Israël en guerre - Jour 427

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Colère et douleur lors des manifestations massives qui ont suivi l’exécution de 6 otages par le Hamas

Presque 300 000 personnes se sont rassemblées à Tel Aviv - le plus important regroupement depuis le 7 octobre ; elles se sont heurtées à la police et elles ont bloqué l'autoroute, exigeant un accord sur les captifs

Des centaines de milliers d’Israéliens se sont rassemblés à Tel Aviv et ailleurs en Israël, dimanche dans la soirée, pour prendre part aux plus importants mouvements de protestation qui ont pu avoir lieu depuis le 7 octobre. Il ont exprimé leur douleur et leur colère en exigeant la finalisation d’un accord sur les otages après le rapatriement, par l’armée, des corps sans vie de six captifs qui avaient été froidement exécutés par leurs ravisseurs du groupe terroriste du Hamas.

Selon les estimations des organisateurs, 300 000 personnes se sont retrouvées à Tel Aviv et 200 000 personnes supplémentaires se sont réunies dans tout le pays. La firme Crowd Solutions a fait savoir que, selon elle, 280 000 personnes avaient pris part à la manifestation de Tel Aviv – un chiffre sans précédent depuis presque 18 mois. La police n’a pas communiqué ses chiffres officiels.

Le mouvement de protestation, à Tel Aviv, a commencé par une marche. Les participants ont défilé de la rue Dizengoff jusqu’à la porte Begin, au quartier-général de Tsahal, transportant « des cercueils symboliques » rappelant les six dépouilles qui ont été rapatriées dans la nuit de samedi à dimanche.

Les corps sans vie d’Hersh Goldberg-Polin, 23 ans, d’Eden Yerushalmi, 24 ans, d’Ori Danino, 25 ans, d’Alex Lobanov, 32 ans, de Carmel Gat, 40 ans et d’Almog Sarusi, 27 ans, avaient été découverts dans un tunnel à Rafah, une ville du sud de la bande de Gaza.

Une autopsie a permis de déterminer qu’ils avaient été tués « à bout portant », mortellement blessés à la tête et dans le corps par de multiples balles entre jeudi et la matinée de vendredi.

La nouvelle de leur mort après presque onze mois de captivité a entraîné une explosion de douleur et de colère dans le pays – des sentiments qui prennent largement pour cible le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui est accusé de ne pas conclure un accord qui ouvrirait la porte à la remise en liberté des captifs pour des raisons politiques.

Des manifestants réclament un accord de libération immédiate des otages détenus dans la bande de Gaza par le Hamas à Tel Aviv, le 1er septembre 2024. (Crédit : AP Photo/Ariel Schalit)

« Maintenant ! Maintenant ! », ont scandé les manifestants qui ont demandé à Netanyahu de conclure un accord de cessez-le-feu qui permettrait aux otages d’être rapatriés. « Nous les voulons vivants ! », ont entonné d’autres protestataires.

Ils ont brandi des drapeaux israéliens, portant sur leurs vêtements le ruban jaune qui symbolise le combat pour la libération des otages. Dans la foule, des panneaux demandant pardon aux six captifs assassinés pour avoir échoué à les faire libérer.

« Nous pensons réellement que le gouvernement prend ses décisions pour se préserver, il ne le fait pas au nom de la survie des otages et nous devons lui dire : ‘Stop !’, » a déclaré avec ferveur une habitante de Tel Aviv, Shlomit Hacohen.

Renforçant les pressions exercées sur Netanyahu, le chef du syndicat de la Histadrout, Arnon Bar-David, a fait savoir qu’une grève générale aurait lieu lundi en signe de protestation contre l’échec du gouvernement à conclure un accord sur les otages.

Parmi les intervenants qui ont pris la parole à Tel Aviv, des proches de captifs qui sont encore détenus à Gaza ainsi que Bar-David et Lior Simcha, le secrétaire-général du Mouvement des kibboutz.

Le fils de Lior Rudaeff, Nadav, s’est exprimé lors du mouvement de protestation organisé à Tel Aviv, affirmant que le gouvernement avait violé le contrat conclu avec la population israélienne. Rudaeff avait été tué le 7 octobre et son corps sans vie avait été emmené à Gaza.

« Si vous n’aviez pas saboté un accord encore et encore, 26 otages qui ont été assassinés en captivité seraient aujourd’hui ici, avec nous, et ils seraient vivants. Six d’entre eux ont survécu à l’enfer jusqu’à la semaine dernière, un enfer dans lequel vous, les députés, vous n’auriez pas survécu pour plus de vingt-quatre heures », a-t-il accusé, hors de lui.

Einav Zangauker, la mère de l’otage Matan Zangauker, a déclaré que « Matan est en vie. Mon fils est encore en vie. Mais chaque jour est l’occasion d’un nouveau jeu de roulette russe ». Elle a ajouté que le Premier ministre allait continuer à jouer à ce jeu « jusqu’à ce qu’ils soient tous morts, mais nous n’allons pas le laisser faire ». Elle a affirmé que les six otages assassinés étaient morts « sur l’autel du couloir Philadelphi », faisant référence à la frontière entre Gaza et l’Égypte – un point de friction dans les négociations entre Israël et le Hamas, le Premier ministre insistant sur la nécessité d’y maintenir une présence israélienne, une exigence rejetée par le groupe terroriste.

