Décès de Thomas Buergenthal, survivant d’Auschwitz et ancien juge à la CIJ
Malgré les leçons apprises depuis 1945, les massacres au Rwanda, au Cambodge et au Darfour ont montré la capacité de la société à faire preuve de barbarie, avait-il déploré
Le juriste américain Thomas Buergenthal, rescapé d’Auschwitz et ancien juge à la Cour internationale de justice, est mort à 89 ans, a annoncé mardi la Cour internationale de justice.
« C’est avec une grande tristesse que la CIJ annonce le décès de Thomas Buergenthal, ancien membre de la Cour de 2000 à 2010, lundi 29 mai aux États-Unis », a annoncé sur Twitter la Cour.
M. Buergenthal, né le 11 mai 1934 au sein d’une famille juive à Lubochna (Tchécoslovaquie), a fui l’invasion nazie avec ses proches vers la Pologne.
Après deux années passées dans des ghettos, il avait finalement été arrêté et déporté vers les camps d’Auschwitz, dont il a été un des plus jeunes survivants, puis de Sachsenhausen (Allemagne).
M. Buergenthal avait retrouvé sa mère après la guerre et passé plusieurs années à Göttingen (Allemagne), avant d’émigrer au début des années 50 aux États-Unis, où il suivit des études de droit.
Spécialisé en droit international, il a notamment été membre de la Commission de la vérité pour le Salvador en 1992-93, puis président honoraire de l’Institut interaméricain des droits de l’Homme (IIDH).
Ce spécialiste des droits humains a ensuite intégré la CIJ à La Haye, où il a exercé durant une dizaine d’années.
Principale organe judiciaire des Nations unies, la CIJ, créée après la Seconde Guerre mondiale, a une double mission : régler les différends d’ordre juridique entre États et donner des avis consultatifs.
Il a été le seul à s’opposer à un arrêt clé et non contraignant de la CIJ en 2004, selon lequel une barrière construite par Israël en Cisjordanie était illégale.
M. Buergenthal avait alors rappelé que la décision ne prenait pas sérieusement en compte les victimes « d’attaques terroristes meurtrières répétées en Israël et contre Israël proprement dit, en provenance du territoire palestinien occupé ».
En 2005, il a assisté aux cérémonies organisées à Sachsenhausen avec les survivants des camps du monde entier pour célébrer le 60e anniversaire de leur libération.
Il a déclaré que malgré les leçons tirées depuis 1945, les massacres au Rwanda, au Cambodge et dans la région soudanaise du Darfour ont montré la capacité de la société à commettre des actes de barbarie.
« Aujourd’hui, ‘plus jamais’ signifie souvent ‘plus jamais, jusqu’à la prochaine fois' », avait-t-il déploré.