Des artistes de Haïfa exposent à Cuba, alors que le Vieux continent les boycotte
Les célèbres artistes Belu-Simion Fainaru et Avital Bar-Shay participent à la Biennale de La Havane
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

C’est en qualité de commissaires d’exposition israéliens que Belu-Simion Fainaru et Avital Bar-Shay exposent actuellement des œuvres d’art israéliennes à la Biennale internationale de La Havane, à Cuba, alors même que les deux pays n’entretiennent pas de relations officielles.
« Ce n’est pas facile », a déclaré Fainaru, sculpteur et maître de conférences à l’Université de Haïfa.
Fainaru et Bar-Shay sont les créateurs de la Biennale méditerranéenne, exposition d’art qui se tient généralement dans le nord d’Israël.
La Biennale de La Havane, dont c’est cette année est le 40e anniversaire, est l’une des plus anciennes biennales au monde, explique Fainaru, très différente, dans son ambiance, de celles organisées en Europe.
« C’est nettement plus convivial ; on voit des œuvres qui ne sont pas uniquement en provenance du monde occidental », ajoute-t-il.
C’est aussi plus communautaire, précise-t-il, avec des œuvres exposées un peu partout dans la ville et l’entrée est gratuite, pour la rendre plus accessible.
« C’est quelque chose de résolument urbain », estime Fainaru. « On déambule dans la ville et on découvre des œuvres d’art. »

Fainaru et Bar-Shay sont les seuls artistes israéliens de la Biennale de La Havane, avec une exposition dont ils sont les organisateurs et qui réunit des œuvres d’art – les leurs ainsi que celles d’autres artistes israéliens -.
Fainaru était en contact avec les organisateurs avant l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre 2023, soit avant que le monde de l’art, partout dans le monde, ne mette au ban de nombreux artistes israéliens.
« Après le 7, je leur ai dit que j’étais à Haïfa : ils me demandaient ce qui se passait », explique Fainaru. « Nous ne sommes pas rentrés dans des considérations politiques. Parfois, ils évoquaient les négociations en vue d’un accord, la recherche d’une forme de paix. »

Compte tenu de la politique cubaine, Fainaru n’aurait pas été surpris être désinvité. Mais il semble que les organisateurs soient nettement moins sensibles aux questions politiques que le gouvernement.
« L’Europe, le continent occidental libre, est beaucoup moins ouvert aux artistes israéliens », regrette-t-il. « Ils n’exposent pas d’oeuvres israéliennes alors même que l’on se connaît tous, personnellement : il est aujourd’hui très difficile pour un Israélien de participer à des événements artistiques en Europe. »
Fainaru et Bar-Shay, qui se sont rendus à La Havane en novembre dernier pour installer les œuvres, sont de retour ce mois-ci.

Les notices des œuvres ne disent pas explicitement qu’elles sont le fait d’artistes israéliens, sans pour autant cacher leur identité, assure Fainaru.
« Je pense qu’il est important d’être présent en tant qu’Israélien », conclut-il, « pour faire entendre notre voix ».