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Des archives néerlandaises concernant 300 000 collaborateurs nazis ouvriront en 2025

Dans un pays notoirement lent à accepter la responsabilité de ses erreurs, une discussion sur la collaboration pourrait bientôt avoir lieu au grand jour

Des troupes nazies devant la place Bijenkorf, à Amsterdam, en 1941. (Crédit : Domaine public)
Des troupes nazies devant la place Bijenkorf, à Amsterdam, en 1941. (Crédit : Domaine public)

JTA – Le gouvernement néerlandais envisage de rendre publiques les informations concernant 300 000 personnes ayant fait l’objet d’une enquête pour leur collaboration avec les nazis, ce qui pourrait accélérer la remise en question du bilan de la Shoah aux Pays-Bas.

Au cours des soixante-dix dernières années, seuls les chercheurs et les proches des personnes accusées d’avoir collaboré avec les nazis ont pu accéder aux archives néerlandaises. Mais une loi protégeant ces informations devrait expirer en 2025.

En février, The War in Court, un consortium néerlandais voué à la préservation de l’histoire, a annoncé qu’il mettrait les dossiers en ligne à l’expiration de la loi sur la protection de la vie privée. Cette semaine, un article du New York Times a attiré l’attention sur les espoirs et les inquiétudes des Néerlandais qui ont une idée de ce que renferme ce vaste registre d’archives.

« Il s’agit d’archives sensibles », a déclaré Edwin Klijn, chef de projet de The War in Cort, au New York Times.

« Pendant de nombreuses années, le thème de la collaboration a été une sorte de tabou », a-t-il ajouté. « Nous ne parlons pas beaucoup de collaboration, mais 80 années se sont écoulées et il est temps pour nous d’affronter cette partie sombre de la guerre. »

Les Pays-Bas comptent le deuxième plus grand nombre de sauveurs de Juifs attestés, mais ils comptaient également de nombreux collaborateurs qui, aidés par la topographie et la proximité des Pays-Bas avec l’Allemagne, ont aidé les nazis à atteindre le taux de mortalité le plus élevé parmi les Juifs dans toute l’Europe occidentale occupée par les nazis. Sur 140 000 Juifs hollandais, plus de 100 000 ont été assassinés. Comme cela a probablement été le cas pour la victime la plus célèbre des nazis aux Pays-Bas, l’adolescente Anne Frank, beaucoup ont été abandonnés par leurs voisins et connaissances.

Le gouvernement néerlandais a enquêté sur 300 000 personnes accusées d’avoir collaboré avec les nazis et plus de 65 000 d’entre elles ont été jugées par un système judiciaire spécial dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Mais ce n’est qu’en 2020 que le gouvernement néerlandais s’est excusé de ne pas avoir protégé les Juifs pendant la Shoah, longtemps après d’autres dirigeants européens et après que des Juifs locaux eurent demandé des excuses ; jusqu’à l’année dernière, un parc de la ville portait le nom d’un maire qui avait remis des Juifs aux nazis.

La première rafle de Juifs par les nazis à Amsterdam, près de la synagogue portugaise, en 1941. (Crédit : Domaine public)

Les archives, dont l’ouverture est prévue en 2025, offriront un large accès aux dossiers des enquêtes d’après-guerre, que les chercheurs qui les ont consulté ont qualifiés de « détaillés » – et qui pourraient également contenir de fausses accusations faites à une époque marquée par des bouleversements.

Les 32 millions de documents contenus dans les archives s’étendent sur près de trois kilomètres et demi et comprennent des témoignages, des cartes de membre du mouvement national-socialiste néerlandais, des journaux intimes, des demandes de grâce et des photos. Actuellement, les archives reçoivent entre 5 000 et 6 000 demandes par an et ne peuvent en accueillir davantage.

Les documents seront numérisés afin de permettre des recherches par mots-clés ou par noms. « Vous pourrez taper le nom d’une victime et découvrir qui a été accusé de l’avoir trahie », a déclaré Klijn.

Il s’agira de la deuxième grande opération de numérisation d’un fonds documentaire sur la Shoah aux Pays-Bas, où une machine de collaboration efficace a permis d’obtenir des documents détaillés. En 2021, la Croix-Rouge a transféré au Quartier culturel juif d’Amsterdam – qui regroupe plusieurs institutions juives, dont le Musée national de la Shoah des Pays-Bas – la propriété de ses archives de cartes personnelles, un dépôt de près de 160 000 cartes d’identité contenant des informations personnelles sur les Juifs néerlandais, conservées par le Jewish Council of Amsterdam, un organisme créé par les nazis pour gouverner la communauté avant son extermination. Le musée rouvrira ses portes aux visiteurs l’année prochaine, mais il a déjà rendu les cartes accessibles en ligne.

Paul Shapiro, directeur du bureau des Affaires internationales du musée américain du mémorial de la Shoah à Washington, a déclaré au New York Times que la nouvelle base de données néerlandaise était inhabituelle – et importante – en raison de la facilité d’accès prévue.

« Les crimes génocidaires laissent un très long héritage derrière eux », a déclaré Shapiro. « Pour le meilleur ou pour le pire, la seule façon de résoudre certains de ces problèmes est d’avoir les yeux grands ouverts, de regarder le passé et d’accepter ce que l’histoire a réellement été. L’un des moyens d’y parvenir est d’examiner les traces écrites dans les archives. »

En 2020, le Vatican a dévoilé ses archives de la Seconde Guerre mondiale, partageant 2 700 dossiers qui ont révélé des détails sur les relations du pape Pie XII avec l’Allemagne nazie. Ces dossiers montrent que le Vatican s’est opposé aux efforts visant à réunir les orphelins juifs avec leurs parents et a également exhorté le pape à ne pas protester contre la déportation des Juifs italiens.

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