Israël en guerre - Jour 369

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"Je vais violer ta mère", dit un agent à un manifestant

De graves violences policières entachent les manifestations hebdomadaires

Une foule s'est rassemblée à Jérusalem, à Tel Aviv et ailleurs, réclamant un accord pour les otages et dénonçant le gouvernement

Les rassemblements hebdomadaires appelant à la conclusion d’un accord sur les otages et à l’organisation d’élections anticipées ont eu lieu samedi soir à Tel Aviv, Jérusalem et dans d’autres villes de tout Israël – mais elles ont été marquées par de graves affrontements avec les forces de l’ordre et par plusieurs arrestations violentes.

Les organisateurs du mouvement de protestation à Jérusalem ont déclaré au Times of Israel qu’ils avaient vu la police arrêter quatre personnes samedi soir en faisant preuve d’une force clairement excessive.

Les rassemblements, qui ont été plus importants et plus passionnés que d’habitude, ont eu lieu dans un contexte de nouvelles initiatives prises par les États-Unis en faveur de la relance des négociations sur les otages – et alors que la colère contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu est de plus en plus forte. Ce dernier avait fait savoir devant les caméras de la Quatorzième chaîne, la semaine dernière, qu’il était prêt à signer « un accord partiel » qui autoriserait les forces israéliennes à continuer les combats dans la bande de Gaza. Un tel accord ne permettrait de rapatrier qu’un nombre limité de captifs, suscitant la fureur des familles et de leurs soutiens.

A Jérusalem, lors de la manifestation qui a lieu, toutes les semaines, sur la place de Paris, proche de la résidence officielle du Premier ministre, un agent de police a insulté et menacé un protestataire qu’il venait d’arrêter en lui disant « Je vais violer ta mère » et en le qualifiant de « fils de p…ute ».

La police israélienne a commenté l’incident, disant que le manifestant était « un provocateur » tout en établissant que le comportement adopté par le policier « n’est pas conforme au discours et à la conduite qu’on est en droit d’attendre de la part d’un agent, même dans une situation agitée telle que celle-ci ».

« Cet incident fera donc l’objet d’une enquête et il sera pris en charge en conséquence », ont ajouté les forces de l’ordre.

Un autre protestataire, à Jérusalem, a été filmé en train d’être appréhendé avec violence par un groupe de policiers, l’un d’entre eux l’immobilisant avec force sur le capot d’une voiture et lui saisissant momentanément la nuque, sous les cris des autres participants qui somment l’agent de le laisser respirer.

Même si les manifestants, à Jérusalem, ont pris l’habitude de bloquer des routes à l’issue des discours qui sont traditionnellement prononcés dans le cadre du mouvement de protestation, il y a eu, cette fois-ci, des initiatives de désobéissance civile dès le début du rassemblement de samedi et les participants ont entonné le slogan « Stop à la guerre » au bruit des tambours et en fermant le carrefour de la place de Paris.

La police a rapidement dispersé les protestataires qui bloquaient la route et ils ont dressé des barricades de manière à les empêcher de revenir à l’intersection.

Des heurts ont aussi éclaté à Tel Aviv, où un rassemblement en faveur des otages a été suivi par une manifestation féroce des familles des captifs aux abords du siège du syndicat de la Histadrout, un très puissant syndicat de travailleurs.

Sur une vidéo, la députée Naama Lazimi (Avoda) est bousculée et saisie par des agents de police malgré l’immunité parlementaire dont elle bénéficie en tant que membre de la Knesset. Elle a ultérieurement confié aux médias qu’elle avait été « agressée » par des membres des forces de l’ordre qui l’avaient tirée par les cheveux alors qu’elle tentait « de venir en aide à un autre protestataire ».

Les manifestants ont allumé un feu devant les bureaux de la Histadrout et ils ont appelé le président du syndicat, Arnon Bar-David, à déclarer la grève générale et à bloquer l’économie israélienne pour convaincre le gouvernement de conclure un accord avec le groupe terroriste palestinien du Hamas, un accord qui ouvrirait la voie à la remise en liberté des 120 otages qui se trouvent encore à Gaza.

Quand Lazimi s’est interposée entre un groupe de proches de captifs qui manifestaient et la police, les agents l’ont alors traînée à l’écart. La politicienne a ultérieurement écrit sur X que les violences commises à l’encontre des familles d’otages et des activistes étaient devenues une habitude.

« C’est une police qui est au service du gouvernement et ce n’est pas une police qui est au service du public mais elle ne me fera pas peur, elle ne nous fera pas peur. La police redeviendra ce qu’elle était et elle sera reconstruite », a-t-elle continué.

Pour leur part, les agents ont affirmé que Lazimi avait tenté d’empêcher les policiers de confisquer le téléphone d’un protestataire qui avait été arrêté pour avoir allumé un feu sur la route.

« Contrairement à son affirmation consistant à laisser croire qu’elle a été violentée par la police et afin d’empêcher le public d’être trompé et les policiers d’être diffamés, nous établissons clairement qu’en pratique, cette membre de la Knesset utilise son immunité pour perturber le travail des policiers qui tentent de faire leur devoir », a expliqué la police. « Nous regrettons qu’une responsable élue se laisse ainsi aller à un comportement provocateur ».

