Crif : Les juifs de France ont « le sentiment angoissant d’être devenus des citoyens de 2e zone »
"Dans le pays qui a accordé la pleine citoyenneté aux Juifs dès 1791, quand pourrons-nous, à nouveau, vivre sans crainte notre judéité ?", a martelé Roger Cukierman au dîner annuel du Crif
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Roger Cukierman, a assuré lundi à Paris que les Français juifs avaient « le sentiment angoissant d’être devenus des citoyens de deuxième zone ».
En raison des attaques ou menaces jihadistes et des actes antisémites, « nous vivons une vie retranchée », a-t-il déclaré lors du dîner annuel du Crif.
« Nous avons le sentiment angoissant d’être devenus des citoyens de deuxième zone. Cet ostracisme isole et traumatise », a assuré le responsable de la vitrine politique de la première minorité juive d’Europe, forte d’un demi-million de membres.
« Dans le pays qui a accordé la pleine citoyenneté aux Juifs dès 1791, quand pourrons-nous, à nouveau, vivre sans crainte notre judéité ? », a martelé Roger Cukierman.
Après avoir affirmé plus tôt dans la journée que dans de « très nombreuses écoles », les enfants juifs sont « battus, insultés parce que juifs », Roger Cukierman a lancé lors du dîner : « Quand verrons-nous des propositions révolutionnaires pour que l’école publique redevienne l’école de tous les Français ? »
Dénonçant « des messages haineux en hausse exponentielle » sur internet, le dirigeant juif a jugé que des « règles nouvelles » devaient être « imposées à Facebook, Twitter et Google pour freiner cette évolution ».
« L’état d’urgence doit aussi s’appliquer sur internet », a lancé Roger Cukierman au Premier ministre français Manuel Valls, en soulignant que Pharos, la plateforme gouvernementale de lutte contre la cybercriminalité, « devrait disposer de plusieurs centaines d’employés au lieu de quelques dizaines, seulement, aujourd’hui ».
Manuel Valls, qui remplaçait le président de la République François Hollande, retenu à Bruxelles par un sommet extraordinaire UE-Turquie sur la crise des migrants, a fustigé de son côté « l’antisionisme, c’est-à-dire tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël ».
Le Premier ministre a déclaré que « les Français juifs ne doivent pas douter de la France ». Il a notamment annoncé, en réponse à un souhait du président du Crif, que la « disposition visant à sortir les délits antisémites et racistes du droit de la presse pour les faire rentrer dans le droit commun » figurerait dans un projet de loi « soumis au Parlement au printemps ».
"Les juifs de France ont bâti la France, et ils doivent continuer de la bâtir." @manuelvalls #DinerDuCrif
— CRIF (@Le_CRIF) March 7, 2016
"Il y a aussi la haine d'Israël, l'antisionisme, qui n'est autre qu'un synonyme de l'antisémitisme." @manuelvalls #DinerDuCrif
— CRIF (@Le_CRIF) March 7, 2016
Le Crif a aussi adressé un message aux forces de sécurité françaises :
#DinerDuCrif – "Des policiers, gendarmes, des soldats protègent nos synagogues, nos écoles, je veux ce soir leur exprimer notre très profonde gratitude."- Roger Cukierman, Président du CRIF
Posted by CRIF on Monday, March 7, 2016
Le 31e dîner du Crif a réuni « plus de 850 personnes » dans un hôtel parisien, avec un impressionnant parterre de personnalités politiques, diplomatiques ou religieuses. Parmi les convives figuraient au moins une demi-douzaine de membres du gouvernement, et la plupart des prétendants de la droite à l’investiture pour la présidentielle de 2017.
Dîner du #CRIF : "Oui, les musulmans seront là ce soir" @RogerCukierman #E1matin https://t.co/5hDDaK6v2A
— Europe 1 (@Europe1) March 7, 2016