Israël en guerre - Jour 347

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Comment les proches des otages ont lancé leur offensive médiatique

En quelques jours, les familles ont attiré l'attention du monde entier, dont celle du président des États-Unis – mais pas celle du gouvernement israélien

Des journalistes photographient des affiches de personnes disparues avant une conférence de presse sur les otages israéliens, parmi lesquels se trouvent des Britanniques, dans un hôtel de Londres, le 12 octobre 2023. (Crédit : AP/Kirsty Wigglesworth)
Des journalistes photographient des affiches de personnes disparues avant une conférence de presse sur les otages israéliens, parmi lesquels se trouvent des Britanniques, dans un hôtel de Londres, le 12 octobre 2023. (Crédit : AP/Kirsty Wigglesworth)

TEL AVIV (JTA) — Ce week-end, Ruby Chen se réjouissait de célébrer la bar-mitsvah de son fils Alon avec le frère aîné du garçon, Itay, qui devait rentrer de son service militaire.

Mais vendredi, au lieu de se concentrer sur les préparatifs de cet heureux événement, Chen a participé à un appel vidéo avec le président américain Joe Biden pour évoquer notamment Itay, 19 ans, qui était en poste à la frontière de Gaza et qui a disparu depuis l’assaut du groupe terroriste du Hamas le 7 octobre.

Chen, investisseur israélo-américain en capital-risque, a rejoint les proches de 13 autres Américains portés disparus depuis l’attaque, au cours de laquelle les terroristes du Hamas ont massacré plus de 1 400 Israéliens, en ont blessé des milliers et ont enlevé entre 150 et 200 personnes, dont une majorité d’Israéliens.

Depuis, les proches de ces Israéliens disparus ont formé un bataillon médiatique, s’organisant via des groupes de messages. En quelques jours, ils ont attiré l’attention du monde entier – et notamment celle du président des États-Unis. Néanmoins, ils n’ont pas encore pu échanger avec l’un des principaux concernés, le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

En 2006, l’activisme d’un seul couple de parents en faveur de leur fils capturé – le soldat Gilad Shalit – a déclenché un mouvement mondial. Aujourd’hui, des centaines de familles suivent leurs traces. Des bénévoles du monde entier tapissent les murs de leurs villes avec des photos de personnes disparues.

Leurs noms et photos se sont répandus sur les réseaux sociaux. Avec l’aide d’agents de relations publiques de crise et par des conférences de presse, leurs proches veulent s’assurer que leurs noms ne soient pas oubliés, alors qu’Israël se prépare à intensifier sa guerre contre le Hamas à Gaza.

Les parents du sergent Nachshon Wachsman, un soldat de Tsahal qui a été kidnappé et retenu en otage par le Hamas pendant une période de 6 jours, après quoi il a été exécuté lors d’une tentative de sauvetage, rendent visite aux parents du soldat enlevé Gilad Shalit dans une tente de protestation installée en face de la résidence du Premier ministre Netanyahu, le 25 août 2010. (Crédit : Miriam Alster/FLASH90)

« Toutes les familles avaient le sentiment qu’elles devaient se décharger d’un poids », a déclaré Chen à Kan, la chaîne publique israélienne, à propos de leur entretien avec Biden, qui a duré une heure et demie. Chen a expliqué que Biden avait fait référence à ces moments de la vie lors desquels il avait lui-même perdu des proches, et s’est engagé à aider les recherches des otages.

Chen a ajouté, dans des commentaires traduits de l’hébreu : « Si seulement les disparus et les captifs recevaient la même attention de la part du gouvernement israélien. Où est le Premier ministre d’Israël ? Pourquoi ne nous parle-t-il pas ? »

Cet effort se déroule parallèlement à une initiative menée par le National Council of Jewish Women [Conseil national des femmes juives], basé aux États-Unis, qui a mobilisé un certain nombre d’éminentes militantes et célébrités – dont Debra Messing, Gal Gadot, Helen Mirren, Amy Schumer et bien d’autres – pour une lettre appelant à la libération de toutes les femmes et enfants détenus par le Hamas et l’apport de soins médicaux aux otages.

La présidente du groupe, Sheila Katz, a déclaré à la Jewish Telegraphic Agency qu’elle connaissait personnellement six personnes qui auraient été prises en otage – une famille de cinq personnes et Vivian Silver, une éminente militante pacifiste qui a quitté le Canada pour s’installer en Israël.

« Des individus innocents ne devraient pas être utilisés comme monnaie d’échange pour quelque cause ou objectif que ce soit », peut-on lire dans la lettre du groupe, qui a recueilli 5 000 signatures dès ses 12 premières heures de mise en ligne. « Les nourrissons, les enfants, les mères et les personnes âgées retirés de leur foyer doivent être rendus en toute sécurité à leurs proches. »

Les frères et sœurs Gidi et Noa Chiell de la vallée de Jezreel, portés disparus depuis le 7 octobre après l’attaque contre la rave party Supernova. (Autorisation)

Le groupe de familles israéliennes a réussi à attirer l’attention du gouvernement, en rencontrant vendredi Gal Hirsch, un général que Netanyahu a chargé de la question des otages. Mais après la réunion, Mary Loubton, sœur de Tamar Goldenberg, portée disparue, a clairement indiqué que les familles cherchaient toujours des réponses.

