Cour suprême : Netanyahu doit dire quand il a parlé avec Adelson
Les juges ont tranché : les discussions du Premier ministre avec le milliardaire propriétaire d’Israël Hayom relèvent de l’intérêt public
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

La Cour suprême a jugé lundi que le Premier ministre Benjamin Netanyahu devait publier les dates de ses appels téléphoniques avec le magnat des casinos Sheldon Adelson, milliardaire juif américain qui est un soutien financier essentiel et le propriétaire du quotidien gratuit Israël Hayom.
Selon le jugement, le Premier ministre devra également publier les dates de ses conversations avec Amos Regev, l’ancien rédacteur en chef du journal.
Israël Hayom est perçu comme fortement pro-Netanyahu dans son orientation, et les appels téléphoniques pourraient permettre d’éclairer l’étendue des relations entre l’administration de Netanyahu et le quotidien, ainsi que de possibles conflits d’intérêts.
La Cour suprême a rendu sa décision alors que Netanyahu semble s’enfoncer dans ses problèmes juridiques. Il est notamment soupçonné d’avoir tenté d’obtenir une couverture plus favorable d’un concurrent d’Israël Hayom en échange de la réduction de la diffusion du gratuit.

La décision de la Cour fait suite à un appel de Raviv Drucker, journaliste de la Dixième chaîne, et annule un jugement de 2016 de la cour des magistrats de Jérusalem, qui annulait déjà une décision de la cour du district de Jérusalem de 2015, qui demandait à ce que l’information soit rendue publique.
Le jugement se base sur la Loi sur la liberté de l’information, estimant que l’information est d’intérêt public.
Dans son jugement, la Cour suprême a noté que Netanyahu était ministre des Communications à l’époque de la demande initiale, et par conséquent « responsable de la politique du gouvernement envers les médias d’Israël ». La demande de publication des informations sur ses discussions avec le propriétaire et le rédacteur en chef du journal le plus distribué du pays revêtait alors une importance particulière.
« L’intérêt de la publication de cette information pour le public surpasse les considérations pour le droit à la vie privée de Netanyahu et Adelson », a écrit le juge Menachem Mazuz dans son jugement.
Nirit Blair, qui dirige le Mouvement pour la liberté de l’information, a déclaré que le jugement de la Cour montre que les personnes publiques ne peuvent plus utiliser leur droit à la vie privée pour éviter l’attention de la population.
« Le jugement de la cour précise qu’il n’est plus possible de cacher des secrets sur des revendications de vie privée afin d’échapper à la critique publique. Au final, [le droit à] la vie privée est fait pour nous protéger nous, les citoyens, et non le gouvernement et les propriétaires du capital et de la presse », a-t-elle déclaré dans un communiqué adressé au Times of Israël.