Décès de l’universitaire israélienne, spécialiste du droit, Ruth Gavison
Une ancienne ministre de la Justice a rendu hommage à la lauréate du Prix Israël et souligné "sa profonde inquiétude pour l'identité d'Israël en tant qu'Etat juif et démocratique"

La professeure Ruth Gavinson, spécialiste du droit et lauréate du Prix Israël, est décédée samedi à l’âge de 75 ans.
Gavinson était professeure de longue date à l’université hébraïque de Jérusalem. Elle était la fondatrice de l’Association des droits civiques, qu’elle a présidée entre 1996 et 1999.
Elle avait reçu le prestigieux Prix Israël en 2011 pour ses recherches juridiques.
« Les recherches de la professeure Gavinson traitent des sujets clefs de la loi constitutionnelle de l’Etat d’Israël et [elles traitent] en profondeur et avec courage de la formation de l’identité de l’Etat d’Israël en tant qu’état juif et démocratique », avait déclaré à l’époque la commission.
Née à Jérusalem en 1945, Gavinson a passé une licence à l’Université hébraïque avant d’obtenir son doctorat à l’Université d’Oxford. Elle est devenue professeure à la faculté de droit de l’Université hébraïque en 1974 et son travail était focalisé sur le lien entre loi et morale, religion et état et la nature du droit, entre autres thématiques.
Elle était aussi chercheuse à l’Institut israélien de la démocratie et a servi dans plusieurs commissions publiques. Ella avait été nominée à la Cour suprême, mais elle a été écartée du poste en 2005 après l’opposition du ministre de la Justice de l’époque Aharon Barak, que Gavinson avait critiqué pour son activisme judiciaire.
« Gavinson était un monde dans son entièreté, une abondance fascinante d’idées et d’activités, a déclaré l’Université hébraïque dans un communiqué sur son décès. Elle n’a pas hésite à prendre des positions sur différents sujets, à se retrousser les manches et à travailler dans la sphère publique et sociale ».
« Gavinson est une chercheuse exemplaire et une excellente enseignante qui se distinguait par [son] incroyable courage public », a ajouté l’université.

Le président Reuven Rivlin a rendu hommage à Gavison en tant qu' »une brillante juriste ».
« Sa pensée sensible et complexe, limpide et brillante, ne pouvait se laisser enfermer dans aucune case. En paroles et en actions, elle a placé le ‘et’ entre juif et démocratique, démocratique et juif. Sa voix manquera profondément à notre société et notre pays », a-t-il écrit dans un tweet en anglais.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré que Gavison n’avait jamais peur d’aller à contre-courant.
« Elle a refusé, à de nombreuses reprises, d’accepter les bases de travail juridique admises et a défendu des positions indépendantes, courageuses et révolutionnaires qui ont bouleversé la réflexion sur le droit », a-t-il déclaré dans un communiqué.
D’autres élus lui ont rendu hommage, notamment le chef de l’opposition Yair Lapid.
« Lauréate du Prix Israël, la professeure Ruth Gavison laisse derrière elle un héritage dans de nombreux domaines », a-t-il écrit sur Twitter.
L’ancienne ministre Tzipi Livni, qui avait soutenu la nomination de Gavison à la Cour suprême alors qu’elle servait comme ministre de la Justice, l’a saluée comme un « modèle de justice et de valeurs ».
« Elle a partagé avec moi jusqu’à ses derniers jours son inquiétude profonde pour l’identité d’Israël en tant qu’Etat juif et démocratique, elle a agi pour garantir l’équilibre entre ses valeurs et a trouvé le juste milieu, le dénominateur commun qui relie les différentes parties de la société », a tweeté Livni.
L’ancienne ministre de la Justice Ayelet Shaked, une députée du parti national religieux Yamina qui critique durement l’activisme judiciaire, a souligné que Gavison était célébrée à droite comme à gauche.