Déchets : la fronde des pays « poubelles » d’Asie
Plusieurs pays d'Asie du Sud-Est, lassés d'être la décharge des grands pays développés, ont décidé de renvoyer des conteneurs vers leur pays d'origine
A l’instar de l’Indonésie cette semaine, plusieurs pays d’Asie du Sud-Est, lassés d’être la décharge des grands pays développés, ont décidé de renvoyer des conteneurs vers leur pays d’origine, dans le sillage de la Chine qui a bloqué en 2018 les importations de déchets plastiques.
Chine
Le 1er janvier 2018, la Chine, qui a longtemps accepté les déchets plastiques du monde entier, bloque l’importation de 24 catégories de déchets solides, dont certains plastiques, papiers et textiles. Le gouvernement avance des motifs écologiques.
Cette décision, qui a suscité le chaos sur le marché mondial du recyclage, a obligé les pays développés à trouver de nouvelles destinations pour leurs déchets de « mauvaise qualité et à faible valeur », voire tout simplement « non recyclables », selon un récent rapport du réseau d’ONG Alliance globale pour les alternatives à l’incinération (GAIA).
D’énormes quantités ont été réacheminées vers l’Asie du Sud-Est où les capacités de recyclage sont limitées.
Malaisie
Fin mai 2019, la Malaisie, qui autorise l’importation de déchets plastiques propres et homogènes, annonce retourner à l’envoyeur 450 tonnes de plastique contaminé provenant d’Australie, du Bangladesh, du Canada, de Chine, du Japon, d’Arabie saoudite et des Etats-Unis.
Philippines
Fin juin, un cargo transportant 69 conteneurs de déchets entreposés pendant six ans aux Philippines est renvoyé au Canada, épilogue d’un vif contentieux entre les deux pays.
Le conflit entre Ottawa et Manille remonte aux années 2013-2014, après l’envoi par une société canadienne de conteneurs étiquetés comme contenant des déchets plastiques recyclables, en réalité des déchets de toutes sortes, dont certains en décomposition, notamment des ordures ménagères et des couches.
Une partie de cette cargaison avait été traitée sur place, mais l’essentiel pourrissait dans des ports philippins.
Cambodge
Mi-juillet, le Cambodge annonce le renvoi vers les Etats-Unis et le Canada de 1 600 tonnes de déchets plastiques illégaux découverts lors d’une opération de contrôle sur le port de Sihanoukville (sud).
Soixante-dix conteneurs étaient en provenance des Etats-Unis et 13 du Canada.
Sri Lanka
Fin juillet, la douane du Sri Lanka ordonne le renvoi en Grande-Bretagne de 111 conteneurs abandonnés sur le port de Colombo depuis près de deux ans, chargés de déchets biomédicaux d’hôpitaux et morgues illégalement importés, dont la puanteur a alerté les autorités.
L’importateur sri-lankais les avait présentés comme transportant des déchets destinés au recyclage. Leur cargaison réelle – notamment des organes humains – n’avait pas été déclarée et violait les lois internationales sur le transport de déchets dangereux, selon les autorités.
Au total, 241 conteneurs litigieux avaient été importés. 130 d’entre eux ont été emmenés dans une zone franche à proximité du port où ils traînent toujours, contaminant l’eau et l’air de la zone.
Indonésie
Mi-juin, Jakarta renvoie cinq conteneurs de déchets aux Etats-Unis.
Début juillet, les autorités indonésiennes annoncent que 210 tonnes de déchets non conformes seront renvoyés en Australie, leur pays d’origine. Huit conteneurs, qui devaient ne contenir que des papiers recyclables, sont saisis à Surabaya, la deuxième ville du pays. Les autorités y ont trouvé des bouteilles en plastique, des emballages, des couches usagées, des déchets électroniques et des canettes.
Le 29, l’Indonésie renvoie vers la France et Hong Kong sept conteneurs de déchets illégalement importés, renfermant des déchets ménagers et plastiques ainsi que des matériaux dangereux en violation des règles d’importation, selon les douanes de l’île de Batam, située en face de Singapour.
Les autorités attendent les autorisations de réexpédier 42 autres conteneurs de déchets vers les Etats-Unis, l’Australie et l’Allemagne.