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Des chants négationnistes et racistes lors d’un tournoi sportif à Sciences Po

"Et 1, et 2, et IIIe Reich ! Et 4, et 5 et 6 millions ! Et 7 et 8 et prouvez-le !", ont notamment scandé des étudiants strasbourgeois

Les locaux de l'Institut d’études politiques de Strasbourg, au sein de l'Ensemble Saint Georges, avenue de la Forêt noire (1988-2019). (Crédit photo : Domaine public)
Les locaux de l'Institut d’études politiques de Strasbourg, au sein de l'Ensemble Saint Georges, avenue de la Forêt noire (1988-2019). (Crédit photo : Domaine public)

Le 15 avril dernier, le site Rue89 Strasbourg révélait que des chants négationnistes, racistes et sexistes avaient été entonnés lors d’un tournoi sportif entre différents Instituts d’études politiques français organisé du 29 au 31 mars dernier, à Paris.

Les propos « Et 1, et 2, et IIIe Reich ! Et 4, et 5 et 6 millions ! Et 7 et 8 et prouvez-le ! » auraient notamment été proférés par des étudiants de la délégation strasbourgeoise, selon la page Facebook « Paye ton IEP ».

Le 11 avril, la direction de Sciences Po Strasbourg a affirmé dans une lettre adressée aux étudiants son intention de sanctionner les coupables.

« Il est évident que l’Institut n’a jamais cautionné de tels actes. C’est complètement contraire à ce que nous enseignons et ce en quoi nous croyons », a réagit Gabriel Eckert, directeur de l’IEP de Strasbourg.

« Je transmettrai ces témoignages à la fois au président de l’Université en vue de procédures disciplinaires et au parquet pour que soient engagées des poursuites pénales. Il faut que ces pratiques cessent », a-t-il ajouté.

Pour Rue89 Strasbourg, un étudiant expliquait : « Comme l’IEP de Strasbourg est associé à l’Allemagne, il y a une espèce de tradition. Ce genre de chants, je ne les ai pas entendus ailleurs. Moi non plus je vois pas trop à quoi ça sert. C’est compliqué à expliquer, comme toute forme de folklore. Il y a un peu cette idée de ‘Vous pensez qu’on est allemand, ben on s’en fout ça nous fait même rire’. Et puis il y a un effet de groupe. Le Crit [le tournoi sportif], c’est quelque chose de festif. Tout ce qui se passe au Crit, c’est un espèce de microcosme. »

« Ce n’était pas du matin au soir mais oui, il y a eu des chants négationnistes, oui il y a eu des chants racistes, et ce n’était pas le fait de trois personnes », a expliqué un autre étudiant au journal régional Les Dernières Nouvelles d’Alsace. « C’est lancé par quelqu’un et repris collectivement. »

Parmi les autres propos dénoncés par la page « Paye ton IEP » prononcés lors de l’évènement sportif : « Moi j’aime le Rwanda car il y a des enfants soldats et que les enfants soldats c’est bon surtout quand c’est les Noirs qui le font ! » ou encore « Et les poms poms c’est des salopes ! ».

Sur son site Internet, le CRIF a expliqué avoir adressé une lettre au directeur de l’IEP de Strasbourg. « Le délégué du Crif Alsace Pierre Haas estime qu’une réaction éventuelle doit se tourner peut-être vers quelque chose de plus pédagogique pour le groupe de suiveurs », indique l’organisation.

« Nous le voyons encore avec cet exemple : l’enseignement supérieur n’échappe pas au fléau de l’antisémitisme. Ces derniers mois, plusieurs événements inquiétants avaient mis en émoi le monde universitaire. Début mars 2019, dix présidents d’universités du Grand Est et des Hauts-de-France avaient cosigné un texte fort sur ‘l’antisémitisme [qui] s’insinue sournoisement dans nos espaces publics et défigure ainsi notre démocratie soumise à des tensions inquiétantes’ », indique le site.

Il faut « sortir de l’incantation, pour mettre en place de véritables
mesures », a appelé Francis Kalifat, président du Crif. « Il faut annoncer des actes forts et nous réclamons à cet égard une très grande fermeté. L’antisémitisme n’a pas sa place à l’université », a-t-il ajouté.

Le CRIF explique également avoir remis le 17 avril un courrier à la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, afin d’attirer son attention « sur la gravité des faits qui se jouent dans l’espace des universités ».

« Si dans le domaine de la prévention, l’action est au long cours, il nous faut aujourd’hui impulser une dynamique nouvelle afin que l’université ne devienne pas le lieu où se développent le racisme, l’antisémitisme et le négationnisme, en toute impunité », expliquait la lettre.

En France, 541 actes antisémites ont été recensés en 2018 contre 311 l’année précédente – soit une hausse de 74 % –, selon un rapport publié par le ministère de l’Intérieur en février dernier.

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