Les six otages auraient pu être sauvés et les autres peuvent encore l’être, a-t-elle ajouté.

Aux familles éplorées, elle a dit : « Vous n’êtes pas seules. Le peuple israélien tout entier est avec vous. Le sang de vos proches n’aura pas été versé en vain. Nous ferons tout pour ramener les otages chez eux ».

Une foule d’Israéliens appellent à la conclusion d’un accord qui garantirait la remise en liberté des otages détenus par le Hamas à Gaza, aux abords du siège du ministère de la Défense à Tel Aviv, le 1er septembre 2024. (Crédit : Ohad Avrahami/Pro-Democracy Protest Movement)

« Il n’y aura jamais assez de pages dans les livres d’Histoire pour établir l’ampleur de la catastrophe qui a été provoquée par Netanyahu », a-t-elle continué.

« Vous avez fait votre temps », a-t-elle estimé. « Moi, Einav Zangauker, une Likudnik d’Ofakim, je vous dis que c’est bel et bien terminé ».

Elle a ensuite conclu : « C’est le moment de passer à l’action. C’est le moment de faire bouger le pays jusqu’à ce qu’il y ait un accord. Descends dans la rue, peuple d’Israël. Descends dans la rue ! »

La petite amie de Matan Zangauker, Ilana Gritzewsky, qui avait été prise en otage et qui avait été libérée dans le cadre d’un accord, à la fin du mois de novembre, a indiqué qu’elle savait à quoi ressemblait l’enfer de la captivité.

Netanyahu « ne sait pas ce que c’est d’avoir la mort qui plane sur vous toute la journée ; il ne sait pas ce que c’est d’être en captivité et d’entendre le Premier ministre dire que la guerre sera longue », a-t-elle déclaré.

Le syndicaliste Bar-David a annoncé que « le pays tout entier sera à l’arrêt demain » et il a accusé le gouvernement d’avoir abandonné le pays tout entier.

Einav Zangauker et Ilana Gritzewsky lors d’un rassemblement exigeant la conclusion d’un accord sur les otages aux abords du quartier-général de l’armée à Tel Aviv, le 1er septembre 2024. (Crédit : Dana Raani)

Il a déclaré que « le mot qui compte, ici, c’est celui d’abandon » des otages, d’abandon « du sud, du nord du pays » ainsi que « l’incroyable abandon de l’économie », alors que « les fonds de la coalition vont à des services publics totalement inutiles ».

Bar-David a rappelé avoir promis aux familles d’otages d’utiliser son pouvoir pour mettre l’économie à l’arrêt « le moment venu ».

« Ce moment est arrivé », a-t-il ajouté.

Suite au rassemblement de Tel Aviv, des milliers de personnes se sont rendues sur l’autoroute Ayalon où la circulation a été bloquée pendant plusieurs heures – les manifestants jetant des pétards, allumant des feux et plaçant des pierres, des clôtures ou des objets en métal sur la route. Certains ont entonné le slogan : « Bibi assassine les otages » – utilisant le surnom donné au Premier ministre.

Les forces de l’ordre ont indiqué, dans un communiqué, qu’elles avaient été « obligées » de déclarer « illégal » ce mouvement de protestation sur l’autoroute. Elles ont ajouté qu’elles avaient « utilisé des moyens de dispersion des foules pour faire partir les émeutiers ».

Des manifestants bloquent l’autoroute Ayalon à Tel Aviv et allument un feu de joie pendant une manifestation réclamant un accord en faveur de la libération des otages à Gaza, le 1er septembre 2024. (Crédit : Amir Trekel/Pro-Democracy Protest Movement)

Une trentaine de personnes ont été arrêtées à Tel Aviv. Cinq ont été appréhendées à Jérusalem et d’autres ont aussi été emmenées par la police ailleurs dans le pays.

Les forces de l’ordre se sont heurtées à certains manifestants qui bloquaient l’autoroute – ils étaient des milliers sur place – alors qu’elles tentaient de disperser la foule, notamment à l’aide de canons à eau. Au moins quatre grenades incapacitantes ont été utilisées à l’encontre des protestataires, faisant quelques blessés légers dont la députée Naama Lazimi et son conseiller. Certaines personnes présentes ont été immobilisées au sol.

« Il y a eu une autre explosion qui était proche et qui nous a presque directement touchés », a ultérieurement raconté Lazimi sur X, qui a ajouté qu’un agent avait alors remarqué ce qui était en train de se passer et qu’il les avait éloignés du secteur. « Miraculeusement », a-t-elle ajouté, « nous n’avons pas été blessés, à l’exception de quelques hématomes superficiels ».

Lazimi a affirmé que la police « met en danger la sécurité du public » et qu’elle se livrait à des actions illégales au service du ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qui est responsable des forces de l’ordre.

La police a indiqué qu’une agente présente avait perdu conscience pendant une « émeute » et qu’elle avait été hospitalisée, sans donner de détail.

