Découvrez le PDG israélien qui a construit chez lui un aquarium assez grand pour y nager
Retraité multimilliardaire, Eli Fruchter a construit sa maison autour d’une aquarium titanesque qui a fait le buzz sur internet
HAïFA, Israël – Faire la Une discrètement ? C’est ce qu’Eli Fruchter, entrepreneur israélien a fait l’an dernier, lorsque sa société, EZ Chip (qui a fourni pendant les 15 dernières années la technologie Ethernet à travers le monde, avant tout autant de discrétion), a été vendue à plus de 800 millions de dollars.
Le peu d’attention que les médias ont témoignée face à cette transaction a beaucoup plu à Fruchter, un homme posé, circonspect et étonnamment modeste.
En revanche, il n’a pas eu cette chance en août 2016, quand la toile s’est emparée d’une vidéo YouTube qu’il a diffusée, montrant l’aquarium récifal de 37 000 litres d’eau qu’il a installé dans son salon, assez grand pour y rentrer et nager avec les créatures aquatiques qui y vivent.
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C’est la deuxième vidéo qu’il poste, dans laquelle il montre son incroyable projet. En quelques jours, la vidéo a été vue plus de 250 000 fois, et les médias d’Irlande jusqu’en Inde ont souhaité lui parler. L’ancien PDG a même fait la Une de l’émission populaire HaTzinor.
Après s’être rendu au domicile de Fuchter à Haïfa, le Times of Israel peut le confirmer : cet aquarium vaut le coup pour faire la Une des journaux.
Plus de 150 poissons colorés, d’une trentaine d’espèces différentes nagent dans cet énorme réservoir, et un arc en ciel de coraux flottent allègrement sur les vagues du courant alternatif produit par le système de filtrage.
Le courant n’est que l’un des nombreux éléments conçus pour être une réplique parfaite de l’environnement récifal, et produit une copie assez réaliste qui permet aux premiers résidents de l’aquarium d’atteindre une taille qu’ils n’atteignent normalement que dans leur habitat naturel.
« La plupart de ces poissons sont des poissons appelés « chirurgiens », une espèce de poissons de mer plébiscitée par les aquariophiles, raconte Fruchter au Times of Israel.
« Ils sont principalement végétariens, mais à la base de leur queue, ils ont des lames, de vraies lames tranchantes. Et ils utilisent ces lames pour attaquer et pour se défendre. » Dans la biodiversité de cet aquarium, d’autres spécimens proboscidiens nagent, très justement surnommés poissons-licorne.
Chaque semaine, Fruchter se rend sur les plages de la Méditerranée, à quelques minutes de chez lui, avec un véhicule équipé, pour remplir son aquarium de 1 000 litres d’eau de mer.
« Ce sont principalement les coraux qui ont besoin d’une eau complètement propre, et c’est difficile à obtenir dans un circuit fermé », explique-t-il. « La plupart des aquarium publics se situent à proximité des océans, et ils n’ont qu’à pomper de l’eau propre. »
« Cela demande beaucoup d’entretien », ajoute-t-il. « Un aquarium récifal de cette taille ne se trouve en général que dans des endroits où ils ont du personnel à temps plein. »
À la retraite depuis peu, il continue à prodiguer ses conseils et à travailler à temps partiel pour le conseil d’administration de Nova, une autre société hi-tech israélienne. Fruchter, âgé de 63 ans, ne dispose que de peu de temps pour s’adonner à son passe-temps maritime.
Comme on s’y attendrait de la part d’un PDG du hi-tech israélien, il a programmé des fonctions telles que la nourriture, la température, et le toit-ouvrant qu’il contrôle depuis une application sur son téléphone.
Bien que tout cela soit impressionnant, ce qui est réellement stupéfiant, c’est le système de filtrage très élaboré de Fruchter. Situé à l’étage en dessous de l’aquarium, le système est dissimulé derrière deux lourdes portes métalliques.
Tentez d’ouvrir les portes et l’odeur de l’eau de mer vous chatouillera les narines tout comme la cacophonie qui émane des trois pompes ultra-puissantes. Le bruit empêche la conversation mais encourage l’exploration silencieuse de la pièce, qui héberge les tripes de l’aquarium. Au milieu du vrombissement des machines et des tuyaux en PVC tortueux, se trouvent des aquariums plus petits, bien qu’assez grands pour être exposés dans un salon aux dimensions conventionnelles.
