Contrer le boycott d’Israël à Hollywood
Pour la Communauté créative pour la Paix qui a reçu la signature de 200 personnalités pour une pétition pro-Israël, un carnet d'adresses est une arme de choix
Dimanche matin, les pages de papier glacé de Variety, The Hollywoord Reporter et Billboard avaient quelque chose de plus que les nouvelles de castings, d’embauche et de licenciement : une pétition signée par près de 200 vedettes d’Hollywood critiquant fortement le Hamas et soutenant Israël.
Seth Rogen, Arnold Schwarzenegger, Bill Maher et Sylvester Stallone étaient parmi les signataires, tout comme Amy Pascal (coprésidente de Sony Pictures) et Sherry Lansing (ancienne PDG de Paramount).
Après six semaines de l’opération Bordure protectrice, un antisémitisme mondial considéré par certains comme ayant atteint des niveaux sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, des dizaines de vedettes d’Hollywood, de Penelope Curz, Javier Bardem, à Selena Gomez et même jusqu’à Madonna l’admiratrice de la Cabale, ont tous utilisé les médias sociaux pour critiquer les actions d’Israël à Gaza, cette pétition constitue un coup majeur.
Derrière le document qui porte aussi les noms de Minnie Driver, Ziggy Marley, Mayim Bialik, Kelsey Grammer et Aaron Sorkin, se trouve une organisation appelée la Communauté créative pour la Paix, un groupe ouvertement pro-israélien de professionnels du secteur et de volontaires motivés qui, ensemble, ont combattu le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) sur la scène des plus brillantes et des plus fréquentées par les célébrités du monde.
« Tant que nous avons la vérité de notre côté, tout ce que nous avons à faire est de donner les faits », explique Ran Geffen-Lifshitz, qui a cofondé la Communauté créative pour la Paix en 2011, avec David Renzer, de Spirit Music et Steven Schnur, d’Electronic Arts. Ce qui a commencé comme un projet de trois initiés dotés d’un bon réseau à Hollywood s’est développé aujourd’hui en l’un des mouvements activistes pro-Israël les plus efficaces, bien que très discret, à Hollywood.
Geffen-Lifshitz, le fondateur basé à Tel Aviv de MMG Music, prenait son petit déjeuner à l’hôtel Dan avec Renzer et Schnur, tous deux en visite, lorsque l’organisation est née. Le trio discutait du mouvement BDS, qui en 2011 avait évolué d’une petite gêne à une machine extrêmement bien huilée, soutenue mondialement et avec une influence anti-Israël.
Des groupes musicaux annulaient des concerts à Tel Aviv ; des réalisateurs se retiraient de festivals de cinéma à Haïfa et à Jérusalem ; l’art et la culture, qui avaient pendant si longtemps été un point d’intersection et de conversation, étaient devenus un nouveau champ de bataille dans la guerre des activistes anti-Israël.
« Nous voulions informer la Communauté créative de la vérité à propos d’Israël et essayer d’utiliser l’art, le divertissement, la créativité comme un pont entre les gens plutôt qu’un élément de division », explique Geffen-Lifshitz. « Si quelqu’un s’oppose à la politique israélienne, nous l’invitons à venir ici et à exprimer son opinion. Ne nous interdisez pas. Interdire quelque chose n’est pas une solution. »
Les trois ont commencé tranquillement à recruter parmi leurs amis et collègues de travail, dont des personnalités les plus influentes du show-business à Los Angeles. Au cours des années suivantes, chaque fois qu’un artiste devait se produire à Tel-Aviv, et que le mouvement BDS faisait pression pour annuler, la CCP était là, en appliquant sa contre-pression de soutien, d’information et d’encouragement. Aujourd’hui, disent-ils, il n’y a pas une star, de Justin Timberlake aux Rolling Stones et à Alicia Keys, qui n’a pas été approchée, avant sa performance en Israël.
Ils ne feront aucun commentaire sur leur relation avec les plus grands artistes qui se sont produits en Israël, expliquant qu’ils tendent la main à chaque interprète. Ils ne divulgueront pas qui sont leurs bailleurs de fonds. Mais en dépit de leur insistance à rester sous le radar, quelques histoires de succès qui remontent à la surface.
