Des accusations de viol entachent la carrière légendaire d’un général décoré
Une deuxième femme a affirmé avoir été harcelée sexuellement par Ofek Bouchris ; sa femme affirme qu'elle le "soutient complètement" ; le père de la victime supposée : "le système a échoué"
Une deuxième ancienne soldate vient d’accuser le général Ofek Bouchris d’agression sexuelle mercredi soir, selon la Deuxième chaîne, ajoutant ses propres accusations aux accusations déjà adressées contre l’officier de haut rang décoré qui aurait pu atteindre le sommet de la hiérarchie de l’armée israélienne.
Mardi, l’information a été révélée qu’une soldate, qui servait dans le bureau de Bouchris quand ce dernier était le chef de la brigade Golani entre 2010 et 2012, l’avait accusé de viol, de sodomie et d’agression sexuelle.
Selon la soldate, les actes ont été commis sur une longue période de temps. « Il n’y avait pas de romance ici, c’était de l’exploitation sexuelle », a déclaré l’avocat de la femme.
Selon la loi israélienne, l’acte de sodomie constitue un acte de pénétration orale ou anale quand l’homme « emploie son autorité sur le lieu de travail ou pendant le service [national] ».
Les rapports sur les accusations de la première soldate ont envoyé une onde de choc à travers l’armée et dans le reste du pays alors que la glorieuse réputation de Bouchris a été soudainement remis en question.
Bouchris, qui a été touché par une balle et grièvement blessé lors d’une opération en Cisjordanie en 2002, a nié la véracité de toutes les accusations portées contre lui par le biais de son avocat.
L’incident a, au moins temporairement, perturbé sa promotion qui était prévue à la tête de la division des opérations de l’armée. La position est généralement considérée comme un tremplin vers un poste plus élevé, car le général qui occupe ce poste gère les missions les plus importantes de l’armée et travaille en étroite collaboration avec le chef d’Etat major.
Bouchris, qui vit dans une communauté religieuse en Galilée, a été interrogé mercredi pour la deuxième fois par l’unité d’enquête de la police militaire de Tsahal, Metzach.
Auparavant, le père de la première accusatrice s’était élevé contre Bouchris et l’ensemble de la hiérarchie militaire, en déclarant aux journalistes : « le système a échoué, y compris [en ce qui concerne] un officier décoré qui a commis le viol. C’est une honte qu’un commandant comme celui qui porte le béret [Golani], qui porte une kippa, ne prenne pas ses responsabilités ».
Celle qui la première a porté ses accusations aurait déclaré aux enquêteurs qu’elle savait qu’une autre soldate avait été agressée sexuellement par Bouchris, selon le site Walla.
On connaît peu la deuxième accusatrice qui n’a parlé que mercredi soir.
Mais les enquêteurs s’attendent à ce que davantage de femmes se présentent maintenant que le nom de Bouchris, dont l’identité avait été placée sous embargo, a été autorisé à la publication.
« Au nom de ma fille, je demande que d’autres filles se lèvent et déposent plainte, si elles ont également été blessées. Ce n’est pas de leur faute », a déclaré le père de la première victime présumée.
Bouchris semblait être sur la bonne voie pour avoir une illustre carrière dans l’armée israélienne.
« Les gens savent peut-être ce qui est arrivé avec ses actions de combat, mais ils ne savent pas ce qui arrivait derrière les portes closes », a déploré le père de la femme aux micros des journalistes.
Les amis, la famille et les anciens soldats défendent Bouchris
Ce ne serait pas la première fois que la promotion d’un candidat potentiel a déraillé en raison d’allégations d’abus et de harcèlement sexuels.
En 1999, la Haute Cour de Justice a bloqué la promotion du général [réserviste] Nir Galili major au poste de major général et à la tête d’un corps de l’armée, en raison d’une relation que Galili avait eue avec une subalterne trois ans auparavant.
L’ancien ministre et le général Yitzhak Mordechai a également été reconnu coupable d’avoir agressé sexuellement trois femmes en 2001 et a été contraint d’abandonner sa carrière politique. L’une des victimes était une ancienne soldate, qui servait dans son bureau quand il était chef du Commandement du Nord de l’armée en 1992.
Toutefois, si Bouchris est reconnu coupable, ce cas serait l’exemple le plus spectaculaire et le plus réellement choquant d’agression sexuelle dans l’armée israélienne, en termes de gravité des accusations portées contre lui et du caractère soudain avec lesquels ces allégations auraient fait dérailler une illustre carrière.
‘La vérité est très claire pour moi et pour toutes les personnes qui le connaissent. Mon soutien pour lui est complet et aimant’
De nombreux membres de sa famille, des amis et d’anciens soldats subalternes ont déclaré qu’ils ne croyaient pas que les allégations contre Bouchris étaient vraies.
« La vérité est très claire pour moi et pour toutes les personnes qui le connaissent. Mon soutien pour lui est complet et aimant », a affirmé la femme de Bouchris au site Ynet.
Une soldate, qui a servi dans le bureau de Bouchris, a utilisé les médias sociaux pour défendre son ancien commandant.
« Beaucoup de personnes qui le connaissent peuvent témoigner de sa gentillesse », a écrit la soldate sur Facebook.
« Quand je restais avec lui dans le bureau le soir, il faisait en sorte de laisser la porte ouverte pour que je ne me sente pas mal à l’aise. Il n’a jamais essayé de toucher l’une d’entre nous. La seule fois où il m’a touchée était quand il m’a donnée un nouveau rang – alors qu’il se moquait de moi ».
L’avocat de Bouchris a noté que le général a été soumis à deux tests polygraphiques, au cours desquels on a demandé à Bouchris s’il avait eu des relations sexuelles avec son accusatrice. Aucun des deux tests n’a démontré que son client avait menti quand il a nié la relation, bien que le témoignage par polygraphe ne soit généralement pas considéré comme fiable.
Une carrière apparemment inattaquable
Bouchris, 47 ans, a été enrôlé dans l’armée en 1988. Il a rejoint la Brigade Golani et y est resté. Il a gravi les échelons de la célèbre brigade d’infanterie jusqu’en 2005.
Alors qu’il était un commandant de bataillon dans la brigade Golani, Bouchris a participé à l’opération Rempart en 2002. Au cours de l’action militaire, Bouchris et son unité ont été chargés de localiser les laboratoires de fabrication de bombes à Naplouse. Quand il est entré dans une telle installation, il a été touché par des balles quatre fois et a été grièvement blessé.
Pour sa bravoure, il a reçu une citation par le chef d’état-major de Tsahal.
Bouchris s’est rétabli et a rejoint la brigade Golani pour deux ans et demi.
Après un bref passage au War College de l’armée américaine en 2005, Bouchris est rentré en Israël en 2006 et a servi en tant que commandant régional de la brigade Baram de l’armée israélienne, qui défend la Galilée, puis en tant que commandant de la Brigade de réserve Oded.
De 2010 à 2012, Bouchris a servi en tant que commandant de la brigade Golani. C’est à cette période qu’il est soupçonné d’avoir violé et agressé sexuellement au moins une femme soldat.
Après avoir remis la brigade Golani au colonel Yaniv Asur, Bouchris a été promu à son grade actuel de général de brigade et a pris en charge la division de blindées, Amud HaEsh.
En 2013, le chef d’état major de Tsahal de l’époque, Benny Gantz, avait chargé Bouchris de transformer la Division Basan en une division blindée dans le cadre d’une division régionale, qui serait chargée de défendre les hauteurs du Golan.
En septembre 2015, Bouchris a quitté la Division Basan pour servir au Command and Staff College de l’armée, connu dans l’armée sous l’acronyme « Poom ». Ce devait être un placement temporaire jusqu’à ce que Bouchris puisse prendre le relais en tant que commandant de la Division des opérations.
Les anciens chefs de la Division des opérations sont devenus des généraux importants et des chefs d’état-major.
La nomination de Bouchris aurait du avoir lieu ce mois-ci ou même cette semaine, mais le général de brigade a été suspendu jusqu’à nouvel ordre.
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