Dans l’un de ces aquariums, de jeunes crevettes s’acclimatent progressivement aux conditions qui les attendent dans l’aquarium.
« Je dois m’assurer qu’ils vont bien, les petits nouveaux », explique Fruchter en se baissant. Il les examine par dessus ses lunettes.
Conçu par Frucher lui-même, le filtre repose exclusivement sur la gravité générée par l’eau qui tombe pour créer une écume d’impuretés. L’écume est ensuite filtrée par le haut au moyen d’une lame en rotation, qui laisse l’eau propre être pompée dans une série de réservoirs avant de réintégrer le bassin principal.
Le système filtre 100 000 litres d’eau à l’heure, soit trois fois le volume de l’aquarium.
Alors qu’il verrouille la lourde porte de la salle de filtrage derrière lui, on décèle un sourire teinté d’autodérision sur le visage de Fruchter.
« Il y a peu de gens assez fous dans le monde pour faire quelque chose comme ça. Il faut vraiment aimer ça. », dit-il.
Malgré le timing de la diffusion des vidéos, cette entreprise aquatique n’est pas le caprice d’un jeune retraité richissime.
« J’ai grandi dans une petite pièce, ici à Haïfa, dans un autre quartier de Haïfa. La pièce faisait deux mètres sur deux. Et même là, je devais avoir 5 ou 6 ans, j’avais un aquarium. Donc je suppose que vous pouvez dire que j’ai fait ça toute ma vie. »
Depuis, Fruchter a fait sensiblement monter le niveau. « J’ai déménagé pour une plus grande maison », dit-il.
« Il y a 10 ou 12 ans, dans mon ancienne maison, j’avais un aquarium, pas aussi grand que celui-là, peut-être 3 800 litres, et puis il s’est cassé, et ma maison a été inondée. C’est à ce moment-là que j’ai décidé que je devais construire un nouvel aquarium, et à la maison autour de l’aquarium.»
Cinq ans plus tard, l’aquarium récifal est toujours en construction. Fruchter estime qu’il faudra encore quelques anneés pour que l’écosystème soit au point. Les coraux, en particulier, ont besoin de quelques années pour prospérer.
Pendant ce temps, il poursuit ses recherches en regardant la BBC, en participant à des forums en ligne et en regardant des vidéos sur YouTube d’autres aquariophiles.
« Ce que j’essaye de faire, c’est d’apprendre des autres et de montrer ce que je fais pour que l’on puisse apprendre les uns des autres, c’est pour cette raison que j’ai diffusé la vidéo. »
Frucher insiste qu’il ne faisait pas de publicité, et qu’il a même été surpris par l’attention que sa vidéo a suscité.
« Lorsque que j’ai filmé ma première vidéo l’an dernier, j’ai pensé qu’elle aurait de nombreuses vues, mais la dernière vidéo était beaucoup plus technique, au sujet du système de filtrage », explique Fruchter.
« Je pensais que les seules personnes qui regarderaient ma vidéo seraient les passionnées qui l’ont demandée. Puis elle est devenue populaire sur Reddit [site web communautaire] et à partir de là, ça a explosé. Et c’est là que vous avez appelé, qu’HaTzinor a appelé, et que tout le monde a appelé, donc maintenant, je… deviens célèbre. »
Bien que quelqu’un d’autre aurait frôlé la vanité dans une telle situation, le PDG-retraité n’est pas ravi de ce passage sous les feux de la rampe.
« Je n’aime pas ça. J’ai dirigé une société publique qui valait des milliards de dollars pendant des années, et je ne suis jamais passé à la télévision. Donc je n’ai jamais eu, vous savez, des gens qui – », Fruchter s’interrompt en plein milieu de sa phrase, les yeux rivés sur l’un des occupants de l’aquarium. « Celui-là vit dans le sable, il va sur le sable la nuit, y dort, et maintenant il creuse, il essaye de trouver des vers et de quoi manger, c’est très intéressant. »
« Donc oui », dit-il en revenant sur la question. « Je n’aime pas vraiment toute cette attention, mais c’est ce qui peut arriver quand vous mettez quelque chose sur Internet. »
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