Des architectes du monde entier réinventent la skyline de Tel Aviv
Plus de 100 projets soumis lors d'un concours international proposent de redessiner Tel-Aviv en superposant des couches sur la ville blanche existante
Des architectes de Corée du Sud, d’Allemagne et d’Israël ont présenté les idées les plus brillantes pour réimaginer la ligne d’horizon de Tel Aviv dans le futur, en tenant compte des efforts de rénovation urbaine visant à construire vers le haut tout en respectant le passé de la ville, connue pour son architecture Bauhaus.
Les propositions ont été soumises lors d’un concours de design organisé par la municipalité de Tel Aviv-Jaffa, intitulé « Layer 2.0 », qui demandait aux participants d’envisager de manière créative les possibilités de développement de la ville au cours des prochaines décennies. Le défi lancé aux architectes et aux étudiants en architecture du monde entier consistait à concevoir des extensions à l’un des nombreux bâtiments existants de Tel Aviv et de Jaffa, de telle manière qu’elles puissent définir la prochaine phase de l’architecture de la ville.
Le concours a attiré plus de 100 candidatures de cabinets d’architecture du monde entier et d’étudiants des programmes d’architecture israéliens du Technion, de la Bezalel Academy of Art and Design et de l’université de Tel Aviv, ainsi que d’institutions internationales. Les participants devaient concevoir des projets de 2,5 étages qui seraient construits sur l’un des cinq bâtiments classés sélectionnés dans la rue Bialik, le boulevard Rothschild et la rue Ahad Ha’am à Tel Aviv, ainsi que dans les rues Ruhama et Nehama à Jaffa.
Recevez gratuitement notre édition quotidienne par mail pour ne rien manquer du meilleur de l’info Inscription gratuite !
Les consignes données aux participants étaient de proposer des idées respectant le passé moderniste, intelligentes sur le plan environnemental et susceptibles de contribuer au maintien d’une population diversifiée.
L’ingénieur municipal de Tel Aviv-Jaffa, Udi Carmely, juge du concours, a déclaré au Times of Israel que « la plupart des conflits auxquels nous sommes confrontés au quotidien portent sur ce qui est bon ou mauvais pour l’avenir de la ville. Il y a une tension constante entre le développement et la conservation ».
La ville blanche de Tel-Aviv est un site du patrimoine mondial de l’UNESCO, classé en 2003 et décrit comme résumant « les idées novatrices en matière d’urbanisme de la première partie du 20e siècle » dans sa « représentation de certaines des tendances les plus significatives du mouvement moderne en architecture, tel qu’il s’est développé en Europe ».
Si un classement au patrimoine mondial de l’UNESCO peut favoriser le tourisme et les investissements dans un lieu, il comporte également une contrainte quant à son développement, les urbanistes devant conserver les sites classés tout en se souciant du développement de l’environnement urbain.
Dimanche, un jury composé d’architectes internationaux et de représentants de la municipalité a annoncé les lauréats du concours dans deux filières – architecte et étudiant – dont les concepts combinaient construction en hauteur, durabilité, cohabitation et espaces publics partagés.
Le premier prix de la catégorie « architecture » a été partagé entre une équipe de Corée du Sud et un architecte allemand.
Le projet coréen consistait en une structure en bois qui semblait flotter au-dessus du bâtiment original de la rue Ruhama à Jaffa. La structure comprenait une zone tampon – un étage ouvert pour l’espace communautaire afin d’encourager les gens à se mélanger, qui faisait également office de canal de ventilation à travers toute la structure. La seconde ‘peau’ en bois de l’extension a été conçue pour apporter de l’air frais et une protection contre le soleil. Les étages supérieurs comprenaient un espace de vie partagé constitué de cuisines et de salons pouvant être utilisés par plusieurs appartements privés, réduisant ainsi la taille et les coûts des appartements individuels. Le projet prévoyait un espace public à côté des unités résidentielles et des zones communes. La structure était modulaire pour faciliter l’assemblage et utilisait également des matériaux plus légers pour limiter l’impact sur le bâtiment en dessous.
Le projet allemand, en béton, est construit sur un bâtiment moderniste existant de la rue Sgula, à proximité de la rue Ruhama à Jaffa, mais sans s’y superposer directement. La nouvelle structure est soutenue par des piliers, créant ainsi un espace de cour ombragé supplémentaire qui peut être utilisé pour accueillir des stands de nourriture ou des espaces de rencontres au niveau du sol. Un espace partagé a également été créé sur le toit afin d’encourager les résidents des appartements à se mélanger. L’extension comprend un mélange d’appartements de deux à cinq pièces.
La lauréate chez les étudiants est Gali Schechner, du Technion-Israel Institute of Technology de Haïfa, dont le projet, qui porte également le bâtiment de la rue Sgula, prévoit deux étages résidentiels et un jardin d’enfants sur le toit de l’extension. L’extension est entourée de végétation et les appartements créés sont protégés du soleil en été par des volets horizontaux ou verticaux, qui ont été conçus pour laisser entrer le soleil pendant les mois d’hiver. Schechner a également configuré un abri pour chaque appartement, intégré dans la zone intérieure du bâtiment afin de limiter les modifications de la structure originale visible depuis la rue.