Lorsque Cyndi Lauper est venue en Israël en hiver, un des points forts de sa visite était le salon LGBT à Tel-Aviv, où elle a rencontré des militants homosexuels, et a pu s’exprimer sur la démocratie et la diversité en Israël. Cela a été un énorme succès et tout a été organisé et animé par la CCP.
Un mois avant, en juillet 2013, Eric Burdon, l’ex-chanteur des Animals, a annulé un spectacle prévu à Tel-Aviv après un lobbying intense de la part des militants pro-palestiniens. La campagne, que CCP décrit comme « bien coordonnée » et « violente », l’a conduit, disent-ils, à craindre réellement pour sa sécurité physique s’il donnait suite. La CCP est intervenue, et lui a expliqué que le mouvement BDS était bien coordonné et qu’il se nourrissait de la désinformation et de l’antisémitisme. Ils l’ont convaincu qu’il serait parfaitement en sécurité en Israël. Il a changé d’avis et a maintenu son spectacle.
La CCP est différente d’autres organisations en ce qu’elle ne cherche pas à créer une masse de soutien sur le terrain ou à recruter un grand nombre de bénévoles pour faire son travail. L’organisation a aussi tendance à se détourner de la presse, préférant focaliser son attention sur les artistes et les célébrités.
Mais si la CCP a choisi de publier sa pétition dimanche, c’est pour remédier à l’état désastreux de l’image d’Israël dans le monde.
« Nous pensons que la musique est mieux utilisée pour communiquer que le silence », explique Geffen-Lifshitz. « Chaque artiste qui annonce qu’il jouera en Israël est contacté par notre association, et nous essayons de lui faire comprendre ce qui va se passer en lui décrivant comment il va être attaqué. Nous constatons que si nous les préparons à ne pas être surpris, leur vie devient beaucoup plus facile. Et si nous mettons ces revendications en perspective, en expliquant que cela fait partie d’une campagne coordonnée, que c’est comme ça que fonctionne BDS, ils comprennent ce qui se passe et ce que nous faisons vraiment ».
Plusieurs concerts de grande envergure étaient sur le point d’être annulés, et la CCP a réussi à les maintenir, a fait savoir l’organisation. Elle ne fournit pas les noms spécifiques des artistes ou les dates, mais un coup d’œil à sa base de données, et à sa pétition en ligne montre que son influence à Hollywood est tout sauf superficielle.
Le texte de la pétition mise en place par la CCP appelle à la paix, tout en rappelant au monde que le Hamas est une organisation terroriste qui a pour but la destruction d’Israël.
« Nous, soussignés, sommes attristés par la perte dévastatrice de vies endurée par les Israéliens et les Palestiniens dans la bande de Gaza. Nous sommes peinés par la souffrance des deux côtés », peut-on lire. « Même si nous restons fermes dans notre engagement pour la paix et la justice, nous devons aussi rester fermes contre l’idéologie haineuse et génocidaire de la charte du Hamas, dont l’article 7 stipule : ‘Un Juif se cache derrière moi, viens et tue-le !’ »
La pétition insiste : « Le Hamas ne peut être autorisé à envoyer des roquettes sur les villes israéliennes, il ne peut être autorisé à tenir son propre peuple en otage. Les hôpitaux sont là pour la guérison, pas pour cacher des armes ».
La question demeure : comment rassembler toutes ces signatures ? « Nous avons écrit aux personnes que nous connaissions. Et ces gens ont contacté les personnes qu’ils connaissaient. Et nous avons fait tout cela en une semaine », déclare Geffen-Lifshitz.
La liste aurait pu être plus longue, dit-il, mais il y avait un besoin d’urgence. « Si nous avions attendu plus longtemps, nous aurions eu plus de signatures. La sympathie qu’Hollywood a pour Israël est immense et cela ne reflète qu’une partie des noms qui auraient pu nous rejoindre ».
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