De nouvelles images du pogrom diffusées par l’armée
La commémoration du massacre est un jour "d'introspection profonde", selon le chef d'état-major de Tsahal, dans le combat "pour notre droit d'être un peuple libre sur notre terre" ; l'objectif de la journée est de "faire place au deuil", selon Herzog
Israël s’est préparé, dimanche soir, à commémorer le premier anniversaire de la pire attaque terroriste de son histoire – alors même que les blessures du pogrom du 7 octobre saignent encore, que de nombreux Israéliens, éplorés, continuent de chercher des réponses aux horreurs vécues par leurs proches, que le sort réservé aux otages plane sur les cérémonies et que les combats sont toujours engagés sur plusieurs fronts.
Le président Isaac Herzog s’est engagé à « faire place au deuil national ». Pour sa part, le chef d’état-major de Tsahal, Herzi Halevi a promis de procéder à un travail d’introspection profonde et Tsahal a diffusé des images inédites du massacre du 7 octobre – dans un contexte où de nombreuses questions se posent encore aujourd’hui sur le chaos qui avait régné ce jour-là.
« Un an est passé depuis que la vie s’est arrêtée, depuis que le ciel s’est obscurci et depuis que nous avons tous été les témoins de la cruauté monstrueuse de l’ennemi qui cherche à détruire le peuple juif, l’État d’Israël et la société israélienne », a commenté Herzog dans un communiqué qui a été émis dimanche.
« Nous sommes tous encore plongés dans la douleur et nous cherchons à faire de la place pour le deuil national, pour les larmes qui coulent à la suite de cette catastrophe terrible qui nous a frappés », a-t-il dit, annonçant qu’il allait se rendre dans les communautés de la frontière de Gaza dévastées par l’attaque au cours d’un déplacement de trois jours. « Je m’engage à ce que nous reconstruisions, à ce que nous remettions tout à neuf – mais cette reconstruction ne sera pas complète tant que les otages ne seront pas rentrés chez eux », a-t-il ajouté.
Halevi, pour sa part, a indiqué que ce premier anniversaire du pogrom « n’est pas seulement un jour de commémoration, mais aussi une journée qui appelle à un examen de conscience profond. Reconnaître les échecs et en tirer les leçons, tout en examinant les défis, ceux qui ont été et ceux qui restent encore à venir ».
Le chef d’état-major a noté que la « guerre complexe et sur plusieurs fronts » que mène actuellement Israël est une guerre « pour notre droit d’être un peuple libre, sur notre terre ».

« Depuis un an maintenant, nous nous trouvons au cœur d’une guerre complexe qui est sur plusieurs fronts – avec de nombreuses avancées significatives, larges, que nous avons pu enregistrer. De nombreux défis nous attendent encore. Les soldats sont déployés et se battent avec force sur tous les fronts, sans relâche », a-t-il écrit dans une missive adressée aux troupes.
« Une année s’est écoulée depuis le 7 octobre, jour où nous avons échoué dans notre mission de protection des citoyens de l’État d’Israël. Nous sommes maintenant dans les dix jours de repentance [qui séparent Rosh Hashana de Yom Kippour] », a-t-il ajouté. « Nous détruisons les capacités de nos ennemis et nous veillerons à ce que ces capacités ne se reconstituent pas de manière à ce qu’un 7 octobre ne se reproduise jamais ».
L’armée diffuse des images
En amont du premier anniversaire du massacre, l’armée israélienne a diffusé des images inédites du pogrom.
Dans la première séquence, des troupes appartenant à l’unité d’élite « multidomaine », ou unité « fantôme », mènent des opérations au kibboutz Reim, dans la matinée du 7 octobre.
Dans le cadre de la bataille qui avait opposé les soldats à des dizaines de terroristes du Hamas, le commandant de l’unité, le colonel Roi Levy, âgé de 44 ans, avait été tué, ainsi qu’un autre officier, le capitaine Yotam Ben Bassat, qui n’avait que 24 ans.
Sur une deuxième vidéo diffusée dimanche, des images inédites des combats qui avaient eu lieu au commissariat de police de Sderot dont les terroristes avaient pris le contrôle. Plusieurs policiers avaient été tués.
La vidéo avait été été filmée depuis le char du commandant de la 401e brigade blindée, le colonel Benny Aharon, a indiqué l’armée israélienne.
Horreurs à Netiv Haasara
Dimanche, la chaîne d’information N12 a diffusé des images plus complètes des horreurs qui avaient été commises dans la maison de Gil Taasa – des images qui ont été présentées brutes, sans aucun montage. Taasa était un pompier qui vivait dans la communauté frontalière de Netiv Haasara.
Dans le clip, Gil et deux de ses fils courent vers l’abri antiaérien situé dans l’arrière-cour de l’habitation, les rugissements des sirènes d’alerte à la roquette se faisant entendre en ce tout début de matinée. Plus tard, des terroristes font irruption dans l’arrière-cour et ils lancent une grenade à l’intérieur de l’abri. Gil se jette sur la grenade et il est tué – sauvant ainsi la vie de ses enfants, Koren et Shay, qui n’avaient été que blessés. Les terroristes forcent les enfants à retourner dans la maison où l’un des hommes armés ouvre le réfrigérateur, ignorant les supplications des enfants ensanglantés, tout en buvant nonchalamment leur bouteille de Coca-Cola. Ce dernier, Ahmed Fawzi Nasser Muhammad Wadiyya, le terroriste qui avait pris la tête du massacre commis à Netiv Haasara a été récemment tué par l’armée lors d’une frappe aérienne à Gaza.
Après le départ des terroristes, les deux garçons avaient couru jusqu’au domicile de leur mère, Sabine, qui vivait à proximité – séparée de son époux, elle vivait dans une habitation attenante. Ils avaient finalement été sauvés vivants. Le fils aîné du couple, Or, avait lui aussi trouvé la mort, ce jour-là, alors qu’il se trouvait à la plage de Zikim, où il pêchait en compagnie d’amis.
Les images originales qui avaient été tournées à l’intérieur de la maison figuraient dans le cadre du film consacré au pogrom commis par le Hamas qui avait été projeté aux journalistes locaux et internationaux dans les semaines et dans les mois qui avaient suivi l’assaut. Il n’avait été diffusé en Israël qu’au mois de mars 2024, lorsque l’émission d’investigation Uvda, sur la chaîne N12, avait pris la décision de diffuser une partie des images pixelisées.
Au mois de novembre 2023, Sabine Taasa avait déclaré qu’elle ne voulait pas que ces images soient diffusées : « Je ne veux pas qu’elles sortent. Je ne l’accepterai jamais. Je commémore leur vie, pas leur mort ».

Plusieurs mois plus tard, Sabine avait approuvé la diffusion des images – disant qu’elle voulait que le monde puisse voir les atrocités commises. S’exprimant lors d’une réunion de la Commission des droits de l’enfant aux Nations unies à Genève, le mois dernier, Sabine a déclaré que son fils cadet, Shay, avait perdu la vue d’un œil lors de l’attaque et qu’il « ne peut pas dormir sans moi. Il a besoin de moi 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. »
Elle a ajouté que son fils l’appelait « à chaque minute » et que s’il se passait ne serait-ce qu’une heure sans qu’ils ne puissent se parler, il lui disait : « Maman, j’étais presque sûr que quelque chose de grave t’était arrivé. Je ne veux pas que tu meures ».