Israël en guerre - Jour 498

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Interview

De jeunes élèves de Brooklyn en visite en Israël

"Israël est un endroit compliqué et personne n'a de réponse facile. S'ils comprennent cela, j'ai fait mon travail", a déclaré l'enseignante Jessica Lissy

  • Des élèves de l'école communautaire Hannah Senech et leurs enseignants et guides accompagnateurs, au restaurant Sima, à Jérusalem, le 25 mars 2024. (Crédit : Gavriel Fiske/TOI)
    Des élèves de l'école communautaire Hannah Senech et leurs enseignants et guides accompagnateurs, au restaurant Sima, à Jérusalem, le 25 mars 2024. (Crédit : Gavriel Fiske/TOI)
  • Des élèves de la Hannah Senech Community Day School visitant la "Place des Otages", à Tel Aviv, le 19 mars 2024. (Crédit : Autorisation)
    Des élèves de la Hannah Senech Community Day School visitant la "Place des Otages", à Tel Aviv, le 19 mars 2024. (Crédit : Autorisation)
  • Des élèves de l'école communautaire Hannah Senech avant de monter à Masada, le 24 mars 2024. (Crédit : Autorisation)
    Des élèves de l'école communautaire Hannah Senech avant de monter à Masada, le 24 mars 2024. (Crédit : Autorisation)
  • L'enseignante Jessica Lissy (à gauche) et ses élèves de la Hannah Senech Community Day School lisant un rouleau de la Torah, à Jérusalem, le 25 mars 2024. (Crédit : Autorisation)
    L'enseignante Jessica Lissy (à gauche) et ses élèves de la Hannah Senech Community Day School lisant un rouleau de la Torah, à Jérusalem, le 25 mars 2024. (Crédit : Autorisation)

Aux tables du fond du restaurant Sima, un établissement bien connu du quartier du marché de Mahane Yehuda de Jérusalem, un groupe d’élèves américains de 4e prenait son dernier repas dans le pays après une semaine de visite. Les adolescents s’exprimaient avec fougue tandis qu’ils discutaient et analysaient leurs expériences autour d’un repas composé de viandes grillées à l’israélienne, de salades et de pita.

À l’extérieur, la nuit tombait sur Shoushan Pourim, qui est à la fois le lendemain de Pourim et le jour où cette fête effrénée et carnavalesque est célébrée à Jérusalem. Tout l’après-midi, la rue Agrippas, nommée en l’honneur d’Hérode Agrippa, le célèbre roi de Judée, a été fermée à la circulation alors que des milliers de personnes déguisées faisaient la fête, dansaient et buvaient.

Alors que les derniers participants titubaient et que les équipes de nettoyage se mettaient au travail avant la réouverture de la rue, le Times of Israel s’est assis sur un perron extérieur avec Jessica Lissy, une enseignante en études judaïques qui faisait partie de l’équipe accompagnant les adolescents, originaires de l’école communautaire Hannah Senesh à Brooklyn, New York, une école juive non-confessionnelle qui va de la maternelle à la 4e.

Le voyage annuel en Israël de la classe de 4e est « une grande chose » à l’école, a déclaré Lissy. « C’est quelque chose que les enfants attendent avec impatience depuis la maternelle. D’habitude, il a lieu deux semaines après Pessah, mais ce voyage est totalement différent. Il est axé sur le bénévolat, la cohésion, l’aide à Israël et le sentiment d’appartenir au peuple juif pendant une période très difficile. »

Ce sont les parents qui ont fait pression pour que l’établissement maintienne le voyage annuel, dans une version modifiée, malgré la poursuite du conflit entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas, alors que de nombreuses autres écoles juives réorientent leurs voyages scolaires vers l’Europe ou ailleurs, a expliqué Lissy.

La visite, organisée par Ramah Israël, semble être l’un des seuls, sinon le premier, voyage de collégiens ou de lycéens en Israël depuis le 7 octobre, a-t-elle ajouté.

