Coronavirus : Washington accuse l’Iran d’avoir « menti à sa propre population »
L'Iran est frappé de plein fouet par le coronavirus ; Rohani a rejeté une proposition, conditionnelle, d'assistance américaine en dénonçant les sanctions "vicieuses" de Washington

L’émissaire américain pour l’Iran Brian Hook a accusé jeudi Téhéran d’avoir « menti à sa propre population » sur l’ampleur de l’épidémie du coronavirus dans ce pays durement frappé, exprimant sa consternation que l’Iran ait refusé l’aide américaine.
« L’Iran a menti à sa propre population à propos du coronavirus. Les autorités ont dit aux habitants qu’il ne fallait pas s’inquiéter alors qu’au même moment le virus se propageait dans tout le pays », a affirmé M. Hook à des journalistes lors d’un déplacement à Paris.
« Et aujourd’hui, la conséquence de cette mauvaise gestion et de ce manque de transparence du gouvernement (iranien), c’est que ce pays connaît l’une des pires épidémies de coronavirus dans le monde », a-t-il critiqué.
L’Iran est frappé de plein fouet par le nouveau coronavirus. Avec 107 personnes ayant succombé au Covid-19, selon les derniers chiffres officiels, l’Iran est, avec l’Italie, l’un des pays où l’épidémie a fait le plus de morts après la Chine.
Pour autant, le président iranien Hassan Rohani a rejeté mercredi une proposition, conditionnelle, d’assistance américaine pour aider son pays à combattre la maladie en dénonçant les sanctions « vicieuses » de Washington.
Nombre d’Iraniens sont pris au piège d’une pénurie de médicaments, liée à ces sanctions américaines. Rétablies en 2018 après que les Etats-Unis se furent retirés de l’accord sur le nucléaire iranien conclu trois ans plus tôt, ces mesures punitives asphyxient l’économie iranienne.

Les autorités de Téhéran affrontent actuellement une « crise de légitimité et de crédibilité qu’elles ont elles-même engendrée », a affirmé M. Hook, critiquant la répression des manifestations de novembre 2019 et l’actuelle crise économique et rappelant que les autorités iraniennes ont mis trois jours à reconnaître que c’est un tir iranien qui a abattu, « par erreur », un avion de ligne ukrainien début janvier.
La République islamique d’Iran et les Etats-Unis n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1980.
« Nous savons qu’il y a des insuffisances dans leur système de santé et nous voulions y remédier », a poursuivi jeudi le responsable américain.
« Nous aurions aimé qu’ils acceptent notre offre sincère », a-t-il ajouté, accusant Téhéran de dépenser « des milliards » en Syrie tout en négligeant son système de santé.
L’Iran, aux côtés de la Russie, a apporté un soutien financier et militaire au régime du président syrien Bachar al-Assad dans le conflit déclenché en 2011 par la répression de manifestations pacifiques. Téhéran dit avoir déployé ses forces en Syrie à l’invitation de Damas et uniquement pour des missions de conseil.