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Décès du documentariste Marcel Ophüls

Né Hans Marcel Oppenheimer, à Francfort, il devient français en 1938 après le départ de sa famille qui fuit en 1933 les persécutions des juifs par les nazis

Le réalisateur français Marcel Ophüls s'exprime après avoir reçu la caméra de la Berlinale lors du 65e Festival international du film de Berlin, à Berlin, le 11 février 2015. Le réalisateur oscarisé Marcel Ophüls est décédé à l'âge de 97 ans le 24 mai 2025, est annoncé le 26 mai 2025 le petit-fils. (Crédut : Odd ANDERSEN / AFP)
Le réalisateur français Marcel Ophüls s'exprime après avoir reçu la caméra de la Berlinale lors du 65e Festival international du film de Berlin, à Berlin, le 11 février 2015. Le réalisateur oscarisé Marcel Ophüls est décédé à l'âge de 97 ans le 24 mai 2025, est annoncé le 26 mai 2025 le petit-fils. (Crédut : Odd ANDERSEN / AFP)

Documentariste de légende, Marcel Ophüls, décédé samedi à l’âge de 97 ans, s’est fait un (pré)nom grâce à ses films sur l’histoire du XXe siècle dont le plus célèbre, « Le Chagrin et la pitié », sur la France de Vichy, a été interdit d’antenne pendant dix ans.

Chronique d’une ville française — Clermont-Ferrand — sous l’Occupation, le film a scandalisé ses contemporains en dynamitant la légende rose de la résistance. Interdit jusqu’en 1981 à la télévision publique, qui l’a pourtant financé, c’est dès 1971 un succès en salles malgré sa durée (4h15).

Pour se défendre de ce succès, jugé un peu encombrant, Marcel Ophüls aimait à rappeler qu’il s’agissait d’un film de commande, tombé au bon moment.

« Je crois qu’il y a des moments dans l’histoire où si ce n’est pas untel qui s’y colle, ce sera un autre. En 69-70, le mythe gaullisto-communiste touchait à son terme. Il fallait bien que quelque part quelqu’un crève l’abcès », racontait-il au magazine Les Inrocks en 2014.

Avant de s’imposer dans le documentaire, en renouvelant la technique de l’interview et celle du montage, le fils du cinéaste Max Ophüls (« La Ronde ») a longtemps rêvé de fiction. « La comédie et la comédie musicale, c’est vraiment ce que j’aurais voulu faire », confiait-il à l’AFP en 2013.

Hollywood et Mitteleuropa

Né Hans Marcel Oppenheimer, à Francfort (Allemagne) le 1er novembre 1927, il devient français en 1938 après le départ de sa famille qui fuit en 1933 les persécutions des juifs par les nazis, puis Américain après un nouvel exil en 1941 loin de la France collaborationniste.

Il grandit à Hollywood et part en 1947 comme GI au Japon. De retour à Paris en 1950, il débute comme assistant-réalisateur, notamment sur le dernier film de son père, « Lola Montès » (1955).

Grand ami de François Truffaut, il passe derrière la caméra en 1962 avec un sketch pour « L’Amour à vingt ans » et s’essaie à la fiction (« Peau de Banane » en 1963, avec Jean-Paul Belmondo et Jeanne Moreau, « Faites vos jeux, mesdames » en 1965) avant d’opter pour le documentaire, embauché par l’ORTF, la radio-télévision publique française.

De gauche à droite : les acteurs Jean Paul Belmondo, Jeanne Moreau et le réalisateur Marcel Ophüls à Paris, le 26 février 1963. (Crédit : AP Photo/Pierre Godot)

Sa rencontre avec Alain de Sedouy et André Harris, maîtres d’œuvre d’une émission de reportage sur l’ORTF, va donner naissance, après quelques péripéties, au « Chagrin et la pitié ».

Son style, c’est une subjectivité revendiquée, un questionnement au scalpel. La Shoah l’obsède : « je ne crois pas à la culpabilité collective », dit celui pour qui le documentaire est « un remède contre le faux sérieux des commémorations ».

Sa méthode : choisir une idée « porte-manteau », une base qui lui laisse plus de liberté qu’un scénario, mener des entretiens serrés avec des témoins puis effectuer un gros travail de montage avec des citations musicales et cinématographiques en contrepoint.

Oscar en 1989

Les Petits chanteurs viennois rythment ainsi « Hotel Terminus – Klaus Barbie, sa vie et son temps », son chef d’oeuvre qui lui vaut l’Oscar du meilleur film documentaire en 1989, après un tournage épuisant.

Dans « Veillées d’armes, histoire du journalisme en temps de guerre » (1994), l’interview à Sarajevo d’un acteur privé de ses jambes par un obus est ponctuée d’extraits shakespeariens — « Henry V » de Laurence Olivier — ou musicaux — « Yankee Doodle Dandy » de Michael Curtiz.

« Les documentaires restent de la mise en scène », expliquait à l’AFP le cinéaste qui abhorrait le commentaire et « l’hypocrisie faussement objective », mais détestait également qu’on mélange sans prévenir réalité et fiction.

La maîtrise de trois langues l’aidera à interviewer le nazi Albert Speer pour « Memory of Justice » (« L’Empreinte de la Justice », 1976) interrogeant le procès de Nuremberg ou le maître-espion est-allemand Markus Wolf pour « November Days » (1991) après la chute du mur de Berlin.

Un instantané du documentaire sur la Shoah de 1969 de Marcel Ophüls, « Le Chagrin et la Pitié ». (Avec la permission de Kino Lorber)

Après l’échec commercial de « Veillées d’armées », il se réfugie dans le Béarn, dans le Sud-Ouest de la France, et reste de longues années sans travailler. Jusqu’à « Un voyageur », présenté en 2013 dans une salle comble au Festival de Cannes.

Carnet de voyage intime, entrecoupé d’extraits de classiques du cinéma dont des films d’Ophüls père, ce dernier film ramène le réalisateur dans les lieux marquants de sa jeunesse, en Suisse, en Amérique et en France.

Selon sa famille, au moment de sa mort, Marcel Ophüls travaillait à un film quasi achevé sur la montée de l’extrême droite en Europe et aux États-Unis et sur le conflit israélo-palestinien. Il y interrogeait « l’occupation » des territoires palestiniens et le lien possible entre cette situation et le regain d’antisémitisme en Europe.

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