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Analyse

Comment la stratégie de sortie de crise israélienne veut sauver l’économie

Le plan du ministère des Finances, qui pourrait être appliqué dès la semaine prochaine, prévoit un "retour à la normale" graduel des activités, réévalué à chaque phase

Photo d'illustration : Le passage de l'ombre à la lumière (Crédit : Julia Kuznetsova; iStock by Getty Images)
Photo d'illustration : Le passage de l'ombre à la lumière (Crédit : Julia Kuznetsova; iStock by Getty Images)

Un plan visant à remettre l’économie israélienne sur les rails envisage l’allègement graduel de certaines restrictions de distanciation sociale qui ont été mises en place dans la lutte contre le coronavirus, par étapes spécifiques, prédéterminées et contingentes, sous surveillance médicale continue, immédiatement après la fin de Pessah.

La logique sous-jacente à ce plan, qui a été placé sous la responsabilité du ministère des Finances, est de remettre au travail certaines entreprises, considérées comme des contributrices importantes à la production intérieure et à l’emploi, dans les meilleurs délais.

Sont ainsi concernés les secteurs financier et technologique et des services, notamment les comptables et les avocats, tout en excluant, pour le moment, ceux qui courent un risque sanitaire plus élevé, notamment les employés des centres commerciaux et de l’industrie hôtelière qui sont actuellement à l’arrêt ainsi que ceux qui relèvent de secteurs à faible impact économique, comme c’est le cas des coiffeurs ou des salariés des sites sportifs et de divertissement.

Les écoles – en commençant par les établissements accueillant des enfants en situation de handicap et les crèches – seront également rouvertes par étapes et conformément à des règles sanitaires strictes, comme ce sera également le cas des transports publics qui ont été presque entièrement stoppés.

Les deux sont considérés comme essentiels à la reprise des activités économiques au sein de l’État juif, puisqu’ils permettent aux employés de se rendre à leur travail en bus ou en train, et ce sans avoir à laisser leurs jeunes enfants à la maison.

Israël compte plus de 384 000 foyers avec des enfants âgés de zéro à neuf ans.

Si les statistiques actuelles du coronavirus restent relativement encourageantes, certains magasins situés dans des zones commerciales en plein air pourront également rouvrir leurs portes – ils seront soumis à des instructions strictes de la part du ministère de la Santé – dès le 19 avril, pour aider à faire repartir la consommation et encourager les dépenses.

Photo d’illustration : Des médecins du Magen David Adom avec des combinaisons de protection contre le coronavirus pendant le transfert d’un malade à l’hôpital Shaare Zedek, à Jérusalem, le 6 avril 2020 (Crédit : Nati Shohat/Flash90)

Cette politique de sortie de crise vise à trouver un équilibre entre les nécessités induites par les deux catastrophes qui ont frappé Israël et le reste du monde – la pandémie de coronavirus qui a tué, en date du 14 avril, plus de 120 000 personnes sur toute la planète, avec plus de 1,9 million de cas confirmés dans 210 pays. S’y est ajouté un désastre économique : l’économie, dans le monde entier, pourrait ne connaître une croissance que de 2,4 % cette année – le taux le plus bas depuis 2009 – en raison de l’épidémie, selon l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE).

Au sein de l’État juif, plus de 11 000 cas de Covid-19 ont été recensés et, selon les chiffres transmis mardi après-midi, la maladie a tué 118 personnes dans le pays. Les règles de distanciation sociale qui ont été mises en place pour contenir le virus ont eu « un coût économique très lourd », ont estimé les auteurs d’un rapport interministériel établissant la stratégie de fin de crise. Conserver ces mesures serait susceptible d’infliger « un coup sans précédent » à l’économie israélienne, ont-ils averti.

Un programme de gestion équilibrée des risques permettra de continuer la guerre contre le virus tout en apportant de « l’oxygène à l’économie » très nécessaire, ont expliqué les auteurs du rapport. Ce plan de sortie a été formulé par des responsables du ministère des Finances en concertation avec la Banque d’Israël, le ministère de l’Économie et le conseil économique national israélien. C’est le Premier ministre Benjamin Netanyahu qui sera chargé de prendre les décisions finales après examen.

D’autres plans alternatifs, qui ont été également formulés, seront aussi pris en considération.

La distanciation sociale et les quarantaines imposées en Israël, en plus de la fermeture des entreprises et des magasins lorsque l’ordre du confinement a été donné aux citoyens, devraient déjà entraîner une croissance négative cette année à des niveaux sans précédent, a indiqué le rapport. Le chômage se situe à 25,8 % – soit plus d’un million de personnes – alors qu’il s’élevait, avant l’épidémie, à 3,6 % – le chiffre le plus bas de toute l’histoire d’Israël.

