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Décès de Lalo Schifrin, l’alchimiste des bandes originales

Né Boris Claudio Schifrin dans une famille d'émigrés juifs de Russie, il a été poussé par son père, premier violon de l'Orchestre symphonique de Buenos Aires, à apprendre le piano très jeune

Le compositeur argentin Lalo Schifrin accepte un Oscar honorifique lors du 10e gala annuel des Governors Awards organisé par l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences au Dolby Theater du Hollywood & Highland Center à Hollywood, en Californie, le 18 novembre 2018. (Crédit : Robyn BECK / AFP)
Le compositeur argentin Lalo Schifrin accepte un Oscar honorifique lors du 10e gala annuel des Governors Awards organisé par l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences au Dolby Theater du Hollywood & Highland Center à Hollywood, en Californie, le 18 novembre 2018. (Crédit : Robyn BECK / AFP)

De « Mission: Impossible » à « Bullitt », le pianiste et chef d’orchestre Lalo Schifrin, décédé jeudi à l’âge 93 ans, a composé les musiques de nombreux films et séries devenus cultes, comme celle de « Mission: Impossible ».

Cet Argentin, naturalisé américain en 1969, est le très discret auteur de plus de cent partitions hétéroclites à une époque où les bandes originales étaient considérées comme des œuvres à part entière.

Il a laissé une empreinte indélébile sur le cinéma d’action américain des années 1960 et 1970, au cours d’une carrière marquée par six nominations aux Oscars, un Oscar d’honneur et pluie d’autres honneurs – notamment aux Grammy Awards, l’équivalent musical des Oscars.

Parmi ses petits bijoux, on retrouve la musique minimaliste de la célèbre course-poursuite avec la Mustang de Steve McQueen dans « Bullitt », le syncrétisme d' »Opération Dragon », le funk avant-gardiste de « L’Inspecteur Harry » ou encore le mélange jazz, folk et musique symphonique de « Luke la main froide ».

« La mission d’un compositeur est de trouver le son d’un film et de bâtir un score (une partition, ndlr) sur sa résonance », expliquait-il en 2001 aux Inrocks. Selon lui, la composition pour le cinéma s’apparente au travail de contrepoint, où la musique apporte une nuance que le cinéaste n’a pas filmée.

Boris Claudio Schifrin est né le 21 juin 1932 à Buenos Aires dans une famille d’émigrés juifs de Russie. Poussé par son père, premier violon de l’Orchestre symphonique de Buenos Aires, il apprend le piano très jeune.

Grand connaisseur de musique classique, il se passionne pour le jazz avec Thelonious Monk et Charlie Parker. Puis il découvre le cinéma américain avec George Gershwin dont il entend la « Rhapsodie in Blue » à 14 ans.

Il décroche en 1953 une bourse pour le Conservatoire national de musique de Paris. Avec Olivier Messiaen, il parfait sa culture de la musique symphonique du XXe siècle et son goût pour les correspondances entre les sons et les images.

Pianiste de be-bop au Club Saint Saint-Germain la nuit, il fréquente assidûment la Cinémathèque française. Il en gardait une excellente maîtrise du français, teinté d’un fort accent argentin.

Musique à « forte personnalité » 

De retour en Argentine, il se fait repérer par le trompettiste Dizzy Gillespie dont il écrit les arrangements de « Gillespiana », devenu disque d’or.

Puis René Clément fait appel à lui pour « Les Félins » (1964), avec Alain Delon et Jane Fonda. Alternant tragique et burlesque, harmonie et dissonances, sa partition, petit bijou sonore, jongle entre jazz, musique symphonique et surf-music.

A Hollywood où il est dès lors établi, il rencontre le producteur de télévision Bruce Geller qui lui commande sa plus fameuse partition, « Mission: Impossible » (1966).

Son motif répétitif et syncopé, évoquant si bien l’urgence et le suspense des films d’espionnage, est immédiatement reconnaissable.

Ce thème musical a connu de multiples variations, depuis celle écrite pour la série télévisée des années 1960 jusqu’aux huit longs-métrages avec Tom Cruise incarnant l’agent Ethan Hunt. Le morceau a entre autres permis au compositeur de remporter deux Grammy Awards, équivalent musical des Oscars.

En 1968, il termine la bande originale de « The Fox » et celle de « Bullitt ».

Grâce à la télévision, Schifrin entre dans les foyers et ses partitions au swing cuivré s’impriment dans le cerveau de toute une jeunesse qui grandit avec ses tubes.

Visionnaire, il a été samplé par des artistes du hip-hop et de l’électro comme Portishead. Swing, pop, funk, bossanova, dodécaphonisme: toutes ces rythmiques intégrées à ses partitions ont apporté à ses musiques une modernité intouchable comme en témoigne « The Sound of Lalo Schifrin », une anthologie de son œuvre sortie en 2016.

« Je ne sais pas si j’ai mérité la carrière qui fut la mienne, » disait le musicien à 84 ans. « Ma vie n’est qu’une succession de rencontres faites au bon endroit et au bon moment ».

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