Israël en guerre - Jour 646

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Décès d’une survivante de la Shoah qui avait commencé à danser à 88 ans

Helena Weinstock Weinrauch, New-Yorkaise née à Düsseldorf il y un siècle, avait survécu aux 800 km de la marche de la mort d'Auschwitz à Bergen-Belsen

Helena Weinstock Weinrauch, survivante de la Shoah, qui portait le même pull tricoté à la main au premier seder de Pessah chaque année depuis 75 ans, est décédée à l'âge de 100 ans. (Crédit : Karen Goldfarb)
Helena Weinstock Weinrauch, survivante de la Shoah, qui portait le même pull tricoté à la main au premier seder de Pessah chaque année depuis 75 ans, est décédée à l'âge de 100 ans. (Crédit : Karen Goldfarb)

Le New York Jewish Week a annoncé le décès de la New-Yorkaise Helena Weinstock Weinrauch dimanche, à son domicile de l’Upper West Side, à seulement une semaine de son 101e anniversaire. Survivante de la Shoah, elle était connue pour avoir débuté la danse de salon à l’approche de ses 90 ans.

Son décès serait dû à une insuffisance cardiaque congestive, a rapporté sa nièce Judy Paskind.

« Elle adorait se maquiller et s’habiller », a raconté Paskind, comptable à la retraite. « Hier [lors des funérailles], beaucoup rappelaient à quel point elle était élégante, et elle l’était ! Elle était toujours tirée à 4 épingles. Je crois que je ne l’ai jamais vue sans maquillage jusqu’au début de sa maladie, l’année dernière. »

L’incroyable histoire de survie de Weinrauch ainsi que sa découverte, à 88 ans, des joies de la danse de salon ont fait en 2015 l’objet d’un documentaire appelé « Fascination: Helena’s Story ».

Weinrauch était également connue pour avoir porté chaque année durant plus de 75 ans, à l’occasion du premier seder de Pessah, le même pull bleu tricoté à la main. Ce pull, avec ses manches en angora duveteuse, son corsage bleu métallisé et son col en V orné de festons, avait été confectionné par son amie Ann Rothman, qui avait survécu au ghetto de Łódź et à la Shoah en tricotant pour les épouses des responsables nazis.

« Elle était devenue célèbre dans le ghetto », avait expliqué Weinrauch au New York Jewish Week en 2022. « Elle était si douée qu’elle tricotait des manteaux pour les femmes allemandes. Sa réputation a pris de l’ampleur : Ann pouvait vous tricoter une jupe, un chemisier – tout ce que vous vouliez, elle pouvait vous le tricoter. »

Weinrauch avait vu le jour à Düsseldorf, en 1924, dans une famille de Juifs germanophones. Sa mère, Gisela, était pianiste concertiste. Son père, Maximilian, ingénieur viennois, possédait également des puits de pétrole. Elle avait une sœur, Erna, de 6 ans son aînée.

La famille avait déménagé à Drohobycz, en Pologne (aujourd’hui en Ukraine) pour le travail du père. Weinrauch était âgée de 9 ans au moment de l’arrivée des nazis au pouvoir en Allemagne, en 1933.

En 1939, après une brève occupation par les nazis puis par les Russes, la maison familiale et les puits de pétrole avaient été saisis. Sous l’occupation soviétique, les parents et la sœur de Weinrauch avaient été contraints de se cacher. En raison de son âge, la jeune Helena avait toutefois pu être scolarisée, tout en travaillant à temps partiel dans un bureau.

Weinrauch, à son travail, avait bénéficié d’une fausse identité donnée par son patron, qui lui permettait de continuer à vivre hors de la clandestinité. Un an plus tard, la famille avait été brièvement réunie. Les nazis étaient de retour, marquant une dégradation des conditions de vie des Juifs. Les parents et la sœur d’Helena avaient alors été arrêtés, et elle n’avait jamais revu aucun d’entre eux.