Les magasins et les restaurants fermés à Tel Aviv, le 15 mars 2020 (Crédit : Miriam Alster/FLASH90)

Selon une enquête réalisée par le Bureau central des statistiques, en date du 31 mars, 42 % des entreprises ont connu une baisse de plus de 50 % de leurs revenus au cours des semaines précédentes, tandis qu’environ 50 % ont indiqué qu’elles cesseraient leurs activités si la situation actuelle devait encore durer un mois.

Sous le plan de sortie de crise qui a été proposé, à partir du 19 avril, 50 % des travailleurs non essentiels retourneront à leurs activités professionnelles d’ici le 3 mai, et tous les employés retrouveront leur poste d’ici la fin mai.

Les entreprises qui reprendront en premier seront celles des secteurs technologique et financier, les industries de services (bureaux de comptabilité ou cabinets juridiques), les usines industrielles, les secteurs de l’importation et du commerce en gros.

Tous les magasins, centres commerciaux et marchés couverts, rouvriront en respectant des directives sanitaires spécifiques d’ici la fin mai.

Les enfants en situation de handicap, les petits élèves des crèches et des maternelles reprendront en premier le chemin de l’école, en nombre limité et conformément à des restrictions sanitaires préétablies. A partir du 17 mars, les élèves des cours élémentaires et préparatoires retourneront dans les établissements, là aussi en nombre limité et sous réserve du respect de directives rigoureuses.

Les élèves des écoles maternelles israéliennes pratiquent l’enseignement à distance, le 16 mars 2020 (Crédit : Page Facebook du ministère de l’Education israélien)

Le public sera autorisé à acheter toutes sortes de produits, pas seulement alimentaires, juste après la fête de Pessah, suggère le plan.

Ce dernier vise également à mettre en place un cadre clair et transparent pour la reprise graduelle de l’économie avec des étapes clairement définies et des objectifs médicaux à atteindre – comme un faible taux d’infection – avant de passer à la phase suivante.

Ceci pour apporter davantage de certitudes aux entreprises, qui sauront où elles en sont par rapport aux calendriers établis et ce qui leur permettra de prévoir les décisions nécessaires à prendre.

Le plan veut aussi établir des directives sanitaires claires qui accompagneront l’allègement graduel des restrictions, ont indiqué les auteurs du rapport. Ces directives permettront aux écoles et aux transports publics de définir la manière dont ils pourront reprendre du service tout en évitant la propagation du virus, par exemple.

Des indices sanitaires clairs et transparents permettront aux officiels de mesurer l’efficacité de la bataille sanitaire : par exemple, la vitesse de sa propagation ou le nombre de personnes placées sous respirateur. Trois jours avant de passer d’une phase de reprise économique à une autre – une reprise totale devrait intervenir entre le 17 et le 31 mai, selon les prévisions – ces indices seront contrôlés. Et l’avancée à la phase suivante n’aura lieu que si les objectifs préétablis auront été atteints.

Si certains devaient ne pas être remplis et si l’épidémie devait reprendre de sa virulence, alors le plan proposé serait ralenti, en association avec les développements survenant sur le terrain.

Il faut toutefois se rappeler qu’alors même que cette stratégie de sortie de crise économique est sur le point d’être mise en œuvre, les conditions sur le terrain restent incertaines. Les responsables, en Israël et dans le monde, tâtonnent dans l’obscurité la plus totale pour vaincre un ennemi invisible et meurtrier, jusque-là inconnu. L’issue reste donc incertaine et il faudra constamment ajuster les plans pour répondre aux défis qui se présenteront. La mise en œuvre de cette stratégie ne sera pas facile et des questions importantes sur la mise en pratique des choses se poseront inévitablement.

La réussite du plan se mesurera à la capacité de l’économie israélienne à se limiter à des dégâts relativement à court-terme – qui seraient suivis par un rétablissement rapide à la fin de l’année ou au début de l’année 2021 – et à échapper à des effets néfastes à long-terme en cas de prolongation de la situation.

Ce qui est également clair, c’est qu’en plus de leur plan de sortie de crise, le ministère des Finances et les autorités économiques israéliennes devront probablement formuler et mettre en place un second plan – qui ira au-delà de la simple réduction des dégâts et qui aidera l’économie à rebondir véritablement, de manière à ce qu’elle puisse retrouver sa santé.

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