Concluant son témoignage, Hadas Klein fustige « la cruauté » de ses détracteurs
Cette témoin déterminante du procès pour corruption de Benjamin Netanyahu s'en est prise à ceux "qui ont choisi de me nuire et de me salir" pendant son passage à la barre
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Une témoin déterminante dans le procès pour corruption du leader de l’opposition, Benjamin Netanyahu, a terminé mercredi son passage à la barre en faisant encore part des cadeaux luxueux qu’elle avait contribué à remettre à l’ex-Premier ministre et à sa famille.
Hadas Klein était l’assistante personnelle du milliardaire australien James Packer et du producteur de Hollywood Arnon Milchan. Elle est une témoin essentielle dans la dite Affaire 1000, dans laquelle Netanyahu et sa famille sont accusés d’avoir reçu des cadeaux de luxe en échange de contreparties offertes aux deux magnats.
Klein est allée dans le détail des cadeaux offerts au couple Netanyahu pendant son témoignage, décrivant des livraisons de cigares de prix, de bouteille de champagne ou la remise d’un bracelet serti d’un diamant. La défense, de son côté, a cherché à minimiser la valeur des cadeaux et d’autres parties de son témoignage, et le parquet a voulu, mercredi, renforcer encore son récit au cours de cette dernière apparition devant le tribunal.
Klein était visiblement émue à la sortie de l’audience – comme elle avait d’ailleurs pu l’être lors d’audiences précédentes. Alors qu’elle se tenait aux abords de la salle où elle a témoigné, elle a indiqué qu’elle avait subi « la cruauté » de certains Israéliens qui s’étaient opposés à ce qu’elle avait pu raconter aux juges.
L’audience de mercredi a été consacrée au réexamen de l’interrogatoire du parquet suite à la fin du contre-interrogatoire mené par la défense de Netanyahu, mardi.
Le parquet a notamment tenté d’aborder la question de la crédibilité de Klein en tant que témoin digne de confiance.
L’avocat de la défense, Amit Hadad, avait cherché à saper sa crédibilité de différentes manières pendant son contre-interrogatoire, mettant notamment en cause son affirmation que la plus grande partie des cigares onéreux qu’elle avait achetés pour le compte de son employeur, le producteur de Hollywood et homme d’affaires Arnon Milchan, dans la période des faits, était bien destinée à Netanyahu.
Mais le procureur Alon Gildin a lu à voix haute le récit fait à la police par le conducteur de Milchan, Yonatan Hasson, qui avait déclaré à cette occasion « que 99 % » des cigares avaient été achetés pour Benjamin Netanyahu.
« Ce que Yonathan a dit, ce que vous êtes en train de lire maintenant, c’est ce dont je me souviens aussi. C’est ce que j’ai dit, j’ai dit que la majorité des cigares était achetée pour Netanyahu », a déclaré Klein.
Suite à sa dernière apparition devant le tribunal, Klein a eu des mots durs pour ceux qui s’en étaient pris à elle pendant son témoignage.
Au mois d’août, le journaliste Eli Zipori avait photographié le domicile de Klein à Herzliya et il avait posté le cliché sur Twitter. Klein avait alors porté plainte pour harcèlement.
« J’ai découvert ce qu’il y a de beau chez les Juifs, mais j’ai aussi malheureusement découvert ce qu’il peut y avoir de cruel. Un petit nombre d’individus violents qui ne me connaissent ni moi, ni ma famille mais qui ont fait le choix de me nuire et de me salir », a-t-elle indiqué.
« J’ai fait ce que je devais faire », a-t-elle estimé, ajoutant qu’elle n’avait fait que son devoir de citoyenne en apportant son témoignage.
Le témoignage de Klein avait commencé au mois de juillet et il est considéré comme déterminant dans ce procès à l’encontre de Netanyahu.
L’acte de mise en examen qui a été émis dans le cadre de l’Affaire 1000 contre l’ancien Premier ministre accuse Netanyahu de s’être livré à des conflits d’intérêt en offrant son aide à Milchan lors du renouvellement du visa de résidence aux États-Unis de ce dernier. Il précise que cette aide – en plus des 700 000 shekels environ de cadeaux qui auraient été offerts à Netanyahu et à son épouse sous forme de cigares, champagne, bijoux et autres objets de luxe – est constitutive de fraude et d’abus de confiance.
Le témoignage initial de Klein, explosif, avait permis de dévoiler l’ampleur des cadeaux offerts et réclamés par Netanyahu et par son épouse, Sara.
Klein a ainsi raconté avoir personnellement remis des bouteilles de champagne, des cigares et des bijoux au couple Netanyahu, décrivant dans le détail les pressions constantes et les réclamations du couple.
Elle a aussi évoqué la manière dont Milchan était parvenu à obtenir un visa américain de dix ans en 2013 et la façon dont l’ex-Premier ministre avait organisé un appel téléphonique entre l’homme d’affaires et le secrétaire d’État américain de l’époque, John Kerry, pour garantir que le milliardaire bénéficierait bien de ce visa.
L’équipe de la défense de Netanyahu a essayé, pour sa part, de trouver des failles dans les récits de Klein en affirmant que l’ex-Premier ministre et son épouse étaient liés à Milchan par une véritable amitié, et que les cadeaux faits par le producteur étaient entrés dans le cadre exclusif de cette affection. Les avocats ont affirmé que la quantité réelle de champagne et de cigares offerts au couple Netanyahu était inférieure à ce que disait Klein.
La défense a aussi fait remarquer pendant le contre-interrogatoire que les cadeaux faits à Netanyahu et à son épouse avaient commencé avant qu’il ne devienne Premier ministre en 2009 et qu’à au moins une occasion, Sara Netanyahu avait acheté un cadeau apparemment précieux à la femme de Milchan, Amanda, ce qui démontrait que la relation d’amitié entre les deux coupes était réciproque.
La défense du chef de l’opposition a aussi déclaré que la conduite de la police avait été problématique pendant l’enquête, soulignant notamment que Klein avait rencontré des policiers dans un parking souterrain et qu’elle leur avait remis des documents alors même que les agents n’avaient aucun mandat le justifiant.
Si certains aspects mineurs du témoignage apporté par Klein n’ont pas résisté à un examen plus minutieux, ces contradictions sont restées très marginales.