Comment les juifs du Brésil dansent dans la folie du carnaval
De Rio à Sao Paulo, le pays d’Amérique du Sud connu pour ses célèbres fêtes de rue, propose plusieurs manières de faire danser votre boa à plumes
RIO DE JANEIRO (JTA) – Les Brésiliens savent faire la fête. Ce n’est plus évident nulle part ailleurs qu’au carnaval, la fête la plus populaire du Brésil, qui combine son histoire riche et pluri-ethnique. C’est aussi l’une des plus grandes célébrations mondiales se déroulant sur plusieurs jours, quand des foules extatiques apprécient les fabuleuses parades de samba et d’énormes fêtes de rues.
Le carnaval suit un calendrier lunaire, donc la date exacte varie – du 5 au 10 février cette année. Les célébrations ont commencé vendredi soir et finiront le mercredi des Cendres à midi, quand beaucoup de Brésiliens avec la gueule de bois devront retourner au travail. Le dimanche de Pâques a lieu 40 jours après.
Même s’il peut avoir des connotations catholiques, les racines du carnaval remontent aux rites païens de printemps qui avaient lieu en Grèce et Rome antique.
A travers l’Europe, la saison est célébrée par des fêtes, des masques, et danser dans les rues. Les Portugais ont apporté le concept de carnaval à Rio à la fin des années 1800, quand des bals de style français et des fêtes déguisées sont devenues courantes. Avec le temps, des éléments uniques dérivés des cultures africaines, améri-indiennes et même juive ont été incorporés.
Le carnaval est devenu une fière institution nationale, et les 120 000 juifs du Brésil ont trouvé de nombreux moyens de s’engager dans les festivités autour d’eux (ou d’y échapper aussi, s’ils devaient choisir).

Voici un échantillon des impressionnantes fêtes brésiliennes qui soulignent cinq des manières les plus juives de passer le carnaval. Continuez à lire pour un aperçu – ou, si vous êtes assez chanceux pour être au Brésil ce week-end, allez dans un de ces points chauds, mettez de la crème solaire, attrapez une caïpirinha et préparez-vous à la samba !
La parade de Sao Paulo
Cette année il y a de chaudes nouvelles juives au Sambadrome de Sao Paulo – une arène de Samba avec une piste de ciment de la longueur de presque six terrains de football alignés et des tribunes pouvant accueillir jusqu’à 27 000 spectateurs.
Deux juifs ashkénazes, Ronny Potolski et Jairo Roizen, font les gros titres pour leurs débuts communs d’auteurs et compositeurs pour leurs écoles de samba de première division, Unidos do Peruche et Perola Negra. (Une école de samba est une sorte de club dans lequel des milliers de membres font des représentations dans d’énormes complexes dédiés à la samba. Structuré comme une guilde, ils ont une forte base communautaire et sont habituellement associés et nommés d’après un quartier.)
En fait, l’amour de la samba de Potolski est si profond qu’il a inspiré une vraie histoire. En 2008, il est tombé amoureux de Thais Paraguassu, une incroyable porta-bandeira, la danseuse qui porte le drapeau de l’école de samba. Paraguassu s’est convertie au judaïsme et ils se sont mariés deux ans après.
Vous pouvez danser avec Potolski, Roizen et Paraguassu dans l’une des 14 écoles de samba de Sao Paulo.
Le sambadrome de Rio
Plus d’un million de touristes du monde entier viennent pour le carnaval de Rio. Avant d’accueillir les jeux olympiques d’été 2016, le sambadrome de Rio accueillera 26 écoles de samba qui éblouiront les spectateurs avec leur exquise chorégraphie et leurs chars élaborés. (Si vous ne pouvez pas rejoindre les 60 000 chanceux qui seront dans les tribunes le long de la piste, il y a une diffusion télévisée en direct qui est vue par deux milliards de téléspectateurs.)
Il y a des générations, l’engagement juif dans le carnaval de Rio avait lieu à Yiddish Avenid, un surnom pour le quartier du centre de Rio de Janeiro où la plupart des immigrants juifs d’Europe de l’Est s’était installée entre les années 1920 et les années 1960. Ici, les juifs ont échangé le klezmer et d’autres musiques européennes traditionnelles avec celles de leurs voisins afro-brésiliens pauvres. Le quartier fait partie d’un district plus grand, connue comme « Little Africa » est qui est maintenant reconnu comme le berceau de la samba.
Des thèmes juifs s’infiltrent souvent dans la majestueuse parade de Rio, bien que ce ne soit pas le cas cette année. En 2003, l’école de samba Mangueira a gagné la deuxième place – oui, il y a un jury et un trophée – pour avoir décrit l’histoire des dix commandements, notamment avec un char en forme d’étoile de David et des costumes décorés de payot, de tefiline, de petites Torahs et de toupies.
Cependant, la parade de Rio mélange souvent le sacré et le profane, et est célèbre pour ses controverses incendiaires autour des musiques et des thèmes de samba.
En 2008, par exemple, un char prévu sur un thème juif par l’école de samba Viradouro avait fait les gros titres pour avoir présenté des piles de corps de victimes de l’Holocauste et même un Hitler dansant. Heureusement, il a été interdit avant que le spectacle ne commence.
Et comme la plupart des Brésiliens, les juifs de Rio feront partie des fêtards applaudissant leur école de samba préférée.
Les blocos de rue de Rio
Les blocos sont des groupes de fêtes de rue qui dansent joyeusement, chantent, boivent, flirtent, embrassent et font, eh bien, n’importe quoi au milieu des habiles batteurs de samba. Cette année à Rio, 505 blocos devraient se produire.
Fondé par un groupe de 13 jeunes, dont neuf juifs, le bloco Sargento Pimenta – « Sergeant Pepper » en portugais – est rapidement devenu un phénomène. Il attire environ 180 000 personnes qui veulent danser et chanter sur les versions samba des tubes des Beatles.

