Israël en guerre - Jour 426

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Des bénévoles ZAKA du 7 octobre pansent leurs bleus à l’âme

De nombreux volontaires, pour la plupart haredim, ont eu du mal à tourner la page après avoir été témoins des atrocités commises par le Hamas

Des volontaires de ZAKA, un groupe unique de sauvetage et de récupération dont le travail consiste à collecter les restes des morts pour les enterrer conformément à la loi religieuse juive, guidés par des thérapeutes alors qu'ils prennent un bain de glace au cours d'une session d'activité organisée visant à traiter le traumatisme du pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023, à Nes Harim, près de Jérusalem, le 17 novembre 2024. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)
Des volontaires de ZAKA, un groupe unique de sauvetage et de récupération dont le travail consiste à collecter les restes des morts pour les enterrer conformément à la loi religieuse juive, guidés par des thérapeutes alors qu'ils prennent un bain de glace au cours d'une session d'activité organisée visant à traiter le traumatisme du pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023, à Nes Harim, près de Jérusalem, le 17 novembre 2024. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)

De loin, ils ont l’air de se détendre. Assis autour d’un feu de joie dans les collines de Jérusalem, l’un d’eux gratte une guitare et les autres chantent en chœur : ensemble, ces volontaires israéliens essaient d’oublier les horreurs du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël.

Entre chaque morceau, les rires et les blagues fusent. Puis la musique se tait et chacun reçoit un crayon et un bout de papier sur lequel la psychologue Vered Atzmon Meshulam leur demande de consigner leurs idées noires, une pensée qui leur pèse, avant de les jeter dans le brasier.

Ce cérémonial, tradition généralement observée avant Yom Kippour, s’inscrit dans une retraite thérapeutique de deux jours pour les volontaires de ZAKA, une organisation unique en son genre, chargée de secourir mais aussi de collecter les restes des morts.

Tout, y compris le sang, doit être récupéré pour qu’un enterrement soit conforme aux rites religieux juifs.

Le 7 octobre 2023, ces hommes, juifs ultra-orthodoxes pour la plupart, ont été parmi les premiers à arriver sur les lieux du pogrom perpétré par le Hamas dans le sud d’Israël.

Un volontaire de ZAKA, un groupe unique de sauvetage et de récupération dont le travail consiste à collecter les restes des morts pour les enterrer conformément à la loi religieuse juive, guidé par des thérapeutes alors qu’il prend un bain de glace au cours d’une session d’activité organisée visant à traiter le traumatisme du pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023, à Nes Harim, près de Jérusalem, le 17 novembre 2024. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)

L’ampleur du massacre et sa brutalité sans précédent ont laissé des cicatrices durables. Aujourd’hui, c’est à leur tour d’être aidés.

Bien que leurs vies continuent, les scènes d’horreur sont gravées dans leurs esprits.

« J’étais dans un très sale état mental, je ne pouvais plus dormir la nuit, je m’allongeais sur le sol et j’avais toutes sortes de symptômes bizarres », confie à l’AFP Oz Avizov, bénévole chez ZAKA depuis plus de 15 ans.

Après plusieurs jours passés dans le sud d’Israël dans le sillage du 7 octobre, il lui a fallu des mois pour se rendre compte que son comportement n’était pas normal.

Des volontaires de ZAKA, un groupe unique de sauvetage et de récupération dont le travail consiste à collecter les restes des morts pour les enterrer conformément à la loi religieuse juive, participant à une session d’activités organisées visant à traiter le traumatisme du pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023, à Nes Harim, près de Jérusalem, le 17 novembre 2024. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)

Un passage chez le psychologue pour évoquer ses expériences, y compris les heures angoissantes caché dans une canalisation d’égout tandis que des terroristes du Hamas semaient la terreur à proximité, « m’a aidé à me réveiller et à sortir de la torpeur ».

C’est alors que cet homme de 48 ans a réalisé que d’autres volontaires avaient peut-être aussi besoin d’aide. Et il a poussé pour que le premier programme thérapeutique soit créé au sein de l’organisation.

« Bains de glace »

Spécialisée dans les traumatismes, Atzmon Meshulam anime ces séances cathartiques à la fois pour le corps et l’esprit, à base, par exemple, d’exercices vocaux et de bains de glace pour abaisser le niveau de stress et renforcer la résilience.

En simple maillot de bain, les volontaires s’immergent dans des baignoires métalliques remplies d’eau froide et de blocs de glace, grimaçant de peine. De bons samaritains leur tiennent la main et leur susurrent à l’oreille.

Créée en 1995, dans la foulée des premiers attentats suicides palestiniens en Israël, ZAKA – acronyme hébreu pour « identification des victimes de désastre » – repose sur les dons et compte plus de 3 000 volontaires civils prêts à intervenir dans tout le pays en cas de désastre ou d’accident.

Pendant plus de 30 ans, explique son chef Dubi Weissenstern, la question de venir en aide aux volontaires, témoins des scènes les plus horribles, est largement restée sous le radar.

« Avant, j’étais opposé à ces ateliers, je pensais qu’ils endolorissaient les âmes », dit-il.

Un volontaire de ZAKA, un groupe unique de sauvetage et de récupération dont le travail consiste à collecter les restes des morts pour les enterrer conformément à la loi religieuse juive, guidé par des thérapeutes alors qu’il prend un bain de glace au cours d’une session d’activité organisée visant à traiter le traumatisme du pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2023, à Nes Harim, près de Jérusalem, le 17 novembre 2024. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)

Mais il affirme trouver lui-même du réconfort dans cette camaraderie de ces sessions qui ont vu le jour au début de l’année.

D’autres suivront en 2025, selon lui.

« Je n’arrive pas à expliquer ce qui s’est passé ici, mais quand je viens, je repars et je suis une autre personne », confie-t-il. « Je suis heureux d’être venu, ça m’a guéri l’âme. »

Souvenirs ineffaçables

Des volontaires de ZAKA entourant des victimes du pogrom du Hamas du 7 octobre 2023 à proximité de la bande de Gaza. (Crédit : Zohar Shpak/ZAKA)

Cheffe d’une nouvelle unité axée sur la résilience, Atzmon Meshulam admet que traiter de tels traumatismes est un processus de longue haleine.

« Les événements auxquels [les bénévoles] ont été exposés étaient d’une ampleur sans précédent. Je ne pense pas qu’il ait été possible de se préparer à une telle cruauté de masse », dit-elle.

Ils « ont été exposés à des corps maltraités, agressés sexuellement », ajoute-t-elle.

« Il y a des souvenirs qu’on ne pourra jamais effacer. »

ZAKA perçoit sa tâche comme une des plus belles mitzvot qui soit car ses bénéficiaires ne pourront jamais rendre la pareille.

Pour Atzmon Meshulam, qui est entrée en contact avec ZAKA alors qu’elle travaillait avec les familles endeuillées par le 7 octobre, cette retraite thérapeutique est une forme de remerciement.

Ça « leur dit : ‘vous pouvez veiller sur le peuple d’Israël, et l’on veillera sur vous pour que vous puissiez continuer ce travail important et sacré' ».

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