Coût de la vie : Smotrich est « déconnecté et élitiste », accuse Shlomo Karhi
Dans une lettre cinglante, l'élu du Likud dénonce des mesures "ne profitant qu'aux riches" et dit avoir perdu confiance dans le ministre des Finances
Le ministre des Communications Shlomo Karhi, du parti Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, s’en est pris lundi au ministre des Finances Bezalel Smotrich, le qualifiant, ainsi que les fonctionnaires du ministère, de « déconnectés et élitistes » et les accusant de ne pas s’attaquer de manière adéquate à l’augmentation du coût de la vie dans le pays.
L’attaque contre Smotrich intervient alors qu’Israël est confronté à une inflation persistante et que le gouvernement doit faire face à des critiques publiques selon lesquelles il aurait négligé la question pour donner la priorité à ses projets de réforme du système judiciaire.
« Le Premier ministre Benjamin Netanyahu n’a pas formé de commission ministérielle sur le coût de la vie sans raison », a déclaré Karhi lors d’un entretien avec le site d’information Ynet, faisant référence au groupe que le Premier ministre a annoncé qu’il formerait la semaine dernière et qui s’est réuni pour la première fois lundi. « Le cabinet socio-économique dirigé par Smotrich ne s’est réuni qu’une seule fois pour des questions sans rapport et sans raison. »
Karhi a affirmé que Smotrich, du parti d’extrême droite HaTzionout HaDatit, était « prisonnier » des fonctionnaires du ministère des Finances.
Karhi a déclaré qu’il avait perdu confiance en Smotrich et s’en est pris en particulier à un projet de subventions partielles pour les crèches destinées aux parents salariés, qui, selon lui, ne tient pas compte des besoins des personnes les plus vulnérables. Il a critiqué la coalition pour avoir proposé une politique édulcorée, après que Netanyahu a fait campagne sur la promesse d’une crèche gratuite pour tous les parents d’enfants jusqu’à trois ans, dans la période précédant les élections de novembre.
« Le fait qu’il n’accorde des crédits d’impôt qu’aux riches au lieu d’offrir la gratuité de l’instruction témoigne de sa déconnexion totale avec la réalité. Cela montre que vous êtes un élitiste qui ne sait pas ce qui se passe dans la périphérie [le nord et le sud d’Israël, généralement plus défavorisés]. Je viens de la périphérie et je sais ce qui arrive aux gens qui ne savent pas quoi acheter au supermarché parce qu’ils n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Cette déconnexion ne peut plus se durer. »
Karhi a néanmoins défendu le budget de l’État 2023-2024 récemment adopté, rejetant les critiques concernant l’importante allocation de fonds à la communauté haredi.
Le mois dernier, les législateurs ont ratifié le budget 2023 de 484 milliards de shekels et le budget 2024 de 514 milliards de shekels, mettant fin à des mois de querelles de coalition sur les priorités de financement et satisfaisant les demandes des partis haredim et d’extrême droite, qui ont le pouvoir de faire tomber le gouvernement de Netanyahu.
« Personne n’a fait de cadeaux », a insisté Karhi. « Il y a aussi de bonnes choses dans le budget ».
Dans les plans de dépenses pour les deux prochaines années, le gouvernement a approuvé l’allocation de milliards de shekels à des causes qui, selon le ministère des Finances et d’éminents économistes, n’inciteront pas la communauté haredi à entrer sur le marché du travail et la rendront moins qualifiée pour le faire, et étoufferont la croissance économique.
La critique cinglante de Karhi à l’égard de Smotrich n’a toutefois pas été partagée par son collègue ministre du Likud, Israël Katz. S’adressant à Ynet, Katz a exhorté tous les ministres à travailler ensemble, car « c’est ce dont le public a besoin et ce qu’il attend du gouvernement en ce moment ».
« Je fais confiance au ministre des finances. Il fait partie de l’équipe », a déclaré le ministre de l’Énergie.
Les Israéliens ont été confrontés à des hausses agressives des taux d’intérêt et à l’inflation au cours des derniers mois. Le mois dernier, la Banque d’Israël a relevé son taux d’intérêt de référence pour la dixième fois consécutive, augmentant les coûts d’emprunt de 25 points de base pour atteindre 4,75 %, alors qu’elle s’efforce de freiner la croissance récente de l’inflation.
Les hausses de la Banque d’Israël ont rapidement augmenté les coûts des détenteurs de prêts hypothécaires qui luttent pour rembourser leurs mensualités. Au cours de l’année écoulée, le coût moyen des paiements hypothécaires mensuels a augmenté d’environ 1 000 shekels.
En outre, au cours des dernières semaines, les plus grands fabricants de produits alimentaires d’Israël ont annoncé des augmentations de prix dans le secteur de la vente au détail, en particulier pour les produits laitiers et les produits tels que le pain, le café instantané, le sucre et le cacao.
Les sondages ont montré que le public n’est pas satisfait de la performance du gouvernement en la matière, estimant que la coalition se concentre sur sa réforme judiciaire controversée au lieu de s’occuper de la spirale du coût de la vie.
Un sondage publié le mois dernier par l’Institut israélien de la démocratie a montré que la plupart des Israéliens pensent que le coût élevé de la vie est dû à l’inaction du gouvernement, 27 % accusent les grands monopoles et 3 à 4 % attribuent la responsabilité aux fabricants locaux, aux importateurs ou aux chaînes de supermarchés.
Sharon Wrobel a contribué à cet article.