’enfant grandit rapidement pour devenir un adolescent puis un adulte, qui finit par accoucher de son propre enfant. Cette tendance se poursuit en boucle sans fin jusqu’à ce que, à la fin, un pingouin écrase son œuf avec son pied.
Navve dit qu’il a choisi des pingouins parce qu’ils sont monogames et, comme les humains, « quand ils ont un bébé, ils le nourrissent et l’encouragent. »
Le film est rapide et monotone (blanc et gris-bleu), sans dialogue et contient une musique originale de Ran Gil. Tout cela, dit Navve dit, veut transmettre la froideur qu’il éprouve à l’égard de l’enfantement.
Navve, diplômé du département de communication visuelle, a dit qu’il a fait le film parce qu’il sent que, généralement, la société dans son ensemble fait pression sur les individus afin qu’ils aient des enfants et, pour certains, d’avoir ce n’est pas un choix personnel, mais seulement la suite d’une boucle prédéterminée.
Navve, homosexuel qui ne veut pas être père, a déclaré que, avec « Looproduction », « Je parle à mon public, à des gens qui pensent comme moi ».
Nitzan Pode Yuster

Titulaire d’une bourse d’excellence du département de communication visuelle du HIT, Nitzan Pode Yuster a créé une application pour son projet d’études supérieures aidant les enfants à développer la parole – tout en s’amusant.
« A to Zoo – Jeu de prononciation » est un jeu audio interactif pour les enfants qui ont des difficultés d’élocution et de communication. Le jeu utilise un animal pour représenter chaque lettre de l’alphabet hébreu (par exemple, « arnav » [lapin] représente la lettre aleph).
L’enfant doit émettre des sons différents pour permettre à l’animal correspondant d’avancer dans ses défis (par exemple en disant « ah » le lapin enjambe une bouche d’incendie qui constitue un obstacle). Si le joueur émet le mauvais son, l’animal peut tomber au sol ou être frappé à la tête par une pomme.
Pode Yuster a créé l’application comme un moyen facile, amusant et efficace pour les enfants de surmonter leurs difficultés d’élocution et de prononciation, qu’elle a elle-même éprouvées étant enfant.
https://youtu.be/0iCEefRMbls
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