La rue Agrippas dans le marché de Mahane Yehuda, à Jérusalem, lors de Shoushan Pourim, le 25 mars 2024. (Crédit : Gavriel Fiske/Times of Israel)

« Nous avons été accueillis partout où nous sommes allés, les gens ont pleuré et étaient si reconnaissants que nous soyons venus. Cela signifiait beaucoup pour les enfants. Je pense qu’il y a quelque chose de très important dans le fait d’être ensemble avec d’autres personnes qui ressentent la même chose, après avoir fait l’expérience d’être une minorité dans une culture où les gens ne voient pas la situation de la même manière que vous », a-t-elle noté.

Les élèves apprennent qu’il est normal de ressentir de la douleur pour le 7 octobre

Les communautés juives des États-Unis « se sentent isolées » à l’heure actuelle, a affirmé Lissy.

Ezra Abel, élève de la Hannah Senesh Community Day School, à Jérusalem, le 25 mars 2024. (Crédit : Gavriel Fiske/Times of Israel)

« Je suis une juive libérale typique de Brooklyn et la dernière fois que je suis allée dans ma librairie locale, que j’adore, il y avait tout un étalage sur la Palestine et le colonialisme de peuplement, et j’ai soudain eu l’impression que les gens dans ce magasin me haïssaient », a-t-elle raconté.

Les élèves de Hannah Senesh, qui porte le nom de la poétesse et combattante sioniste, héroïne nationale en Israël, exécutée par un peloton d’exécution à Budapest, en Hongrie, après avoir été condamnée pour trahison par le système judiciaire hongrois de la Croix fléchée, ont fait face aux retombées du conflit de différentes manières, a-t-elle expliqué. Comme beaucoup de Juifs aux États-Unis en ce moment, de nombreux élèves se sont sentis « invalidés, passifs et piégés » par les courants culturels qui tourbillonnent autour d’eux.

« Il y a un autocollant à la station de métro près de notre école qui dit ‘Les sionistes sont des tueurs de bébés’. On voit des affiches d’otages avec des visages arrachés dans le quartier. »

« L’un des moments les plus dévastateurs que j’ai personnellement vécus au cours de ce voyage a été lorsque nous nous sommes rendus sur la ‘Place des Otages’. L’un de nos élèves a demandé à notre guide si les gens arrachaient les affiches ici aussi. À cette question, la guide s’est mise à pleurer. Nous venons ici pour montrer la profonde douleur que nous ressentons pour les Israéliens, et elle montrait sa douleur pour nous », s’est souvenue Lissy.

Mia Edery, élève de l’école communautaire Hannah Senesh, à Jérusalem, le 25 mars 2024. (Crédit : Gavriel Fiske/Times of Israel)

« C’est un endroit où vous n’avez pas à garder votre douleur et votre tristesse à l’intérieur. C’est un endroit où l’on peut se sentir en sécurité, être en colère, être triste, éprouver tous ces sentiments », leur a dit leur guide.

« Aucun d’entre nous, y compris moi-même, n’a eu l’impression de pouvoir faire cela » chez lui, a fait remarquer Lissy.

« Je sais que je suis en sécurité, avec tant d’Israéliens qui peuvent me protéger »

L’itinéraire du groupe a renoncé à certaines expériences traditionnelles au profit du bénévolat, de la rencontre avec des soldats blessés et de la visite de sites associés au conflit. Le groupe a tout de même visité la mer Morte et Massada et a profité d’un Shabbat à Jérusalem, qui a débouché sur la fête de Pourim à la fin du séjour.

Bar Elbaz, élève de l’école communautaire Hannah Senesh, à Jérusalem, le 25 mars 2024. (Crédit : Gavriel Fiske/Times of Israel)

De retour au restaurant, certains des jeunes de 13 ans étaient impatients de parler de leur semaine, réclamant d’être interviewés et photographiés alors que des baklavas et d’autres douceurs étaient distribués à la fin du repas.

