De l’angoisse à la jubilation, le Likud est passé par toutes les émotions
A la soirée électorale du parti à Tel Aviv, les militants ont vécu des moments de doute et même de morosité, avant d'entrevoir la victoire
D’un optimisme à toute épreuve à une anxiété soudaine, en passant par l’incertitude, avant le soulagement et la jubilation, les partisans du Likud réunis au palais omnisports de Kvutzat Shlomo de Tel Aviv sont passés par toutes les émotions dans la nuit de mardi à mercredi alors qu’ils attendaient les résultats des élections. Il semblerait que Benjamin Netanyahu soit en route pour un cinquième mandat de Premier ministre.
Pendant des jours, Netanyahu et d’autres militants du Likud faisaient passer le message que le parti perdrait face à Kakhol lavan de Benny Gantz. Certains présumaient que cette campagne, volontairement alarmiste, visait à siphonner les votes aux autres partis de droite et à renforcer le Likud ; d’autres craignaient que la décennie de gouvernance de Netanyahu soit sur le point de s’achever.
En arrivant dans la salle mardi soir, on ignorait encore s’il pouvait effectivement crier victoire. Il était encore en train de rassembler les électeurs de droite, les exhortant à voter pour éviter que le gouvernement de droite ne s’effondre.
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Vers 18 heures, les techniciens ont testé les feux d’artifice installés sur l’estrade où Netanyahu devait apparaître plus tard dans la soirée, mais au regard de la campagne « gevalt » (appel au secours) du Premier ministre, qui donnait la victoire à Kakhol lavan, on pouvait se demander pourquoi ils préparaient une fête de victoire.
Quelques minutes avant que les trois principales chaînes de télévision ne publient leurs sondages de sortie des urnes, certains commençaient réellement à s’inquiéter.
Amir Ohana, le premier député du Likud à arriver à la soirée électorale du parti à Tel Aviv a dit avoir été « très optimiste » mais que désormais, « les rumeurs qui circulent ne sont pas bonnes ».
Une vingtaine de minutes plus tard, à 22 heures, les premiers résultats donnaient entre 33 et 36 sièges au Likud, et 36 à 37 à Kakhol lavan, même si Netanyahu restait en meilleure position pour former une coalition.
La réaction des personnes présentes dans la salle était silencieuse. Ce n’était peut-être pas la victoire franche qu’ils espéraient. Mais si les militants ont été déçus des résultats face à ceux de Kakhol lavan, ils se sont efforcés de ne pas le montrer.
« Je me sens très bien ! », a déclaré Racheli Ben Ari-Sakat, qui dirige la section Likud à Raanana. « Je ne suis pas du tout déçue, j’ai toujours pensé que nous pouvions faire mieux que les prédictions des sondages. »
La quasi-totalité des militants du Likud réunis dans la salle mardi soir ont évoqué un sentiment similaire, même si l’ambiance est restée modérée pendant de longues heures, tout particulièrement si on la compare aux soirées électorales du Likud lors des élections précédentes.
En 2015 et en 2013, d’immenses drapeaux fendaient l’air, au milieu d’acclamations à la sortie des premiers résultats. Mardi soir, à l’annonce des premières estimations, tout le monde est resté de marbre.
La musique résonnait dans la salle quasi-vide à l’annonce des résultats. Deux minutes plus tard, un militant du Likud se met à scander « Bibi, Bibi », mais s’arrête quelques secondes après. « Les gars, ce n’est qu’un sondage de sortie des urnes », crie-t-il aux caméras de la télévision qui l’entourent. « En 1996, nous nous sommes couchés avec [Shimon] Peres et nous sommes réveillés avec Netanyahu ».
L’assistant d’un député du Likud déambule avec un drapeau du parti enroulé.
« Non, je n’ai pas envie de l’agiter, c’est ça le problème », dit-il.
Même à 1 heure du matin, alors que les résultats actualisés étaient favorables au Likud, l’ambiance était presque morose. Quand l’arrivée de Netanyahu, depuis Jérusalem, a été annoncée, la musique s’est amplifiée, et deux guitaristes ont chanté en l’honneur du chef du parti, mais le public ne montrait guère d’entrain.
A mesure que la nuit avançait, de plus en plus de drapeaux du Likud étaient visibles (et même un à l’effigie du président américain Donald Trump avec son slogan de campagne « Make America Great Again ») et certains ont commencé à danser en scandant « Bibi, roi d’Israël ».
La plupart des militants affirmaient désormais qu’ils étaient plus que ravis du résultat de ces élections, même si des relents de déceptions ternissaient l’ambiance.
« Merveilleusement bien ! » a répondu Moshe Levy, après qu’un journaliste lui a demandé comment il se sentait. « Les résultats définitifs seront encore meilleurs. Les vrais résultats sont toujours meilleurs que les sondages de sortie des urnes pour nous. »
Certains étaient tout de même disposés à admettre que les choses ne s’étaient pas passées comme ils l’avaient espéré. « Je suis émue. J’attends les bonnes nouvelles », a déclaré Yael Weissman, de Givatayim, une banlieue en périphérie de Tel Aviv. « Je pense que Netanyahu finira par être Premier ministre. Si ce n’est pas le cas, Israël aura tout perdu. Il a été le meilleur dirigeant que ce pays n’ait jamais eu. »
Le militant pro-implantation Elie Pieprz, de l’implantation Karnei Shomron, a reconnu que « c’est un peu décevant, par rapport à la dernière fois ».
En fait, si le Likud obtient 35 sièges ou plus, ce serait le meilleur résultat pour le parti depuis 2003, lorsqu’il a remporté 38 sièges sous Ariel Sharon.
Selon Pieprz, la morosité qui régnait dans la salle n’était pas due aux résultats de l’élection, mais à la mauvaise gestion de la campagne.
« Toute la campagne manquait d’enthousiasme », a-t-il dit. « Ce qui s’est passé, c’est que la gauche a implosé, et nous nous sommes retrouvés avec la droite, et un parti centriste. Et le Likud devait en faire davantage pour contrer Gantz. Mais Gantz n’a pas été impliqué. Il n’a pas dit grand-chose pendant la campagne, n’a pas donné à Netanyahu de quoi l’attaquer. Je pense que c’était intelligent de sa part ».
Ce n’est que vers 1 heure et demie du matin que le porte-parole de Netanyahu a diffusé des vidéos du Premier ministre en route vers Tel Aviv, alors que les chaînes de télévision mettaient à jour leurs résultats, très clairement en faveur d’une victoire du Likud, et c’est alors que l’ambiance a radicalement changé.
La fête a commencé quand Netanyahu est entré dans la salle, à 2 heures et une minute, très précisément.
Alors que les projections indiquaient que le Premier ministre – diminué par une campagne difficile et sous la menace de trois inculpations – maintiendrait son parti au pouvoir à la Knesset, Netanyahu lui-même semblait quelque peu désorienté aux côtés de son épouse Sara, après un baiser.
« C’est la nuit d’une incroyable, incroyable victoire », a-t-il dit face à un public en liesse. « Quand avons-nous décroché tant de sièges ? Je ne m’en souviens même pas. »
C’était « une immense victoire, presque impossible à obtenir », a déclaré Netanyahu.
Et alors qu’il saluait la foule, les pyrotechniciens ont lancé les feux d’artifice derrière lui, signes d’une victoire jubilatoire, exactement comme prévu depuis le départ.
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