Contre l’antisémitisme, une caravane à travers le Royaume-Uni
L'installation de sensibilisation aux clichés antisémites est organisée par le Centre national et musée sur l'Holocauste
A la sortie d’une station de métro au nord de Londres, une caravane transformée en salle d’exposition itinérante intrigue les passants avec son slogan : « Je dis britannique, vous répondez juif ».
« Entrez donc! » invite l’un des organisateurs de cette installation de sensibilisation aux clichés antisémites, organisée par le Centre national et musée sur l’Holocauste, qui va faire le tour de l’Angleterre.
« L’idée c’était (…) d’amener le musée vers les gens et de faire circuler cette exposition éphémère et mobile dans les rues pour engager la conversation avec de nouveaux publics », explique à l’AFP Maiken Umbach, conseillère du Musée national de l’Holocauste, dont le siège est à Nottingham, dans le centre de l’Angleterre.
L’exposition, inaugurée vendredi dernier, va quitter Londres vendredi pour Manchester avant de parcourir d’autres villes du pays.
Elle était prévue de longue date, notamment dans la foulée de la controverse autour de l’ex-dirigeant travailliste Jeremy Corbyn, accusé d’avoir laissé l’antisémitisme prospérer au sein du Labour.
« Notre mission est devenue plus urgente depuis le 7 octobre » et l’attaque du groupe terroriste islamiste Hamas en Israël, « qui est devenue une excuse pour exprimer publiquement » des vues anti-juives et anti-Israël, poursuit Mme Umbach.
La guerre à Gaza a éclaté lorsque le Hamas a envoyé 3 000 terroristes armés en Israël, le 7 octobre, pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage plus de 240 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza, où 132 sont toujours retenus.
Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.
Plus de 24 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé dirigé par les terroristes du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza. L’armée israélienne affirme avoir tué plus de 9 000 membres du groupe terroriste à Gaza, en plus d’un millier terroristes à l’intérieur d’Israël le 7 octobre.
« Nous ne sommes pas là pour dire qu’il n’y a pas beaucoup de critiques légitimes qui peuvent être faites sur le gouvernement actuel israélien sur ce qui se passe à Gaza, où les civils souffrent terriblement, mais ça ne devrait jamais être une excuse pour articuler et diffuser du racisme anti-juif dans les rues de notre pays », insiste Mme Umbach.
Au Royaume-Uni comme dans d’autres pays dont la France, les actes antisémites ont flambé depuis le 7 octobre.
Lors d’immenses manifestations pro-palestiniennes et pro-Hamas à Londres, la police a procédé à plusieurs arrestations et dit rechercher des manifestants « liés à des crimes de haine » antisémite.
Mme Umbach dit que depuis l’installation de l’exposition itinérante à Londres vendredi dernier, « ça a été formidable d’avoir des conversations avec des gens très différents ».
Plus pertinent que jamais
L’exposition évoque en particulier le « concept d’identité duale », important dans un pays multiculturel comme le Royaume-Uni, « comme si être juif, ou noir, ou musulman voudrait dire qu’on n’est pas aussi 100 % britannique », remarque Mme Umbach.
Très interactive, la petite exposition veut montrer l’origine de certains clichés qui se perpétuent à travers le temps en se modernisant, comme celui du juif avare, utilisé même dans certaines pièces de William Shakespeare.
Elle célèbre aussi la diversité ou la contribution de la communauté juive au Royaume-Uni en mettant en avant des stars comme Amy Winehouse, ou par des questions humoristiques (« quelle communauté compte deux fois plus de fans de football que la moyenne nationale »?).
Mark Cave, directeur du Musée national sur l’Holocauste se réjouit notamment des conversations parfois vives que la caravane a générées avec des gens qui se rendaient à des manifestations de soutien aux Palestiniens et à Gaza: « ce sont des face à face que nous n’aurions pas eus » dans un cadre d’exposition traditionnel.
« Nous ne voulons pas sermonner mais inviter à utiliser un peu plus son sens critique », insiste-t-il.
A l’intérieur, plusieurs personnes déambulent. Kevin Riordan, un retraité qui vit à Leeds, au nord du pays, était en route vers le métro depuis son hôtel, quand il a vu la caravane et y est entré, piqué par la curiosité.
Il estime que ce type d’installation est « plus pertinent que jamais » depuis le 7 octobre : « On a besoin d’être informé pour avoir un point de vue sur le sujet ».