« Ont-ils été enlevés, sont-ils morts ? », a-t-elle déclaré dans un communiqué. « Qu’arrive-t-il à tous les corps qui n’ont pas encore été identifiés ? Pourquoi ne reçoivent-ils pas d’aide de l’étranger pour une identification rapide par ADN ? Pourquoi devons-nous rester dans le flou, avec toutes ces difficultés ? »

Ce groupe a trois revendications : la libération immédiate de tous les otages, l’ouverture d’un couloir humanitaire pour leur fournir des soins médicaux et l’intervention des dirigeants mondiaux.

Les efforts pour que les familles des disparus s’organisent ont commencé peu après le début de l’assaut. Haïm Rubinstein, un professionnel de la communication, a appris la nouvelle de l’attaque et a compris que le gouvernement, débordé par la nécessité de repousser l’assaut surprise qui l’a pris au dépourvu, ne répondrait pas dans l’immédiat aux familles recherchant leurs proches.

« J’ai compris que l’État n’allait rien faire », a déclaré Rubinstein, qui n’a pas de proche porté disparu mais qui s’est lancé dans cet effort.

Noa Argamani, Israélienne kidnappée par des terroristes du Hamas, dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. (Crédit : Capture d’écran utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Ce soir-là, il a vu une interview télévisée de Moshe Or, dont le frère, Avinatan, et la copine de celui-ci, Noa Argamani, ont été capturés par le Hamas après l’attaque de la rave party, au cours de laquelle les terroristes ont massacré 260 personnes. Une vidéo montrant l’enlèvement du couple a largement circulé en ligne.

Rubinstein a appelé Or et les deux hommes se sont rencontrés le lendemain matin. « J’ai dit à Moshe : ‘Prenons le relais’, et nous avons immédiatement commencé à travailler. »

Ils ont commencé par créer un groupe de messages WhatsApp avec les proches de disparus. Quelques heures plus tard, des proches de 70 Israéliens disparus avaient rejoint le groupe. Jeudi, ce nombre était passé à 341 – il continue à varier. Chaque fois que ce chiffre baisse, Rubinstein pense : « C’est un mauvais signe. Cela veut dire qu’ils sont morts. » Ces proches sont ensuite transférés vers un autre groupe WhatsApp, destiné aux personnes endeuillées, explique-t-il.

« Je n’ai pas pleuré depuis 20 ans », a déclaré Rubinstein. « Je n’ai pas pleuré lors des funérailles de mon père. J’ai toujours pensé que je ne savais pas pleurer. Cette semaine, je n’ai pas arrêté de pleurer. »

Peu de temps après, les efforts de Rubinstein se sont associés à deux autres initiatives pour les familles des Israéliens disparus. L’une était dirigée par Dudi Zalamanovitch – si sa fille a survécu au massacre, le neveu de son épouse a disparu – et l’autre par Ronen Tzur, un ancien député travailliste devenu professionnel de la communication. Tzur n’a aucun parent parmi les disparus, mais un de ses employés recherchait deux cousins dont les corps ont été finalement retrouvés vendredi, a déclaré Rubinstein.

Ils sont désormais réunis au sein du Forum des otages et des familles disparues, dont Rubinstein est le porte-parole et Tzur le directeur. Zalmanovitch a fait don de bureaux au groupe. Celui-ci a lancé jeudi soir une campagne de collecte de fonds qui, dès le premier jour, a permis de récolter 500 000 dollars. Il a organisé la réunion avec Hirsch, le responsable du gouvernement, qui a attiré 500 proches d’Israéliens disparus.

Sharon Lifschitz, à gauche, et Noam Sagi à une conférence de presse sur les otages israéliens, parmi lesquels se trouvent des Britanniques, dans un hôtel de Londres, le 12 octobre 2023. (Crédit : AP/Kirsty Wigglesworth)

Et le groupe a recruté des centaines de bénévoles de tous les domaines : des psychologues, des professionnels des réseaux sociaux ou d’anciens élèves du bureau du porte-parole de Tsahal, qui rassemblent les histoires des otages et des disparus et les diffusent, ainsi que leurs photos, dans le monde entier.

Cet effort a atteint les États-Unis, où des volontaires de tout le pays ont affiché des photos des otages, avec leurs noms, sur les murs et sur des panneaux d’affichage à travers le pays. Leurs photos, notamment celles de jeunes enfants et d’octogénaires, ont également été largement diffusées en ligne, accompagnées du hashtag #BringThemHomeNow.

Le groupe s’est également élargi pour inclure des familles de citoyens américains et d’autres ressortissants étrangers portés disparus ou pris en otage, dont certains s’organisaient de manière indépendante jusqu’à ce qu’ils soient invités à participer à cet effort plus large.

« C’est le chaos, mais du chaos positif », a déclaré Ruby Chen à propos du bureau de Tel Aviv. « Ils ont de bons membres. Tout le monde a de bonnes intentions et se rassemble. Je pense que cela fait partie de l’ADN du peuple juif, en particulier du peuple israélien. Dans des moments comme celui-ci, on met de côté toutes les divergences politiques pour se rassembler dans l’unité. »

Le forum s’appuie également sur l’expertise d’Israéliens qui ont participé à des efforts précédents pour la libération de d’autres otages capturés par le Hamas. Il a fait appel à David Meidan, un ancien officier du Mossad qui a dirigé les négociations pour la libération de Shalit. La réunion de vendredi comprenait aussi Simcha Goldin, père de Hadar Goldin, soldat tombé au combat dont le corps est détenu par le Hamas depuis près d’une décennie.

« Il est regrettable que les familles aient dû faire cela par frustration vis-à-vis des canaux officiels », a déclaré Chen. « Je crois fermement que nous sommes soudainement devenus une famille. »

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