Plus tôt dans la soirée, lors du rassemblement hebdomadaire du Forum des Familles d’otages et de portés-disparus qui avait lieu sur la place des Otages, à Tel Aviv – un rassemblement qui a été plus calme que les manifestations des opposants au gouvernement dans la ville – ce sont de nombreux frères et sœurs de captifs qui ont pris la parole.

Parmi eux, Danny Elgarat, le frère d’Itzik Elgarat, qui avait été enlevé à Nir Oz. Danny a mis en doute l’efficacité d’opérations telles que le raid de secours qui, le 8 juin, avait permis de sauver quatre otages, disant qu’il n’était pas convaincu que de telles opérations permettraient de relâcher tous les captifs.

Danny Elgarat, le frère de l’otage Itzik Elgarat, s’exprime lors du mouvement de protestation hebdomadaire sur la place des Otages de Tel Aviv, le 29 juin 2024. (Crédit : Adar Eyal/Hostages and Missing Families Forum)

« Ces opérations de secours, ici et là, ne permettront pas de remédier à la situation », a-t-il indiqué, appelant de ses vœux la conclusion d’un accord otages contre cessez-le-feu avec le Hamas. Itzik, a continué son frère, « préférerait mourir que de laisser quelqu’un risquer sa vie pour le sauver ». Danny Elgarat a accusé le gouvernement « d’abandonner les Israéliens » dans « le seul objectif de se maintenir au pouvoir ».

La mère de Tamir Adar, qui était mort en se battant contre les terroristes du Hamas, le 7 octobre, au kibboutz Nir Oz et dont la dépouille avait été emmenée à Gaza, a imploré les décisionnaires de ne pas négliger le rapatriement des captifs décédés.

Yael Adar a commencé son discours sur la place des Otages à Tel Aviv en notant que son fils devait fêter aujourd’hui sont 39e anniversaire : « Je suis devenue mère il y a 39 ans », a-t-elle déclaré en évoquant la naissance de son premier enfant.

Adar a expliqué avoir ressenti « de la honte » quand Yaakov Amidror, ancien chef du Conseil de sécurité nationale, a récemment déclaré que sur les otages se trouvant encore en captivité à Gaza, « 30 à 40 ne sont plus en vie ». Elle a accusé le responsable d’avoir cherché à minimiser l’importance du rapatriement des dépouilles en Israël, « mais l’inhumation est un droit fondamental, ce n’est pas un luxe ».

Sa fille Romi avait pris la parole avant son discours. Elle a parlé de la souffrance qu’elle éprouve en voyant les jeunes enfants de son frère grandir en l’absence de leur père.

A quelques blocs de là, un autre groupe de familles d’otages s’est rassemblé aux abords du siège de la Kirya, sous la porte Begin, avant de continuer son chemin vers le quartier-général de la Histadrout pour appeler à la grève.

Les manifestants allument un feu aux abords de la Histadrut, appelant à la grève générale pour presser le gouvernement actuel et le Premier ministre Benjamin Netanyahu de conclure un accord visant à libérer les Israéliens encore détenus en otage dans la bande de Gaza à Tel Aviv, le 29 juin 2024. (Crédit : Jamal Awad/Flash90)

Les opposants au gouvernement ont aussi fait savoir qu’ils étaient en train d’organiser la fermeture des entreprises et des commerces en date du 7 juillet, neuf mois jour pour jour après l’assaut sanglant qui avait été lancé par les terroristes du Hamas dans le sud d’Israël. Les manifestants accusent le gouvernement d’avoir échoué à l’empêcher.

Les leaders du mouvement de protestation avaient appelé les commerces à rester fermés dans la journée de jeudi, la semaine dernière, un appel qui n’avait guère été suivi.

La guerre à Gaza avait éclaté lorsque 3 000 hommes armés du Hamas s’étaient infiltrés en Israël, le 7 octobre, pour mener une attaque brutale – ils avaient massacré près de 1 200 personnes, des civils en majorité. Les terroristes, qui avaient franchi la frontière par voie terrestre, maritime et aérienne, avaient également kidnappé 251 personnes, qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza. Ils s’étaient livrés à des atrocités, commettant des violences sexuelles à grande échelle.

Il resterait, selon les estimations, 116 otages en captivité à Gaza – mais tous ne seraient plus en vie. 105 civils avaient été libérés au cours d’une trêve d’une semaine à la fin du mois de novembre, et quatre otages avaient été remis en liberté avant cette pause temporaire dans les combats. Sept otages, dont une soldate, ont été secourus vivants par les forces israéliennes, et les corps de 19 otages ont également été récupérés, dont trois avaient été accidentellement tués par l’armée lors d’un incident tragique, au mois de décembre.

L’armée israélienne a confirmé la mort de 12 personnes, qui sont toujours détenues par le Hamas et par les autres groupes terroristes de l’enclave côtière, sur la base de nouvelles informations et autres renseignements obtenus par les soldats sur le terrain à Gaza. Elles avaient été tuées le 7 octobre ou abattues alors qu’elles se trouvaient en captivité.

Le Hamas détient par ailleurs les corps des soldats de Tsahal Oron Shaul et Hadar Goldin depuis 2014, ainsi que deux civils israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui sont tous deux censés être en vie après être entrés dans la bande de Gaza de leur propre gré en 2014 et 2015 respectivement.

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