Dans des endroits reculés… des défenseurs d’Israël bénévoles
Les consuls honoraires qui travaillent pour Israël ne sont pas israéliens et travaillent là où les ambassadeurs ne se trouvent pas

A côté de la « Major League », le corps diplomatique israélien possède aussi une ligue mineure. Outre les 82 ambassadeurs de l’État et les 21 consuls généraux, Israël compte 77 consuls honoraires accrédités.
Juristes et entrepreneurs de premier plan pour la plupart, ils ont été recrutés pour représenter l’Etat juif dans des régions éloignées du globe – des lieux où les diplomates professionnels israéliens se rendent rarement.
Cela inclut l’ancien Premier ministre du Kazakhstan, Sergey Tereshchenko, qui est basé à Almaty, et des diplomates volontaires juifs et non-juifs de Aruba à Erevan, de Porto à Osaka.
« Le consul honoraire est un citoyen respecté d’un pays (qui peut ou ne pas avoir une mission permanente d’Israël) et qui représente Israël dans ce pays, » selon le ministère des Affaires étrangères. Benny Gilbert, par exemple, est basé à Bridgetown, à la Barbade, et Leliana Firisua aux Îles Salomon. Dans ces deux États, Israël n’a ni ambassade ni consulat.
Israël a des ambassades à Londres et à Santiago, mais pas à Cardiff (Pays de Galles) ou sur Iquique (au nord du Chili), qui est l’endroit où Phillip Stephen Kaye et Manuel Greenspan Siguelnitzky vont respectivement arriver. L’ambassadeur d’Israël en Norvège, Rafi Shutz, n’a pas beaucoup de temps pour visiter l’Islande. Voilà pourquoi Pall Arnor Palsson de Reykjavik a été recruté.
Deux consuls honoraires servent même dans des pays avec lesquels Israël n’a plus de relations diplomatiques – Roberto Nelkenbau en Bolivie et Arturo Vaughan au Nicaragua.
« Nous représentons l’Etat d’Israël, la plupart du temps pour l’économie, les produits, les sociétés ou les contacts israéliens, mais aussi pour les questions culturelles, » a déclaré John Manheim, un homme d’affaires de Wassenaar, aux Pays-Bas. « Nous essayons d’améliorer la relation entre les deux pays. »
Cette semaine, quelque 50 des consuls honoraires sont en Israël pour la deuxième Conférence mondiale des consuls honoraires à Israël. Leur emploi du temps comprend des visites à Sdérot et à l’entreprise vinicole d’Emek Haelah, des rencontres avec le président Reuven Rivlin et le ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman, ainsi que plusieurs hauts responsables du ministère des Affaires étrangères.
Les consuls honoraires d’Israël – dont aucun n’est citoyen israélien – ne jouissent pas de l’immunité diplomatique ou d’autres avantages en plus de l’honneur de porter un titre largement symbolique (ils reçoivent des cartes de visite et des plaques avec l’emblème de l’Etat, et des drapeaux israéliens pour orner leurs bureaux, mais la position n’est pas du tout rémunérée).
Et pourtant, certains d’entre eux affirment que les liens qu’ils établissent avec les fonctionnaires et les leaders d’opinion dans leur pays d’origine sont parfois plus précieux que les contacts officiels entre diplomates accrédités.
Les consuls honoraires doivent souvent « corriger ou améliorer les images qui ont cours ici, » explique Manheim, qui occupe ce poste depuis 2010.
« Je peux travailler – et parfois je le fais – 24 heures par jour pour Israël, et ça ne suffit pas. »
Alejandro Orchansky
Il reconnaît qu’il n’est pas un vrai diplomate, il insiste sur le fait que « la diplomatie silencieuse et les contacts officieux » de temps en temps portent plus de fruits que les communications officielles, que les non-fonctionnaires n’ont aucune restriction quant à ce qu’ils peuvent dire, et disposent de plus de latitude pour sortir des sentiers battus.
« Les contacts officieux peuvent créer une meilleure atmosphère. Parfois, les gens, y compris les membres du parlement, ne veulent pas aller à l’ambassade et avoir la ligne officielle du gouvernement, » a déclaré Manheim.
Les autorités néerlandaises, a-t-il noté, cherchent son contact précisément parce qu’il est un local et ne reçoit pas ses ordres directement de Jérusalem.
« Je connais les sensibilités de la communauté néerlandaise. Je sais très bien ce qui les motive et dans de nombreux cas, je suis d’accord avec eux, » a-t-il expliqué, ajoutant que dans certains cas, il ne parvient pas à comprendre la position officielle israélienne – par exemple pourquoi le gouvernement insiste sur la construction au-delà des frontières d’avant 1967 – et refuse ensuite de l’expliquer à ses interlocuteurs.
Plus d’une fois, il a trouvé les relations bilatérales se développer positivement mais devenir perturbées par une annonce israélienne de nouvelles constructions à Jérusalem-Est » dit-il. « Les colonies contribuent à tout casser ».
Le gouvernement israélien reconnaît que ses consuls honoraires ne sont pas toujours d’accord avec chaque décision prise à Jérusalem. Mais le ministère des Affaires étrangères est heureux de toute l’aide qu’il peut obtenir en faisant que la voix d’Israël puisse être entendue dans des contrées où ses diplomates ont peu d’influence.
« Ils partagent tous un amour de l’Etat d’Israël, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont d’accord avec tout ce que le pays décide, » déclare Talya Lador-Fresher, la directrice du protocole au ministère des Affaires étrangères.