Environ 10 % des 140 musiciens de Pimenta sont juifs.
Pimenta a joué dans des mariages juifs où des chansons traditionnelles juives étaient jouées.
« Mais notre bloco n’a pas de religion, il appartient au carnaval », a déclaré à JTALeonardo Stul, l’un de ses fondateurs.
Eretzopolis ou Guarushalayim
Après un trajet de 90 minutes en voiture depuis Rio, vous atteignez Teresopolis, une agréable ville montagneuse. Tant de juifs de Rio ont une maison de vacances là-bas qu’elle est aussi connue comme Eretzopolis, un jeu de mots avec Eretz Yisrael, la Terre d’Israël. Ceux qui n’ont pas d’appartements là-bas ont souvent des amis ou de la famille qui en ont.
Pendant le carnaval, la petite population juive locale de 500 personnes triple avec l’afflux de résidents de Rio à la recherche de températures plus fraîches et d’un environnement plus paisible.
Mais pour ceux qui ne peuvent pas se déconnecter de l’excitation, le bal de carnaval tenu par la WIZO – l’association mondiale des femmes juives dédiée à la protection sociale – est l’endroit où il faut être, particulièrement si vous avez des enfants.
Parce que Pourim est toujours proche du carnaval, la fête juive est toujours le thème. Le concours de reine Esther, qui clôture le bal, est indispensable pour les petites filles. Voyez si pouvez voir combien sont habillées comme Elsa de « Frozen ».
« Nous sommes très heureux de voir que notre bal est devenu un évènement attendu de notre communauté » a déclaré la présidente de la WIZO Brésil, Silene Balassiano, à JTA.
Pour les juifs de Sao Paulo, l’endroit traditionnel pour échapper à la folie du carnaval est un appartement dans la ville côtière de Guraruja – parfois connue comme Guarushalayim, l’amalgame de Yerushalaim, Jérusalem en hébreu, et de Guaruja.
Shalom, Bahia !
Bahia, au nord-est du Brésil, est connue comme l’état le plus musical du pays. Il est l’épicentre de la culture africaine ici et le lieu de naissance de la capoeira, un art martial brésilien.

La capoeira fait un carton en Israël – au point qu’environ 2 000 touristes israéliens débarquent à Salvador, la capitale de Bahia, entre décembre et le carnaval, selon une source juive locale.
Oubliez les sambadromes ici, à la place, les Israéliens et les juifs locaux se rencontrent à « trios eletricos ».
Contrairement au blocos de Rio, qui sont quasi stationnaires, les trios sont des camions avec des enceintes et surmontés d’une scène qui se déplace le long des trois routes officielles dans les rues de la ville. Derrière eux, environ deux millions de personnes dansent le long de plus de 20 kilomètres de rues.
Pendant le carnaval, les synagogues locales accueilleraient environ 200 Israéliens pour des diners de Chabat.
« La vaste majorité a des sacs à dos et vient de finir son service militaire en Israël, et vient fêter ça en Amérique du Sud », a déclaré Mauricio Laukenickas, qui dirige une agence de voyages locale. « Que vous soyez Israélien, ou d’où que vous veniez, baruch haba au carnaval de Bahia. »
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