« Des années de joie et de lumière, aujourd’hui éteintes » : l’ex-otage Ohad Yahalomi est enterré
L'épouse de l'otage assassiné dit qu'elle « avance dans les ténèbres, tâtonnant, essayant de trouver un chemin vers l'avenir sans toi » ; sa sœur déclare « qu'au moment où tu avais besoin d'aide, personne n'est venu »

Des centaines de personnes ont participé mercredi au cortège funèbre de l’otage franco-israélien assassiné Ohad Yahalomi, dont le corps a été restitué par le groupe terroriste du Hamas la semaine dernière.
Lors de l’enterrement, sa femme Batsheva a parlé de « 16 ans de vie commune — une source de force, de croissance et d’amour, des années de joie et de lumière, aujourd’hui éteintes. Et je marche dans l’ombre, à tâtons, essayant de trouver mon chemin sans toi ».
Le cortège a pris le départ à Rishon LeZion et s’est dirigé vers le kibboutz Nir Oz, où Yahalomi a été enlevé le 7 octobre 2023. La famille avait encouragé le public à l’accompagner le long des rues avec des drapeaux israéliens pour lui rendre hommage. Le corps de Yahalomi a été restitué en même temps que ceux de Itzik Elgarat, Shlomo Mantzur et Tsahi Idan dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages.
Les funérailles ont eu lieu au kibboutz.
Yahalomi, sa femme et leurs trois enfants ont tous été pris en otage à leur domicile par des terroristes. Batsheva a réussi à échapper à ses ravisseurs avec ses deux filles, âgées de 10 et 2 ans. Ohad a été emmené à Gaza avec Eitan, 12 ans, qui a finalement été libéré lors du cessez-le-feu de novembre 2023.
Yahalomi avait 49 ans lorsqu’il a été enlevé et a fêté ses 50 ans en avril 2024. Il a été tué au cours des dix derniers mois.
Batsheva a déclaré mercredi : « Nous étions convaincus que si quelqu’un pouvait survivre à une captivité aussi dure, c’était toi — parce que personne n’est plus fort que toi, dans son corps et dans son esprit. Nous espérions même que tu l’emporterais sur tes ravisseurs, car c’est ce que tu es : tu parviens à toucher le cœur des gens, même ceux qui ont un cœur de pierre. »
בת שבע יהלומי מעל קברו של אוהד שנרצח בשבי: "האור כבה, כל כך קיווינו שתחזור"https://t.co/ZrtAMpplMy pic.twitter.com/ScwFKLsVyX
— החדשות – N12 (@N12News) March 5, 2025
« Le 7 octobre, tu es sorti pour nous défendre — c’est comme ça que tu es », a-t-elle déclaré. Ohad avait monté la garde à l’extérieur de l’abri de la famille avec son arme de poing, mais il a été blessé par balle à la jambe avant que les terroristes ne prennent d’assaut la maison.
« Les gens nous demandent si nous avions peur de vivre dans la zone frontalière de Gaza et de [potentielles] infiltrations terroristes. Nous nous sommes toujours sentis en sécurité lorsque tu étais avec nous ».
Batsheva a déploré l’état de la nation, déclarant que depuis le 7 octobre, « on a l’impression que des nuages noirs de ténèbres recouvrent tout ce qu’il y a de bon. Ils se répandent sous la forme de nouveaux soldats tombés au combat, d’otages qui ne reviennent pas et d’un pays déchiré. On a l’impression que les ténèbres ne peuvent pas être chassées. Et lorsque je me perds dans ces ténèbres, je t’imagine et je pense à ce que tu nous demanderais de faire : voir le bien, chercher la lumière et s’y accrocher ».

