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Dans Raqa ravagée, les traces de la propagande de l’EI sont partout

L'EI avait mis en place une machine de propagande sophistiquée et en plusieurs langues, avec des magazines en ligne, des chaînes de radio et des campagnes sur les réseaux sociaux

Des partisans de l'Etat islamique manifestent à Raqqa, en Syrie, en 2014. (Crédit : capture d'écran YouTube/Vice)
Des partisans de l'Etat islamique manifestent à Raqqa, en Syrie, en 2014. (Crédit : capture d'écran YouTube/Vice)

« Opérations spéciales des soldats du califat ». Dans un « kiosque d’information » à Raqa, une brochure déchirée et tachée de sang laisse deviner la redoutable machine de propagande qui était orchestrée depuis l’ancien bastion du groupe Etat islamique (EI) en Syrie.

Conquise par l’EI en 2014, la ville est rapidement devenue un laboratoire où les jihadistes ont mené les pires exactions et imposé leur loi par la terreur, le tout dans une mécanique médiatique bien huilée.

Mais, depuis que les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes et arabes soutenue par les Etats-Unis, ont chassé l’organisation extrémiste de Raqa, l’épine dorsale de la macabre propagande jihadiste s’est brisée.

Des kiosques gris-bleu en ciment annonçant un « centre de presse » sont visibles un peu partout dans la ville. Les jihadistes y distribuaient des tracts sur leurs conquêtes militaires en Syrie et en Irak, ainsi que des brochures sur le jeûne ou la tenue des femmes.

L’un d’eux se dresse sur la place de l’Horloge, tristement célèbre en raison des exécutions que les jihadistes y menaient. A côté, plusieurs rangées de chaises rouges et vertes font face à un support métallique censé accueillir une télévision. Un écran plat est écrasé au sol.

Une mosquée dans la vieille ville de Raqqa, en Syrie. Illustration. (Crédit : Bertramz/CC BY/Wikimedia Commons)
Une mosquée dans la vieille ville de Raqqa, en Syrie. Illustration. (Crédit : Bertramz/CC BY/Wikimedia Commons)

« Daech [acronyme en arabe de l’EI] avait l’habitude de diffuser ses productions ici pour que les habitants puissent les voir, des images de leurs batailles, de châtiments, des anachid [hymnes islamiques] », affirme Shoresh al-Raqqawi, un combattant des FDS originaire de Raqa.

Avec l’annonce par les FDS de la reprise mardi des dernières poches jihadistes de la ville, la plupart des troupes se sont retirées mais une petite unité, dont le jeune combattant fait partie, est restée pour les opérations de ratissage et de déminage.

‘Chips et bonbons’

Les jihadistes postés au kiosque avaient l’habitude d’arrêter les jeunes hommes se baladant avec un téléphone portable pour effacer les chansons sur leur appareil et les remplacer par des anachid, raconte Shoresh al-Raqqawi.

« Daech regroupait aussi les enfants ici, leur donnait des bonbons, des chips et des biscuits, en leur faisant visionner leurs vidéos et écouter leurs chants », ajoute-t-il.

L’EI avait mis en place une machine de propagande sophistiquée et en plusieurs langues, avec des magazines en ligne, des chaînes de radio et des campagnes sur les réseaux sociaux où il mettait en avant ses prouesses militaires et ses tactiques effroyables.

Une femme arrache les vêtements noirs imposés par l'Etat islamique pour célébrer la libération de Raqqa, le 13 octobre 2017. (Crédit : capture d'écran YouTube/YPG)
Une femme arrache les vêtements noirs imposés par l’Etat islamique pour célébrer la libération de Raqqa, le 13 octobre 2017. (Crédit : capture d’écran YouTube/YPG)

L’organisation terroriste a souvent eu recours à des mineurs pour accroître le facteur choc, vantant ces enfants soldats qu’elle baptisait « les lionceaux du califat ».

Après la chute de Raqa, les médias de l’EI continuent d’opérer depuis d’autres fiefs jihadistes, avec néanmoins un changement de ton, aux accents nostalgiques.

Al-Bayan Radio, Al-Hayat, Al-Fourqan ou Al-Naba… Samedi, les noms et logos des outils de propagande étaient toujours visibles sur des banderoles près de la place de l’Horloge.

Le groupe utilisait ces médias pour diffuser des scènes de châtiments ou même d’exécutions de présumés opposants, notamment des otages occidentaux accusés d’espionnage.

Tracts au sol

Shoresh Raqqawi et son compagnon d’armes Khalil Abou Walid ont souvent été obligés d’assister en direct à ces pratiques.

« Ils fouettaient et frappaient les personnes si fort », se souvient Khalil Abou Walid, racontant à l’AFP comment les magasins fermaient et les habitants se massaient pour assister à ces scènes.

Partout dans la ville, des tracts de l’EI traînent dans les rues ravagées par les combats, fournissant des indices sur le puissant système de gouvernance mis en place par les jihadistes.

Sur une fiche administrative poussiéreuse, un tableau indique le nombre de fois que son propriétaire a reçu la zakat, aumône légale et troisième pilier de l’islam.

Samedi, des officiers étrangers du renseignement, vêtus d’habits militaires et portant des gants orange, inspectaient une maison près du tristement célèbre rond-point Al-Naïm où l’EI procédait aux décapitations et autres atrocités.

« Ils sont à la recherche de présumés QG de l’EI », a indiqué sous le couvert de l’anonymat un combattant des FDS qui les accompagnait. « Ils cherchent des corps, des cartes d’identité ou tout autre renseignement. »

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