Citipass se retire de l’appel d’offre pour la seconde ligne de tram de Jérusalem
La compagnie a longtemps été fustigée pour sa politique d'amendes agressive et le manque de rames de tramway et de points de vente de titres de transport
Citipass, la société qui gère l’unique ligne de tramway de Jérusalem depuis huit ans, a annoncé la semaine dernière qu’elle se retirait de la course pour la création d’une seconde ligne.
Citipass a informé le ministère des Finances qu’il se retirait de l’appel d’offre, en raison des exigences « déraisonnables et disproportionnées » imposées par l’opérateur dans les conditions de l’appel d’offre.
La ligne rouge de 14 kilomètres, qui relie Pisgat Zeev au mont Herzl, dans l’ouest de la ville, est devenu, lors de son lancement en 2011, la première voie ferrée de transport public municipal du pays. Quand les extensions seront terminées, elle permettra de relier le sud-ouest de la ville, depuis l’hôpital Hadassah Ein Kerem, jusqu’au nord, à Neve Yaakov.
Ce nouvel appel d’offre comprend la construction de 19 kilomètres de rails pour une deuxième ligne, la ligne verte, qui s’étendra sur 27 kilomètres depuis le campus de l’université hébraïque de Jérusalem, sur le mont Scopus, jusqu’au quartier de Gilo, le plus au sud de Jérusalem.
Citipass a longtemps excédé les passagers et suscité de nombreuses plaintes, notamment pour le manque de points de vente de titres de transports, l’agressivité des contrôleurs et les prix. Kol Hair, le plus grand journal de la ville, a recensé que la société avait infligé 80 000 amendes sur une période de cinq ans.
Des responsables ont déclaré que l’appel d’offre initial qui avait permis à Citipass de gérer le tramway a encouragé l’agressivité de la société, des leçons ont donc été tirées pour ce nouvel appel d’offre.
Citipass fait également l’objet de poursuites judiciaires à hauteur de 250 millions de shekels, accusé de ne pas avoir formé ses contrôleurs, lesquels ne sont donc pas autorisés à infliger des amendes.
Avant de lancer le nouvel appel d’offre, le ministère des Finances a activé l’option de rachat de son contrat avec Citipass, afin de garantir que les deux lignes de tramway soient gérées par le même opérateur à l’issue du nouvel appel d’offre. Celui qui remportera l’appel d’offre devra prendre le relais de Citipass dans les six mois après l’annonce du vainqueur.
Citipass a déclaré que son retrait n’avait rien à voir avoir les plaintes, mais qu’il était dû aux risques que représente la future exploitation du tramway au vu des nouvelles conditions de l’appel d’offre. Il a signalé une série d’incidents sécuritaires, notamment les attaques terroristes palestiniennes et les jets de pierres, ainsi que les manifestations des ultra-orthodoxes, qui ont endommagé les trains et occasionné des retards. Le contrat qui relie la société et l’État ne la protège pas correctement des pertes occasionnées par ces évènements, a-t-elle indiqué à des journaux ces derniers jours.
Le nouvel appel d’offre à la recherche de l’opérateur qui gérerait les lignes verte et rouge, propose encore moins de protections, a affirmé Citipass à Kol Hair dans un communiqué.
« Ces dernières semaines, la commission des appels d’offres [du ministère des Finances] a publié une nouvelle version déraisonnable de l’appel d’offre pour la ligne verte à Jérusalem », a fait savoir la société.
« En tant qu’organisation qui a de l’expérience dans la gestion d’un tel projet, nous avons alerté la commission des risques élevés et disproportionnés encourus par l’exploitant », notamment en termes de responsabilité dans « des situations échappant au contrôle de l’opérateur ».
Dans son communiqué, Citipass n’a pas détaillé ces risques, mais affirme que le refus de l’Etat d’endosser davantage de responsabilité dans le projet « ne nous a pas laissé d’autre choix que de refuser de prendre part à cet appel d’offre ».
Trois groupes devraient s’affronter après le retrait de Citipass. Ils sont composés de plusieurs sociétés expertes en infrastructure, en construction de chemins de fer, en entretien et en gestion de transport public. Les concurrents sont israélien, espagnol et chinois et d’autres firmes d’investissements étrangères soutiennent les groupes en lice. Selon les médias israéliens, des sociétés allemande, russe, grecque et autrichienne envisageraient également de se présenter, mais n’ont pas encore pris de décision finale.