« Mais ils représentent certainement le grand public israélien en ce qu’ils croient dans le droit d’Israël à exister et à se défendre. Certains penchent à gauche et certains penchent à droite. Ce que nous voulons pour eux c’est d’être de vrais émissaires d’Israël, et c’est ce qu’ils sont tous. »
Naturellement, les 13 consuls honoraires affectés dans les pays dans lesquels Israël n’a pas d’ambassade – comme le Bénin, Nauru, l’Arménie, le Mozambique et le Cap-Vert – auront de meilleures relations avec les autorités locales que des diplomates israéliens, admet Lador-Fresher.
Dorjpalam Amar, un homme d’affaires russophone qui représente Israël à Oulan-Bator, est probablement plus proche du gouvernement mongol que l’ambassadeur d’Israël à Pékin (qui est aussi ambassadeur non-résident de ce grand pays proche de la Chine), explique-t-elle. « Mais finalement, le régime mongol sait qu’il n’est pas un diplomate plénipotentiaire. Ce n’est pas un ambassadeur mais juste un consul honoraire. Pour des raisons évidentes, ils vont l’écouter et transmettre des messages à l’ambassadeur plus facilement en passant par lui. »
Dorjpalam Amar n’est pas juif mais sa grand-mère l’était et il se sent proche de la communauté juive. En 2006, il a rencontré l’ambassadeur d’Israël en Chine à Oulan-Bator. « L’ambassade d’Israël avait besoin d’un bon représentant de la Mongolie. Voilà pourquoi ils m’ont choisi moi. Et nous sommes heureux comme cela, » raconte-t-il au Times of Israel dans un anglais approximatif.
Le travail volontaire d’Amar au profit de l’Etat hébreu se concentre principalement sur l’aide aux jeunes touristes israéliens qui ont des accidents ou des ennuis dans son pays, et sur la préparation de visites de diplomates israéliens « réels ».
Puisque la position est tout à fait volontaire, il appartient aux consuls honoraires eux-mêmes de comprendre combien de temps et d’efforts (et d’argent…) ils veulent investir. « Vous décidez du minimum, et il n’y a pas de maximum, » estime Alejandro Orchansky, le président de l’Association des consuls honoraires israéliens pour l’Amérique latine et les Caraïbes. « Je peux travailler – et parfois je le fais – 24 heures par jour pour Israël, et ça ne suffit pas. »
Environ deux tiers des consuls honoraires d’Israël sont juifs, mais ce n’est pas une condition préalable pour effectuer ce travail. « Quand un ambassadeur veut nommer un consul honoraire, le fait que la personne soit juive ou non n’est pas un élément majeur dans la décision, » explique Lador-Fresher.
« Ce qui est important, c’est que la personne ait un lien avec Israël, que ça vienne de la Terre Sainte s’il est chrétien, des contacts d’affaires s’il admire l’économie du pays ou encore par le biais d’autres canaux. »
Orchansky, de Cordoba en Argentine – dans les pays où il y a des ambassades, le consul honoraire ne doit pas vivre dans la capitale – a été nommé en 1990, par le président d’alors Chaim Herzog et le ministre des Affaires étrangères Shimon Peres. « Nous le faisons parce que c’est un honneur que nous recevons. C’est très important. Nous le faisons avec notre cœur et toute notre force. »
« Nous le faisons parce que c’est un honneur que nous recevons. C’est très important. Nous le faisons avec notre cœur et toute notre force. »
Alejandro Orchansky
Les consuls honoraires sont habituellement nommés après avoir été recommandés par l’ambassadeur dans leur pays d’origine et confirmés par un comité au ministère des Affaires étrangères à Jérusalem.
En Israël, les consuls honoraires n’ont pas de statut diplomatique, mais ils sont accrédités dans leur pays d’origine, après que le président d’Israël et le ministre des Affaires étrangères signent dans une commission consulaire. Une fois confirmés par leur pays d’origine, ils sont autorisés à agir au nom de l’Etat hébreu comme consuls honoraires.
Israël bénéficie de consuls honoraires depuis l’époque de sa fondation. Pour certains, la position a été héréditaire. David Benaim de Gibraltar, par exemple, est la troisième génération de diplomates israéliens amateurs ; son grand-père avait été nommé en 1952.
« Dans chacun de vos pays, il y a des gens qui ont fait de leur priorité numéro 1 celle de prêcher la haine d’Israël. Ils ont décidé que tous les problèmes dans le monde, la menace numéro 1 pour l’humanité venait de l’Etat juif, » a déclaré lundi le président Rivlin à ce groupe de consuls venus dans sa résidence officielle à Jérusalem.
« Cette haine aveugle ne peut être que le résultat de l’ignorance ou de l’antisémitisme. Nous devons bien sûr dénoncer cela. Mais pour d’autres, nous devons montrer qu’Israël est un pays moderne qui cherche la paix avec ses voisins, et qui donne tellement au monde dans les domaines de la médecine, de l’environnement, de la technologie, de la littérature et bien d’autres encore. »
La tâche des consuls honoraires est «sacrée» a ajouté le président.
« Vous connaissez le Midrash qui dit que la récompense pour une mitsva [commandement] ne va pas à celui qui commence l’acte mais à celui qui le termine. Ainsi, vous qui êtes nos représentants à l’étranger, vous devez être récompensés pour la mitsva de se dresser et de défendre le peuple d’Israël devant le monde entier. »
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