Découvrez le fonctionnement du commandement de tir de Tsahal
Le centre rassemble les informations et les recommendations à travers différents échelons de l’armée pour désigner des cibles à atteindre en guise de représailles
Lorsque les communautés du sud d’Israël sont frappées par un tir de roquette, comme cela a été le cas mardi, l’armée est appelée à répondre à l’attaque et à frapper des cibles dans la bande de Gaza afin d’empêcher d’autres futures attaques.
Mais qui chosit ces cibles ? Qui décide comment et où frapper ? Qui pèse le pour et le contre pour juger du possible risque pour les civils en confrontation avec les gains potentiels d’une opération donnée ?
Le Times of Israel a parlé cette semaine avec l’officier des opérations de l’unité chargée de coordonner ces actions, la major Reut du Centre de Commandement de Tir du sud (étant donné la nature sensible de sa position, Reut ne peut être identifiée par son prénom).
Le Centre de Commandement de Tir travaille avec « tous les services possibles », a expliqué la major Reut, y compris le Renseignement Militaire, l’Armée de l’Air Israélienne, la Marine et le Corps d’Artillerie, afin d’identifier des cibles et de déterminer le meilleur moyen de les frapper par la mer, l’air ou du sol.
Mais le succès de l’unité n’est pas seulement mesuré par le nombre ou la qualité des sites stratégiques qu’il frappe.
Le Centre de Commandement de frappe travaille aussi étroitement avec l’Avocat militaire général (AMG) et le Coordinateur des Activités du Gouvernement dans les Territoires (COGAT) pour s’assurer que les civils gazaouis sont épargnés autant que possible et que les frappes soient menées dans le respect de la loi internationale, a déclaré Reut.
A la suite de l’attaque à la roquette de mardi soir de Gaza, qui a touché la barrière de la frontière, l’Armée de l’Air israélienne a frappé deux sites du Hamas. Cette attaque, selon Reut, a constitué un succès.
« Nous avons mené la mission, et aucun innocent n’a été blessé, a-t-elle déclaré au Times of Israel mercredi.
Il est peu probable que l’attaque à la roquette ait été menée par le Hamas, qui évite de lancer des attaques sur Israël depuis la fin de la guerre de 2014. Des petits groupes salafistes sont impliqués dans des tirs sporadiques de roquettes, souvent pour défier le règne du Hamas ».
Mais Israël tient le Hamas pour responsable des attaques venant du territoire qu’il contrôle. Cette politique vise à mettre la pression sur le Hamas pour faire appliquer le cessez-le-feu.
« Evidemment, nous préférons frapper les responsables de l’attaque mais le Hamas est en charge et c’est lui que nous frappons », a expliqué Reut.
Une machine bien huilée
La première mission du Centre de Commandement de Tir consiste à traduire les ordres venant de très haut, du chef du Commandement du sud, du chef des Forces de Défense d’Israël et du ministère de la Défense, a expliqué Reut.
Transformer ces commandements en un plan réel demande que le centre travaille en coordination avec un agent de liaison des unités militaires, analyse leurs informations et recommandations et les incorpore dans un plan d’action définitif.
En général, l’unité, dirigée par le colonel Yuval Ben-Dov, reçoit ses premières informations sur de potentielles cibles de l’Intelligence militaire. Cela peut inclure des sites statiques, comme des tunnels de contrebande, ou des cibles plus mobiles, comme des caches d’armes, qui ont une « date d’expiration ».
Ces cibles sont ensuite discutées avec l’AMG pour s’assurer que la frappe soit légale.
Pourtant, Reut a souligné qu’il ne suffit pas qu’une cible soit jugée légale pour qu’elle soit effectivement touchée, en raison des préoccupations liées aux civils.
Des représentants de l’Armée de l’Air, de la Marine et de l’Armée de Terre jugent ensuite des meilleures options pour frapper ces cibles.
Toutes ces informations sont alors compilées par le centre de Commandement de Tir et transformées en un plan d’action qui est entré dans une « banque de cibles », une liste de lieux possibles qui peuvent être frappés par l’armée israélienne.
Avec toutes ces unités de l’armée impliquées, ce processus a une part importante de paperasse et d’obstacles bureaucratiques. Cependant, étant donné la fréquence des attaques de roquettes depuis Gaza, environ toutes les semaines ou toutes les deux semaines, le Centre de Commandement de Tir a appris à fluidifier ce processus.
« Malheureusement, nous sommes tellement bien habitués à ce processus que le côté bureaucratique est réglé rapidement, en quelques minutes, a déclaré Reut. Nous sommes devenus une machine bien huilée. Cette vitesse est cruciale, a expliqué Reut, puisqu’il y a certaines cibles qui « ont une durée de validité très courte ».
Des arbitres de la mort
Même si le Centre de Commandement de Tir existe depuis des décennies, ce n’est que depuis environ les six dernières années que l’armée a commencé à mesurer son importance.
Jusqu’à l’opération Plomb Durci en 2008-2009, le chef de l’unité occupait la position en deuxième plan par rapport à un autre rôle dans le Commandement du Sud. Depuis lors, pourtant, l’unité est dirigée par un commandant spécial, au rang de colonel.
En août, Ben-Dov a repris la direction de l’unité qui opère dans un bâtiment récemment rénové situé dans la base du Commandement du sud à Beer Sheva.
En « temps de paix », l’unité est composée de seulement neufs personnes issues du Corps d’Artillerie de l’armée israélienne, cinq officiers et quatre soldats. Mais en temps de guerre, leur nombre peut augmenter jusqu’à 200 personnes, dont de nombreux réservistes, a déclaré Reut.
La major de 31 ans, qui a servi dans diverses positions de commandement du Corps d’Artillerie, a admis qu’elle ne savait pas exactement pourquoi le Centre de Commandement de Tir est dirigé par des membres du corps, mais elle a formulé une hypothèse osée.
« La marine sait comment attaquer depuis la mer et l’armée de l’air sait comment attaquer depuis l’air, mais nous, nous savons utiliser toutes les formes de puissance de feu », a-t-elle déclaré.
Reut, qui a auparavant servi comme la première femme commandante d’une batterie d’artillerie opérationnelle, a pris le poste d’officier des opérations à la suite de l’opération Bordure protectrice de l’été dernier à Gaza.
L’unité met constamment à jour la liste des cibles potentielles, stocks d’armes, planques de terroristes et d’autres cibles. Mais bien que les renseignements continuent à affluer, l’armée ne mènera généralement une frappe que pour riposter, afin d’aider à maintenir la tranquilité dans les communautés du sud d’Israël, a expliqué Reut.
« Nous ne répondons pas à tout, parce que nous ne voulons pas une escalade de la situation, a-t-elle expliqué. Les personnes qui servent dans le centre de Commandement de Tir mesurent la gravité de leur mission ».
À plusieurs dizaines de kilomètres de Gaza, l’équipe agit comme des arbitres de la mort, décidant, potentiellement des jours ou des semaines à l’avance, qui sera frappé par l’armée.
« Personne ici ne tire aucun plaisir de faire tuer un être humain. Si quelqu’un meurt dans une frappe, nous ne nous félicitons pas en riant », explique Reut.
« Mais c’est une question de priorité. Si nous n’agissons pas, des citoyens israéliens innocents peuvent mourir », a-t-elle déclaré.
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