Dans l’une de ses dernières interviews, Peres a qualifié Trump « d’ignorant »
Deux semaines avant l’AVC qui lui a couté la vie, l’ancien chef d’État israélien Shimon Peres a mis en garde contre la notion d’une Amérique isolationniste

WASHINGTON – Dans l’une de ses dernières interviews, Shimon Peres a condamné les propositions politiques avancées par le candidat à la présidentielle Donald Trump, les qualifiant d’incroyables et d’ignorantes.
En parlant à la chaine de télévision Bloomberg TV au début du mois, l’ancien chef d’État israélien, décédé mercredi matin à l’âge de 93 ans, avait décrit le candidat républicain comme un isolationniste qui met en danger le rôle de l’Amérique dans le monde.
« L’idée de Mr Trump, d’isoler l’Amérique, est, si je peux dire joliment, une idée incroyable et ignorante », a déclaré l’ancien Premier ministre et président à la télé le 2 septembre à Cernobbio en Italie.
Cette interview était apparemment la dernière accordée aux médias américains avant qu’il ne succombe à son AVC du 13 septembre.
« Les États-Unis ne sont pas à l’extérieur du monde. L’Amérique ne va pas diriger toute seule », a continué Peres, avant d’évoquer le projet de Trump de construire un mur le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique, au frais du Mexique.
« Les murs ne sépareront pas les personnes. Les personnes sont plus fortes que les murs. Elles les construisent et les détruisent, et j’espère que l’Amérique décidera de continuer à diriger le monde avec bienveillance, avec espoir et pour le changement », a déclaré le vainqueur du Prix Nobel de la Paix en 1994.
L’interview n’était pas la première où Peres s’exprimait au sujet de Trump, qui a déconcerté le monde cette année avec son ascension politique improbable.
En août 2016, Peres avait critiqué le précèdent appel des États-Unis à retirer leurs forces armées d’Europe et d’Asie si les alliés du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ne payaient pas davantage pour jouir d’une telle protection.
« Suggérer que les États-Unis mettront un terme dans leurs relations avec les pays du Traité de l’Atlantique Nord, que les États-Unis laisseront le champ libre aux autres pays, à mon avis, c’est une erreur, une grave erreur », avait déclaré Peres le 1er août, à la veille de son quatre-vingt-treizième anniversaire.
Au cours de cette interview, il n’a jamais cité le nom de Trump, probablement pour rester diplomate et rester au-dessus de la mêlée des élections.
Néanmoins, il a défini les États-Unis comme étant « la première superpuissance dans l’histoire à être une donneuse », faisant allusion au changement que Trump semble promouvoir.
« Donner est un acte sage : on se fait des amis, et les amis sont la chose la plus bénéfique que l’on puisse avoir, parce qu’avoir des ennemis, c’est un luxe, qui vous fait perdre du temps et de l’argent. »
Après la mort de Peres ce mercredi, Trump et sa femme Melania ont diffusé un communiqué de condoléancés à la famille de Peres. Ils ont décrit le dernier des pères fondateurs d’Israël comme un « chef d’état accompli, un patriote et un ami des pacifistes ».
« Avec sa main tendue vers la paix et l’amitié, Shimon Peres incarnait la dignité et la grâce dans une région ou les deux sembles être rares », a déclaré Trump.
Les obsèques nationales de Peres auront lieu vendredi à Jérusalem. Le président Barack Obama, l’ancien président Bill Clinton et une importante délégation américaine seront présents, ainsi que Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne et sa délégation.
Les électeurs américains se rendront aux urnes le 8 novembre.