L’identité de Weinrauch avait finalement été découverte, un de ses anciens camarades de classe l’ayant reconnue et dénoncée à la Gestapo. Weinrauch avait alors été déportée à Plaszow, puis à Auschwitz. Elle avait survécu à une marche de la mort de 800 km jusqu’à Bergen-Belsen, et avait été libérée par l’armée britannique le 15 avril 1945.

C’est dans un hôpital en Suède, où elle avait été transportée pour se reposer, qu’Helena a avait rencontré Rothman, également survivant d’Auschwitz.

Deux ans plus tard, Weinrauch avait émigré à New York. Elle avait appris l’anglais en écoutant la radio et en lisant le dictionnaire.

Pour parvenir à gagner sa vie, elle avait travaillé comme assistante dentaire, réceptionniste, infirmière en puériculture et, durant 30 ans, comme rédactrice d’articles médicaux pour le compte d’un professeur de cardiologie et de néphrologie à Manhattan.

En 1951, elle avait épousé Joseph Weinrauch, qui travaillait dans le commerce de la fourrure. En 1953, le couple avait eu une fille, Arlene.

Arlene, que Weinrauch avait décrit dans son livre comme une « fille très brillante, intelligente et douée », avait perdu la vie en raison d’un cancer du sein dans les années 1990.

« J’ai vécu des choses horribles – la perte de mes parents et de ma sœur, la captivité à Auschwitz et à Bergen-Belsen, l’année passée à l’hôpital et dans un centre de réadaptation -, mais je dois dire que rien ne peut se comparer à la perte d’un enfant », avait déclaré Weinrauch au magazine Lilith en 2016.

Joe Weinrauch était décédé en 2006, après 55 ans de mariage.

« Après la mort de mon oncle, elle a commencé une toute nouvelle vie. Elle a débuté la danse de salon et s’est entourée d’un tout nouveau groupe d’amis, composé de personnes du monde de la danse ou vivant dans son immeuble », a rapporté Paskind.

Helena et Joseph Weinrauch le jour de leur mariage en 1951. (Crédit : Judy Paskind)

Weinrauch pratiquait la danse à la Manhattan Ballroom Society, dans l’Upper East Side. Steve Dane, responsable de la société de danse, surnommait Weinrauch « l’ange dansant » du groupe. « Elle s’était beaucoup rapprochée de son partenaire de danse, Slavi Bykov, de plus de 50 ans son cadet. Slavi était à son chevet durant ses derniers instants.

«  Lorsque je danse, j’oublie tout ce qui m’est arrivé. Pendant quelques minutes ou quelques heures, je me sens simplement heureuse », avait-elle confié au New York Times en 2018.

En 2023, une pièce pour une seule comédienne basée sur les mémoire inédites de Weinrauch et appelée « A Will to Live » avait été créée au Chain Theatre de New York. « Mon histoire n’est pas une fiction », avait écrit Weinrauch dans un communiqué à l’époque. « Malheureusement, il s’agit de ma véritable histoire. »

C’est aussi plus tard dans son parcours de vie que Weinrauch avait réussi à s’exprimer publiquement pour raconter les atrocités qu’elle avait vécues durant la Shoah. Ces prises de parole avaient débuté dans le cadre du Meta and John Spiegler Holocaust Education Fund, un fonds de dotation pour l’enseignement de l’histoire de la Shoah aux collégiens de Corning, New York, créé par les parents de Judy Paskind. (La mère de Paskind était la sœur de Joe Weinrauch.)

« Les enfants lui écrivaient des mots de remerciement », a rapporté Paskind. « Elle avait reçu des mots disant par exemple ‘on voudrait vous adopter’. Cela l’avait profondément touchée. Elle avait gardé ces mots dans un album et elle les regardait souvent. »

Weinrauch était également une figure renommée de l’Upper West Side. Le personnel du Barney Greengrass et de Zabar la traitaient pratiquement comme une célébrité, et elle aimait ça, a raconté Paskind.

« Nous nous appelions toutes les semaines via FaceTime », a expliqué Paskind. « Et ce matin, j’étais en train de m’habiller et je me disais ‘Je dois appeler Helen’. »

« Elle était exceptionnelle », a-t-elle ajouté.

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