Cisjordanie : des graffitis « Mort aux Arabes » et des oliviers abattus
Un crime de haine apparent a pris pour cible le village de Tuwani, au sud des collines de Hébron
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
La police a ouvert une enquête mardi concernant un crime de haine apparent ayant ciblé un village palestinien dans le sud de la Cisjordanie.
Les résidents de Tuwani, un village situé au sud des collines de Hébron et à l’ouest de l’avant-poste israélien de Havat Maon, ont découvert mardi matin 15 oliviers abattus. A proximité, les slogans « Morts aux Arabes » et « Vengeance » ont été peints à la bombe sur deux rochers. Sur un troisième, une étoile de David rouge.
Cet incident est le premier crime de haine présumé depuis que le service de sécurité du Shin Bet a confirmé dimanche l’arrestation de cinq adolescents juifs, soupçonnés d’être impliqués dans le meurtre d’Aisha Rabi, 47 ans, une mère palestinienne de huit enfants qui se trouvait à bord d’une voiture, en compagnie de son mari et de sa fille, près du carrefour de Tapuah, en Cisjordanie, le 12 octobre dans la soirée, lorsqu’une grosse pierre a traversé le pare-brise et l’a frappée mortellement à la tête.
La semaine dernière, le Bureau des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires a diffusé des statistiques avant le Nouvel an qui ont révélé une augmentation de 69 % des attaques commises par les habitants d’implantation contre les Palestiniens en comparaison avec 2017.
L’OCHA a enregistré 265 incidents au cours desquels des résidents israéliens de Cisjordanie auraient pris pour cible des Palestiniens ou leurs biens. Au total, 115 Palestiniens ont été blessés dans ces attaques et 540 véhicules ont été détruits.
Commentant ce chiffre, la semaine dernière, un responsable de la défense a confirmé qu’il y a eu l’année passée une hausse significative des attaques de type « Prix à payer » – nom utilisé par les Israéliens d’extrême-droite pour justifier les agressions et actes de vandalisme prenant pour cible des Palestiniens et même des soldats de l’armée israélienne. Cette désignation marque les attaques comme étant des actions de représailles contre les attentats terroristes et les actes gouvernementaux considérés comme hostiles au mouvement pro-implantations.
« Les Jeunes des Collines sont moins dissuadés qu’auparavant à passer à l’action et ils se sentent enhardis », a ajouté le responsable de la Défense qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, évoquant les activistes d’extrême-droite connus pour implanter des avants-postes illégaux sur les collines de Cisjordanie.
Il a noté que les attaques récentes étaient plus audacieuses qu’elles ne l’étaient par le passé, soulignant la volonté croissante des jeunes habitants d’implantation d’entrer dans les villages palestiniens au milieu de la nuit plutôt que d’abattre les oliviers plantés à l’écart des communautés.
« Si cette tendance à l’escalade des attaques de type « Prix à payer » continue, il est à craindre qu’une autre attaque meurtrière puisse avoir lieu dans la même veine que celle de Duma« , a-t-il poursuivi.
Au mois de juillet 2015, des suspects avaient lancé une bombe incendiaire dans une maison d’un village palestinien, Duma, une attaque qui avait fait trois morts – trois membres d’une même famille, la famille Dawabsha – brûlés vifs. Deux jeunes Israéliens avaient été arrêtés pour leur implication dans l’attentat et leur procès est en cours.
Le responsable a également noté que la recrudescence d’actes violents n’avait pas seulement concerné les violences contre les Palestiniens mais également celles contre les forces de sécurité israéliennes. Plus de 40 incidents de ce type ont été répertoriés, dont une majorité a eu lieu à proximité de l’implantation de Yitzhar.