Faisant appel aux auditeurs, elle leur a demandé « de suivre le chemin d’Ohad, de répandre la lumière et la bonté, de renforcer et d’insuffler la confiance, de relever tous ceux qui sont tombés en chemin et tous ceux qui tâtonnent dans l’obscurité. C’est ainsi que nous changerons la réalité et que nous chasserons les ténèbres ».
La sœur d’Ohad, Ayala, lui a demandé « pardon » pour son enlèvement et pour « ne pas t’avoir ramené vivant ».
Elle a ajouté : « La nostalgie de toi me transperce le cœur si profondément, et je me demande comment nous allons continuer alors que le ciel nous tombe sur la tête. »

Une autre de ses sœurs, Efrat, a déclaré : « Comment ont-ils pu t’enlever, toi qui étais un homme de paix, de bonté, de générosité et d’amour ? En vérité, Dieu prend les meilleurs, et ce n’est pas juste… Je suis désolée que ta vie se soit terminée de cette façon. Je regrette qu’après des années de générosité, au moment où tu avais besoin d’aide, personne ne soit venu ».
« Juste à l’âge où tu pouvais enfin profiter des fruits de tout ton travail, ta vie t’a été enlevée, et c’est déchirant. »

Ohad travaillait pour l’Autorité israélienne de la nature et des parcs (INPA) et était connu pour son amour de la nature et de la randonnée.
Raaya Shurki, directrice de l’INPA, a déclaré lors des funérailles que « son travail dévoué et son approche exceptionnelle des personnes et des communautés ont fait d’Ohad un membre apprécié du personnel et de l’ensemble de la communauté ». Elle a promis de continuer à soutenir sa famille.
« Cher Ohad, nous te saluons, tu nous manqueras. Puisses-tu reposer en paix. »

Ohad avait la double nationalité franco-israélienne. Après la confirmation de son décès la semaine dernière, le président français Emmanuel Macron a déclaré dans un message sur X que « les actes barbares du Hamas doivent cesser ».
« Je partage l’immense douleur de sa famille et de ses proches », a-t-il écrit. « La France a perdu 50 de ses enfants dans l’infamie du 7 octobre. »
Lors des funérailles de Yahalomi, l’ambassadeur de France en Israël Frédéric Journès a déposé des fleurs près du cercueil de l’otage.
הבוקר, שגריר צרפת בישראל, פרדריק ז'ורנס, והקונסול הכללי של צרפת בתל אביב, מתיו קלובל, חלקו כבוד אחרון לבן עמנו אוהד יהלומי.
למשפחתו וליקיריו, אנו שבים ומביעים את כאבנו העמוק. pic.twitter.com/HecyZNV6dj
— La France en Israël (@franceenisrael) March 5, 2025
L’ambassade de France a partagé sur X une photo de l’ambassadeur, présent à l’enterrement, pour partager les condoléances de la France à « notre compatriote ».
« À sa famille et à ses proches, nous renouvelons l’expression de notre profonde tristesse », poursuit le message.
« Je trouve très difficile que le pays n’ait pas encore réussi à ramener tous les otages. C’était possible de les ramener tous vivants mais ça n’est pas arrivé », dit Mme Lotem. Sa fille et ses petits-enfants, qui avaient aussi été enlevés le 7 octobre 2023, ont été libérés après 51 jours de captivité lors de la première trêve.
Moshé Lotem, 69 ans, ne peut retenir ses larmes en évoquant celui qu’il considérait « comme un fils ».
« Quand j’ai appris son enlèvement, j’étais heureux, parce que je me disais qu’il pourrait veiller sur ma fille et ses enfants », affirme M. Lotem.
« J’étais sûr qu’avec sa personnalité magique, il pourrait faire plier un peu le Hamas et leur montrer la gentillesse humaine », ajoute-t-il. « Je ne pouvais pas croire qu’il ne reviendrait pas ».
« Tout ce qu’on peut faire, c’est venir ici, avec des drapeaux pour montrer notre force et notre solidarité » assure Yaël Mitzafon, 51 ans, une autre amie de la famille Yahalomi.