Le jury a estimé que cette proposition « avait le potentiel de transformer la vision de la ville en matière d’extension de bâtiments. »
Le deuxième prix, également attribué à un étudiant du Technion, Shadan Jayousi, proposait une serre communautaire urbaine construite en couches ascendantes à côté de nouveaux appartements, afin d’encourager la culture dans l’environnement urbain. Un balcon public supplémentaire au bas de l’extension était destiné à offrir plus d’espace public et à fonctionner comme un marché local.
Les participants étaient encouragés à faire preuve de créativité plutôt que de se conformer aux codes de construction. Si les prix étaient de nature financière, l’implication des dirigeants municipaux de Tel Aviv et des architectes israéliens qui travaillent de manière extensive dans le secteur urbain, indique qu’il existe un intérêt et un engagement potentiels à utiliser les idées du concours pour le développement futur de la ville.
Sharon Golan Yoran, architecte, organisatrice du concours et directrice du centre d’architecture Liebling Haus de Tel Aviv, a expliqué au Times of Israel que « la ville est définie par ses lignes horizontales. Lorsque vous commencez à ajouter des bâtiments, vous les interrompez. Les extensions peuvent paraître lourdes et il ne faudrait pas non plus qu’elles se limitent à tenter d’imiter le design du bâtiment original. »
Les juges du concours Layer 2.0 « étaient à la recherche de projets respectant l’objet historique sur lequel ils reposent, mais aussi traitant de questions sociales et climatiques contemporaines, et qui seraient innovants, expérimentaux et réalisables », a déclaré M. Yoran.
« Il est très difficile de rajouter des extensions à des immeubles. Simplement imiter le bâtiment d’origine est contraire à l’éthique. Et tous les bâtiments laissent derrière eux un héritage. Je sais que la ville est impatiente de voir jusqu’où certaines des idées pourront être utilisées à l’avenir », a ajouté Yoran.
Jeremie Hoffmann, responsable de la conservation pour la municipalité de Tel Aviv-Jaffa, a déclaré : « Nous devons réfléchir à des notions d’architecture à long terme comme une deuxième couche de l’histoire de la ville. Nous aimerions ouvrir ce discours à de nouvelles idées et de nouveaux concepts, et utiliser les résultats de ce concours comme un outil qui nous permettra de continuer à réfléchir à ces questions et peut-être de changer de direction. »
Tel Aviv a déjà fait part de son intention de remplir certains quartiers de la ville de gratte-ciel. Elle reconnaît la nécessité de préserver l’atmosphère des parties les plus anciennes de la ville tout en répondant à la demande de logements. Toutefois, on craint que la modernisation des vieilles propriétés ne fasse qu’augmenter les prix à l’achat et à la location, ce qui risque de faire fuir les communautés diverses qui ont toujours caractérisé Tel Aviv.
Une des solutions envisagées pour résoudre ce problème consiste à n’autoriser qu’un nombre limité d’étages supplémentaires sur les bâtiments existants. Le programme national TAMA 38 va dans ce sens, car il permet aux promoteurs de construire et de vendre des étages supplémentaires sur des bâtiments existants tout en améliorant le tissu et les équipements de la propriété existante.
En raison des défis architecturaux particuliers de Tel Aviv, le programme a été et continue d’être extrêmement populaire dans cette ville. Mais il crée ce que les experts appellent une deuxième couche dans la ville, un ensemble de nouvelles constructions superposées à la base originale de la ville. L’objectif du concours était de réfléchir à ce à quoi cela pourrait ressembler et à la manière dont les nouveaux bâtiments pourraient être liés à la ville originale.
... alors c’est le moment d'agir. Le Times of Israel est attaché à l’existence d’un Israël juif et démocratique, et le journalisme indépendant est l’une des meilleures garanties de ces valeurs démocratiques. Si, pour vous aussi, ces valeurs ont de l’importance, alors aidez-nous en rejoignant la communauté du Times of Israël.
Nous sommes ravis que vous ayez lu X articles du Times of Israël le mois dernier.
C'est pour cette raison que nous avons créé le Times of Israel, il y a de cela onze ans (neuf ans pour la version française) : offrir à des lecteurs avertis comme vous une information unique sur Israël et le monde juif.
Nous avons aujourd’hui une faveur à vous demander. Contrairement à d'autres organes de presse, notre site Internet est accessible à tous. Mais le travail de journalisme que nous faisons a un prix, aussi nous demandons aux lecteurs attachés à notre travail de nous soutenir en rejoignant la communauté du ToI.
Avec le montant de votre choix, vous pouvez nous aider à fournir un journalisme de qualité tout en bénéficiant d’une lecture du Times of Israël sans publicités.
Merci à vous,
David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel