Des activistes soutenant l’assassin de Rabin veulent se présenter aux élections
"Nura Deliba" cherche à obtenir la libération du meurtrier d'extrême droite qui a abattu le Premier ministre Rabin lors d'un rassemblement pour la paix en 1995
Des efforts sont en cours pour tenter de créer un parti politique qui ferait campagne pour les prochaines élections de septembre. Le but de la formation ? Libérer Yigal Amir, l’homme qui a assassiné le Premier ministre Yitzhak Rabin lors d’une manifestation pour la paix à Tel Aviv il y a presque 24 ans.
Mercredi, des images, filmées en caméra cachée et diffusées par la Treizième chaîne, montraient des dizaines de militants rassemblés dans une synagogue de Jérusalem pour remplir les documents et réunir les 120 signatures nécessaires pour enregistrer un parti auprès de la Commission centrale électorale de la Knesset.
Le parti se nomme lui-même « Nura Deliba », qui se traduit par « Feu du coeur » en araméen.
On peut entendre la femme d’Amir, Larissa Trimbobler, dire que Nura Deliba cherche à donner une forme officielle à un parti déjà existant. Trimbobler a affirmé que les militants de Nura Deliba « ont été en négociations avec plusieurs partis » sans parvenir à trouver un accord avec eux.
Trimbobler a déclaré à un journaliste sous couverture qu’elle n’a aucun lien officiel au parti. Pourtant, la chaîne de télévision a affirmé que presque toute la famille d’Amir était impliquée dans la création du parti.
Trimbobler a poursuivi en déclarant que Nura Deliba voulait récupérer les voix du parti laïc Yisrael Beytenu d’Avidgor Liberman, mais pas du parti d’extrême droite Otzma Yehudit.
Hagai, le frère et co-conspirateur d’Amir, qui a passé près de 17 ans derrière les barreaux pour avoir contribué à l’assassinat de Rabin le 4 novembre 1995, a également été aperçu lors d’une réunion de préparation que Nura Deliba a récemment tenue.
Orly Adas, le directeur de la Commission centrale électorale, a déclaré à la Treizième chaîne qu’il n’y avait pas de base juridique pour interdire un parti de s’inscrire aux élections, tout en ajoutant que la commission de la Knesset s’efforcerait de l’en empêcher.
« Nous n’avons pas de raison de les disqualifier. Nous pouvons disqualifier des candidats individuels s’ils enfreignent la loi, mais pas une liste entière ».
« Nous prévoyons de soumettre des amendements législatifs pour modifier l’ensemble du processus afin que tout cela soit plus sérieux, sans être dévalorisé », a déclaré Adas.
La petite fille de Rabin, Noa Rothman, a rejoint le nouveau parti de l’ancien Premier ministre Ehud Barak du Parti démocrate israélien à l’approche des élections de septembre, citant la « radicalisation » d’Israël.
Rothman est apparue pour la première fois sur la scène nationale quand elle était encore une jeune adolescente lorsqu’elle a rendu un dernier hommage en larmes à son grand-père lors de son enterrement.
Amir, aujourd’hui âgé de 49 ans, purge une peine de prison à vie pour l’assassinat de Rabin. Il reste à l’isolement, même s’il a obtenu la permission d’épouser Trimbobler en 2004, après une longue bataille juridique.
Les efforts pour créer le parti en soutien à Yigal Amir ont été condamnés jeudi par le chef du parti travailliste Amir Peretz, qui a déclaré que le parti qui célèbre l’assassinat de l’ancien Premier ministre travailliste « a franchi une ligne rouge ».
Peretz a appelé la Commission centrale électorale à empêcher Nura Deliba de se présenter aux élections du mois prochain, déclarant que le parti était « seulement fondé pour promouvoir des activités illégales ».
La Treizième chaîne a déclaré que l’intégralité du reportage sous couverture au coeur de Nura Deliba et de son projet de libérer Amir de prison sera diffusée dans les prochains jours.