De “Heil Hitler” à “Shalom Tel Aviv”, les multiples personnages de David Bowie
Amateur de Kabbale et de rituels religieux, la carrière de l’artiste britannique s’est terminée la semaine dernière avec la sortie de son 25e album
C’est l’artiste unique qui étudiait la Kabbale tout en se décrivant lui-même comme un nationaliste aryen. Mais David Bowie, qui est mort dimanche après avoir lutté 18 mois contre le cancer, a sans doute réussi les deux avec son personnage de Thin White Duke (maigre duc blanc) en 1976, un « superman aryen sans émotion ».
Bowie a plus tard attribué son engagement envers ce personnage – complété par des saluts hitlériens supposés et des diatribes fascistes enregistrées pendant des entretiens avec Playboy et d’autres médias – aux drogues brouillant son jugement.
Une fois plus cohérent, Bowie a retiré sa déclaration très citée « Adolf Hitler était l’une des premières rock stars », déclarant qu’il était drogué et « hors de mon esprit, totalement, complètement fou ».
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De manière intéressante, alors que Bowie a autrefois joué Hitler jeune, Internet est bourré d’affirmations infondées sur ses racines juives. (Cependant, le demi-frère plus âgé de Bowie, Terry, aurait été le fils d’un juif français).
C’est juste une bizarrerie de la vie du musicien/acteur dont le truc était de tremper ses orteils dans le lac Bizarre. Qu’il joue Ziggy Stardust au début des années 1970 ou un chanteur de soul aux yeux bleus typique pendant des décennies, la carrière prolifique de Bowie a été marquée par l’innovation et la réinvention. Son 25e et dernier album, « Blackstar », est sorti dans le genre « jazz expérimental ou rock artistique » le 8 janvier 2016.
« Toute ma carrière, je n’ai vraiment travaillé que sur le même sujet, avait déclaré Bowie en 2002 dans un entretien avec l’Associated Press. Les pantalons peuvent changer, mais les vrais mots et les sujets sur lesquels j’ai toujours choisi d’écrire sont des choses qui ont à voir avec l’isolement, l’abandon, la peur et l’angoisse – tous les points culminants de la vie de quelqu’un ».
Sans doute une fausse note de la longue carrière de Bowie, la période du Thin White Duke de 1976 a également produit certains de ses travaux les plus obsédants, y compris « Wild is the wind ».
Pendant cette période, Bowie, émacié et accro aux drogues, a joué son album « Station to station » dans une tournée politiquement controversée – qui a donné lieu à une détention par les agents des douanes de la frontière Pologne/Russie pour détention d’un attirail nazi.
Et ce mois de mai, dans ce qui deviendra plus tard « l’incident de la station Victoria », Bowie a fait une entrée triomphante à Londres dans un cabriolet décapotable tout en faisant ce que des témoins ont affirmé être des saluts nazis.
Bowie a publiquement blâmé son comportement sous drogues, et selon Marc Spitz, auteur de la biographie « Bowie : une biographie » publiée en 2010, « L’on n’a pas besoin d’être spécialiste (ou superfan) pour voir que le soutien, affirmé publiquement et depuis abjuré, au charisme d’Hitler et aux mérites du leader fasciste s’abattant sur la Grande-Bretagne, tout en discutant avec Cameron Crowe dans un entretien célèbre pour Playboy en 1976, était le produit d’une psychose causée par la cocaïne plutôt qu’une réelle fidélité aux notions de pureté raciale ou d’insurrection gouvernementale ».
C’est l’un des plus grands mystères du cerveau de Bowie qui achète un attirail nazi en même temps que l’artiste chante la Kabbale dans la chanson éponyme de « Station to station ».
“Here are we, one magical moment
Such is the stuff, from where dreams are woven
Bending sound, dredging the ocean, lost in my circle
Here am I, flashing no color
Tall in this room overlooking the ocean
Here are we, one magical movement from Kether to Malkuth
There are you, you drive like a demon from station to station…“
Selon un article de 2013 publié dans The Forward par Seth Rogovoy, « L’histoire juive secrète de David Bowie », les paroles « font référence aux émanations divines de l’infini : Kether, ou ‘la couronne’ serait la volonté divine ou la lumière pure, et Malkhuth, ou ‘royauté’, le réceptacle nourricier de cette lumière ».
Rogovoy écrit que Bowie a été dépeint sur le dos de l’album en « dessinant un diagramme des 10 sefirot, une activité dans laquelle il se serait engagé fréquemment tout en enregistrant son album à Los Angeles – un moment pendant lequel il était supposé exploser hors de son esprit sous cocaïne ».
En 1996, n’exprimant apparemment plus aucun sentiment nazi, l’artiste a joué au parc HaYarkon en Israël. Dans une courte vidéo tournée après le spectacle, Bowie se plaint avec le sourire à son interviewer israélien qu’il fait « ham, ham, ham » (chaud) en Israël. Semblant en bonne santé et détendu, Bowie discute de ses projets et déclare « Je pense que je devrais être pressé très fort pour être plus heureux… Cela se voit ? Oui, tout est vraiment cool. »
La vie personnelle de Bowie, en plus de son intérêt pour la Kabbale, a eu plusieurs périodes spirituelles qui ont vu l’artiste explorer le rituel et la religion de différentes fois autour du monde.
Dans une vidéo pour son dernier album, « Blackstar », Bowie se transforme en Lazare, le personnage du Nouveau Testament. C’est une chanson émouvante, du point de vue d’un homme récemment décédé qui parle de ce qui se passe « en dessous ». (La chanson est aussi utilisée dans la production co-écrite par Bowie, « Lazarus », avec Michael C. Hall à New York).
Bowie est dépeint dans la vidéo « Lazarus » portant un linceul, allongé sur un lit de bois avec des pièces sur les yeux – comme en mythologie grecque. Il était prêt, au moins artistiquement, à passer dans le monde souterrain.
Et, dans ses nombreuses incarnations, il peut s’agir d’un endroit où il a été avant. Le biographe Spitz cite un souvenir de la mère de Bowie dans son livre : « La sage-femme m’a dit : ‘Cet enfant a déjà été sur Terre avant’. Je trouvais que c’était une chose plutôt étrange à dire, mais la sage-femme semblait inflexible ».
Peut-être.
Mais comme Bowie l’a une fois dit lui-même : « Je ne sais pas où je vais depuis ici, mais je promets que ce ne sera pas ennuyeux ».
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