« Le voyage a été très amusant et a renforcé notre lien avec Israël, avec notre identité. Nous vivons un moment de guerre et nous connaissons tous quelqu’un qui en a été affecté. Je pense donc que ce voyage a fait une grande différence dans la vie de tous ces enfants », a témoigné l’étudiante Mia Edery, dont le père est israélien.

« Tout le monde a dit à quel point ils se sentaient liés ici. Ils n’ont pas peur de montrer leur opinion ou de dire ce qu’ils ressentent, parce qu’ils sont dans un espace où beaucoup de gens ressentent la même chose », a-t-elle ajouté, faisant écho à d’autres commentaires des élèves et du personnel.

Pour Bar Elbaz, qui est né en Israël mais vit aux États-Unis depuis l’âge de cinq ans, la visite a été « vraiment incroyable » et « super puissante ». « À New York, la situation est tendue, mais en Israël, je sais que je peux être en sécurité, avec tant d’Israéliens qui peuvent me protéger, c’est incroyable. »
Le vendredi soir au Kotel – le mur Occidental – a été un moment fort, a déclaré Elbaz, comme tous les adolescents qui ont parlé avec le journaliste. Les étudiants de Hannah Senesh sont habitués à prier dans un système égalitaire, similaire au mouvement massorti – ou conservateur -, mais « nous avons été accueillis dans de nombreux groupes de Kabbalat Shabbat, j’ai eu l’impression que nous étions acceptés », a-t-il expliqué.

Lev Tzur, à gauche, et Talia Cornwell, élèves de la Hannah Senesh Community Day School, à Jérusalem, le 25 mars 2024. (Crédit : Gavriel Fiske/Times of Israel)

« Tous les soldats et les filles priaient, nous sommes entrés et nous nous sommes sentis vraiment bien accueillis », a confirmé Lev Tsur, un autre Israélo-Américain participant au voyage.

« Je me sens tellement plus en sécurité en Israël qu’à Brooklyn. Ici, on peut exprimer ce que l’on ressent, on peut faire ce que l’on veut en public et personne ne nous jugera, car tout le monde ressent la même douleur. En Amérique, on est critiqué », a-t-elle expliqué.

« Aujourd’hui plus que jamais en Israël, les gens sont si proches. En Amérique, c’est différent, les gens sont si éloignés les uns des autres à cause de la guerre, mais ici, en Israël, ils se rassemblent », a ajouté son amie Talia Cornwell.

Ezra Abel, qui était « un peu nerveux au début », était ravi de participer à des « offices communautaires et à des activités utiles » pendant le voyage. Sa famille n’est pas très pratiquante, a-t-il expliqué, mais « tout le monde était tellement ouvert », en particulier au Kotel. « J’ai trouvé incroyable que tout le monde soit ensemble, partout. »

Adam Shifrin, élève de la Hannah Senesh Community Day School, à Jérusalem, le 25 mars 2024. (Crédit : Gavriel Fiske/Times of Israel)

Alors que la réunion touchait à sa fin, Adam Shifrin, un dernier élève, a insisté pour être interviewé. « Je pense qu’il est important, si vous êtes d’une certaine ethnie, d’essayer d’en savoir plus et d’apprendre à quoi ressemble votre passé. C’est une belle chose. »

« Je veux qu’ils comprennent qu’Israël est incroyable, merveilleux et que c’est chez nous, mais que c’est un pays compliqué avec beaucoup de problèmes énormes qui ne sont pas faciles à résoudre », a conclu Lissy, l’enseignante, avant que le groupe ne retourne à l’hôtel pour se préparer au vol de nuit qui le ramènera chez lui.

« Israël est un endroit compliqué et personne n’a de réponse facile. S’ils comprennent cela, j’ai fait mon travail », a-t-elle ajouté.

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