Cuba : Un militant politique juif s’éteint à l’âge de 94 ans
Max Lesnik Menéndez s'est battu pour un rapprochement entre Cuba et les États-Unis et pour le droit du peuple cubain à décider de son avenir

Le militant politique cubain Max Lesnik Menéndez est décédé, le 8 mars, à Miami, à l’âge de 94 ans. Sa mort a été annoncée par la radio qu’il dirigeait, Radio Miami Today, et a notamment été rapportée par la radio publique cubaine, Radio Habana Cuba, et en France par le journal L’Humanité.
Fils d’une mère cubaine et d’un Juif originaire de Pologne ayant fui les persécutions antisémites, Max Lesnik est né en 1930. Initialement proche du Mouvement du 26 juillet de Fidel Castro, il s’oppose à la dictature de Fulgencio Batista.
Cependant, après le triomphe de la révolution cubaine le 1er janvier 1959, Lesnik devient rapidement déçu par l’orientation communiste du régime castriste, et notamment son rapprochement avec l’URSS. Il s’exile alors aux États-Unis, où il s’établit à Miami, comme de nombreux intellectuels et opposants politiques cubains à l’époque.
En 1960, il fonde l’influent magazine Replica, qui critique à la fois le gouvernement cubain et l’extrémisme des exilés anticastristes. Ses positions modérées en faveur du dialogue entre Cuba et les États-Unis lui valent de nombreuses menaces de la part de groupes radicaux.
Tout au long de la décennie 1979-1990, il est la cible de onze attentats à la bombe, le forçant à fermer son journal.
Militant pour la réconciliation entre les deux pays, Max Lesnik plaide pour la levée de l’embargo américain et le rétablissement des relations diplomatiques. Il entretient des liens avec La Havane et agit comme un intermédiaire influent lors des tentatives de rapprochement.
Il est finalement rentré à Cuba en 1978, après dix-sept ans d’exil et une vie de combat pour le droit du peuple cubain à décider de son avenir.
Sa vie, marquée par son engagement pour un dialogue pacifique malgré les pressions, est racontée dans le documentaire « The Man of Two Havanas », réalisé par sa fille Vivien Lesnik Weisman.
Dans un communiqué, celle-ci a déclaré que son père « était un grand combattant, lié au destin de Cuba depuis sa plus tendre enfance. Sa mort est la conséquence d’une maladie soudaine, mais regrettable, au cours de laquelle il n’a jamais perdu de vue l’idée d’une Cuba indépendante, sans blocus, juste, démocratique et participative. Il a vécu avec ce rêve et, grâce à lui, il a illuminé son chemin de transition de la vie au rêve éternel ».