Dans la Haggadah de l’armée, le « mauvais » fils est laïc et les 3 autres sont religieux
Selon le commentaire du livre religieux distribué aux soldats à l'occasion de Pessah, Dieu "permet parfois à nos ennemis de nous attaquer pour nous inciter à nous repentir"
Une Haggadah de Pessah distribuée par Tsahal à ses officiers de la Division des Opérations de l’état-major général a suscité la colère et des allégations de coercition religieuse à la veille de la fête, mercredi.
Le livre religieux, utilisé pour guider les participants au seder de Pessah à travers le récit de l’Exode, contient une section intitulée « Les quatre fils » ou « Les quatre enfants », dans laquelle chaque enfant représente un type de Juif différent.
La version de Tsahal dépeint le « mauvais fils » comme un garçon apparemment laïc qui porte une casquette de base-ball au lieu d’une kippa, a l’oreille percée et tient un chien en laisse.
Le « sage », le « simple » et le « fils qui ne sait pas questionner » sont dépeints de manière plus positive comme des garçons religieux portant une kippa.
La Haggadah est destinée aux enfants, mais elle a été distribuée aux soldats indépendamment de leur statut familial.
Un commentaire dans une section ultérieure de la Hagaddah de l’armée indique aux lecteurs que « le Saint permet parfois à nos ennemis de nous attaquer et de nous faire du mal afin de nous inciter à nous repentir et à nous rapprocher de Lui ».
1. זו הגדת הפסח לילדים שהעניקה חטיבת המבצעים במטכ״ל השנה לקצינות ולקצינים, כאלו שהם הורים וכאלה שלא. ההגדה שחולקה עוררה כעס אצל רבים מהקצינים. למשל: בארבעת הבנים בהגדה, החכם, התם ושאינו יודע לשאול הם ילדים חובשי כיפה. רק הילד ה״רשע״ הוא בלבוש חילוני. pic.twitter.com/6CM1Xqduij
— Or Heller אור הלר (@OrHeller) April 5, 2023
Un autre commentaire dit : « Tout comme Dieu a fait sortir nos ancêtres du pays d’Égypte… nous pouvons nous aussi… nous libérer, avec l’aide de la Torah et de ses commandements, de l’esclavage qui s’empare de nos vies. Nous n’atteindrons notre véritable liberté qu’en marchant sur le chemin de la Torah ».
Les photos des pages les plus controversées de la Haggadah publiées sur les réseaux sociaux ont suscité un certain tollé, un utilisateur de Twitter qualifiant sarcastiquement Tsahal « d’armée de Dieu ». « Quelqu’un a-t-il parlé de coercition religieuse ? », a écrit un autre internaute ; ou encore « Qui a demandé un lavage de cerveau et ne l’a pas reçu ? », a questionné un troisième individu.
Mais certains ont réfuté ces critiques, notant que le texte lui-même dépeint le « mauvais fils » comme quelqu’un qui ne s’intéresse pas à la loi juive orthodoxe – ou halakha. D’autres ont souligné que l’armée israélienne a toujours distribué des textes religieux aux soldats lors de leur cérémonie de prestation de serment et que cette pratique est largement acceptée.
La controverse a éclaté alors que la société israélienne est confrontée à une fracture profonde et croissante, le gouvernement de droite, d’extrême-droite et religieuse dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu voulant faire passer un paquet de réformes, visant a radicalement remanier le système judiciaire, largement controversées et d’autres politiques qui ont déclenché des protestations massives de la part des opposants au gouvernement. Les manifestants estiment que les réformes modifieront fondamentalement le caractère démocratique d’Israël et menaceront les droits fondamentaux des personnes.
L’opposition à la coalition s’est étendue à l’armée, certains réservistes de haut niveau ayant refusé de s’entraîner en signe de protestation, et Netanyahu ayant décidé de limoger le ministre de la Défense, Yoav Gallant, la semaine dernière, après que ce dernier eut mis en garde contre les implications de la réforme judiciaire en matière de sécurité. Gallant – qui n’a pas été, à ce jour, officiellement démis de ses fonctions – est toujours le ministre de la Défense.