Un manifestant âgé de 51 ans a été modérément blessé et il a été hospitalisé après avoir fait une chute, tombant d’une hauteur de 2,5 mètres, a noté le site d’information Ynet.

Des manifestants bloquent l’autoroute alors qu’ils appellent à la conclusion immédiate d’un accord sur les otages détenus par le Hamas dans la bande de Gaza à Tel Aviv, le 1er septembre 2024. (Crédit : AP Photo/Ariel Schalit)

Les mouvements de protestation qui ont eu lieu dans tout le pays ont commencé par un rassemblement devant le Bureau du Premier ministre, situé à proximité de la Knesset, à Jérusalem, alors que le cabinet de sécurité se réunissait en urgence.

Une rencontre qui a été perturbée par les cris des sifflets et des cornes de brume qui ont causé un bruit assourdissant. Alors que les hauts-responsables s’entretenaient depuis 30 minutes, la foule a observé une minute de silence pour rendre hommage aux otages. Les cris et les sifflets ont ensuite repris de plus belle.

« Ça a été la dernière minute de silence à laquelle vous avez eu droit », a dit l’un des organisateurs dans un mégaphone, lisant ensuite les noms respectifs des ministres. « Nous ne donnerons plus un seul moment de calme à ce cabinet de sécurité avant que tous les otages aient été libérés ! »

Des Israéliens bloquent l’autoroute Ayalon et affrontent la police alors qu’ils appellent à la conclusion immédiate d’un accord sur les otages détenus par le Hamas dans la bande de Gaza à Tel Aviv, le 1er septembre 2024. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

A Jérusalem, les manifestants ont également bloqué l’une des entrées principales de la ville, affrontant la police qui essayait de les disperser.

Des milliers de personnes se sont aussi regroupées sur des ponts, sur des autoroutes et dans des localités de tout le pays dans le cadre de ce qui a été probablement le plus important mouvement de protestation depuis le 7 octobre.

Le grand-père de Naama Levy, qui est retenue en otage, a pris part à une manifestation qui était organisée à Beer Sheva, disant que la situation politique et sociale actuelle ôtait tout espoir aux proches des captifs.

« Quand Netanyahu dit qu’il veut détruire le Hamas… Ça n’arrivera pas. Ce qui arrive vraiment aujourd’hui, c’est qu’il est en train de nous détruire tous », a-t-il expliqué.

Les politiciens de l’opposition ont également appelé les Israéliens à descendre dans les rues et à participer aux manifestations.

Le chef de la Histadrout, Arnon Bar-David, annonce une grève générale en raison de l’incapacité du gouvernement à libérer les otages détenus à Gaza, le 1er septembre 2024. (Histadrut)

« Ils étaient vivants. Netanyahu et le cabinet de la mort ont pris la décision de ne pas les sauver. Il y a encore des otages en vie là-bas, un accord peut encore être conclu. Ce que Netanyahu ne fait pas pour des raisons politiques », s’est insurgé le chef de l’opposition Yair Lapid, qui a affirmé que le Premier ministre accordait la priorité au maintien « de sa coalition avec [les ministres d’extrême-droite Bezalel] Smotrich et [Itamar] Ben Gvir au détriment de la vie de nos enfants. »

« Parce que j’aime l’État et la société israélienne, parce que je ressens une réelle anxiété face à l’avenir, je viendrai à la manifestation de Tel Aviv, ce soir, et je vous demande à tous de venir avec des drapeaux israéliens », a indiqué pour sa part le leader du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, dans une vidéo qui a été diffusée dimanche.

« Venez et faites entendre vos voix. Appelons à l’unité et à un réel engagement à l’égard de nos otages, de nos soldats, de nos enfants et de l’avenir du pays », a-t-il ajouté.

Cette combinaison de six photos non datées des otages, en haut à gauche, Hersh Goldberg-Polin, Ori Danino, Eden Yerushalmi ; en bas à gauche, Almog Sarusi, Alexander Lubnov, et Carmel Gat. (Crédit : Forum des familles des otages et disparus via AP)

Il a aussi appelé les Israéliens à se mettre en grève dans la journée de lundi.

Il resterait 97 otages qui avaient été enlevés par le Hamas, le 7 octobre – 251 personnes avaient été kidnappées au total – à Gaza, y compris les corps sans vie de 33 otages dont le décès a été confirmé par l’armée.

Le Hamas avait relâché 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine, à la fin du mois de novembre en échange de prisonniers sécuritaires, dont deux qui ont finalement été éliminés lors d’attaques terroristes. Quatre femmes avaient été remises en liberté auparavant. Huit otages vivants ont été secourus par les soldats et les dépouilles de 30 otages ont été rapatriées – notamment celles de trois Israéliens qui avaient été accidentellement tués par l’armée alors qu’ils étaient parvenus à échapper à leurs ravisseurs.

Le Hamas détient également les corps sans vie de deux soldats tombés au combat, Oron Shaul et Hadar Goldin, depuis 2014, ainsi que deux civils israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui seraient encore en vie après être entrés dans la bande de leur propre gré en 2014 et en 2015.

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